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Risque de guerre en Ukraine : près de 8.000 étudiants marocains sur le gril

Le spectre d'une guerre en Ukraine va croissant. Un scénario qui plonge dans l’angoisse et l’incertitude des milliers de Marocains ayant choisi de faire leurs études dans ce pays et qui ne savent plus s'ils doivent rentrer au Maroc, au risque de mettre fin brusquement à un parcours de plusieurs années, ou rester sur place, au risque d’être pris dans l’engrenage d’une guerre dont la survenue se précise de jour en jour. Sur les réseaux sociaux, l’effervescence est palpable. Selon les personnes que nous avons pu interroger, le manque de visibilité ajoute à l’inquiétude qui grandit au gré des informations relayées par les agences de presse sur la tension sur le terrain. Pour beaucoup d’étudiants, il y aurait déjà insuffisance de billets d'avion. Riches d’une longue tradition d’accueil des étudiants étrangers, les universités et grandes écoles ukrainiennes attirent depuis des années de nombreux étudiants marocains. Sur les 75.000 étudiants étrangers en Ukraine (chiffres de 2019), le nombre des Marocains avoisine les 8.000. Ils représentent la deuxième communauté estudiantine étrangère et la première communauté provenant d'Afrique et du monde arabe.

Risque de guerre en Ukraine : près de 8.000 étudiants marocains sur le gril

L'ambassade du Maroc à Kiev recommande aux citoyens marocains en Ukraine de quitter ce pays pour leur propre sécurité à travers les vols commerciaux disponibles. Un appel qui rejoint bien d'autres émanant des représentations diplomatiques de nombreux pays depuis quelques jours. Cette recommandation rejoint également les demandes exprimées par une partie des ressortissants marocains présents en Ukraine et leurs familles au Maroc, qui avaient fait part de leur volonté de retourner au Maroc quand les frontières étaient fermées, par précaution contre la propagation du variant Omicron.

Paniquer... ou pas ?

Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé samedi les avertissements américains faisant craindre une attaque imminente de la Russie contre l'Ukraine, affirmant que ces avertissements «provoquent la panique et n'aident pas les Ukrainiens». Le Kremlin a pour sa part dénoncé une «hystérie à son apogée» en réponse aux affirmations américaines évoquant une invasion du territoire ukrainien par la Russie avant la fin des Jeux olympiques d'hiver de Pékin, le 20 février. Ces déclarations faites par les officiels des deux pays concernés directement par cette crise portent à croire que l’éventualité d’un conflit armé est peu probable. Une partie de la communauté marocaine en Ukraine, principalement des étudiants, partage cette opinion, à en croire les commentaires diffusés sur les réseaux sociaux. Nombre de ces commentaires avancent que le quotidien des étudiants et de la population en général demeure tout à fait normal et que les rapports des médias faisant état du déclenchement imminent d'une guerre ne correspondent pas à la réalité.

Mais une autre partie de la communauté marocaine, qui se trouve notamment à Kharkov, la deuxième plus importante ville d'Ukraine, située près de la frontière avec la Russie, se montre extrêmement préoccupée. Le nombre de blindés et de soldats dans la ville ne cesse d'augmenter et le climat général qui y règne fait planer sur elle le spectre de la guerre. D'ailleurs, quand les frontières étaient fermées, c'est toute une partie de la communauté marocaine qui avait revendiqué de rentrer au Maroc, de peur d'être prise au piège si la guerre venait à éclater.

Des interrogations

Les Marocains présents en Ukraine sont, comme on peut le constater, partagés entre ceux qui ne croient pas à une éventuelle guerre et ceux qui veulent retourner dans leur pays. Et quant à ces derniers, les interrogations sont nombreuses. La préoccupation récurrente porte sur le sort de leurs cursus, d'autant plus qu'il n'y a pas de communication officielle des universités ukrainiennes au sujet de cette crise et qu'aucun report des examens n'est donc envisagé. De nombreuses questions ont donc été posées pour savoir si l'ambassade du Maroc à Kiev avait été en contact avec les universités ukrainiennes pour discuter de cette question (nos tentatives pour joindre les trois numéros indiqués dans le communiqué de l'ambassade pour nous renseigner sur ce sujet sont restées vaines).

L'enjeu est donc de taille pour les étudiants marocains en Ukraine s'ils retournent au Maroc. Les années d'études et les importantes sommes d'argent investies s'envoleront-elles en fumée ? Une autre question qui revient également souvent est de savoir si des vols directs seront assurés aux Marocains qui veulent regagner leur pays, car selon les nombreuses réactions exprimées sur les réseaux sociaux et des personnes que nous avons pu interroger, il y aurait une certaine insuffisance de billets d'avion. Des compagnies aériennes, à l’instar de KLM, se mettent à annoncer la suspension de leurs vols vers l'Ukraine. Contactée par «Le Matin» pour savoir si Royal Air Maroc compte organiser des vols directs vers Kiev pour rapatrier les Marocains désireux de rentrer, une source au sein de la compagnie nationale, ayant requis l'anonymat, a souligné que rien n'a été communiqué dans ce sens pour le moment, précisant que RAM ne dessert pas Kiev et que les Marocains présents en Ukraine ont de nombreuses alternatives, telles que passer par Genève, Paris ou Dubaï.

Riches d’une longue tradition d’accueil des étudiants étrangers, les universités et grandes écoles ukrainiennes attirent depuis des années de nombreux étudiants marocains. Sur les 75.000 étudiants étrangers en Ukraine (chiffres de 2019) le nombre des Marocains avoisine les 8.000. Ils représentent la deuxième communauté estudiantine étrangère et la première communauté provenant d'Afrique et du monde arabe.

L’Ukraine compte pas moins de 200 établissements publics et privés d’enseignement supérieur organisés sous forme d'universités, d'académies, d'instituts polytechniques, pédagogiques et autres établissements spécialisés des troisième et quatrième degrés d’accréditation. Le système de l’enseignement supérieur depuis l’indépendance du pays a subi des modifications structurelles, ce qui lui a permis de développer plusieurs types de formation et de qualification, souples et adaptés aux standards d’enseignement de la plupart des pays développés, reconnus par l’Unesco, ainsi que par un grand nombre d’organismes internationaux compétents en la matière. Les étudiants étrangers font leurs études dans les établissements qui sont non seulement accrédités à un niveau approprié, mais qui possèdent aussi une licence spéciale leur octroyant le droit de travailler avec les étudiants étrangers. La qualité des cours qu’ils dispensent aux étudiants étrangers est contrôlée directement par le ministère ukrainien de l’Éducation et des sciences.

 

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