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Ryad Mezzour : Faire de la dévaluation compétitive est un «dopage malsain !»

Pour Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, adopter une politique monétaire accommodante, à l’instar de la Turquie, n’est pas un choix très indiqué. «C’est du dopage malsain !», s’exclame le responsable en référence à ce pays qui a parié sur une monnaie à bas prix pour encourager les exportations.

Ryad Mezzour : Faire de la dévaluation compétitive est un «dopage malsain !»
Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce. Ph. Sradni

«On nous compare souvent à un pays concurrent, la Turquie en l’occurrence, par rapport à l’agilité de la monnaie. C’est une politique à double tranchant : faire de la dévaluation aujourd’hui peut avoir des effets sur les exportations pendant quelques semaines ou quelques mois -six mois maximum- mais en même temps, il y aura des intrants qu’il va falloir payer plus cher, il y aura aussi une poussée inflationniste… Mais le plus grave, c’est l’insécurité qu’on va créer pour les investisseurs !», explique-t-il lors de son intervention à l’émission «L’info en face» du Groupe «Le Matin».

«Quelle sécurité, quelle stabilité et quelle visibilité peut-on donner à un investisseur qui risque de voir ses fonds perdre 35% de leur valeur en un an et 80% en 10 ans ?», s’indigne-t-il.

«Aujourd’hui, ce qu’on fait au Maroc, c’est de la croissance et de l’évolution saine. Notre base industrielle, malgré une monnaie forte aux yeux de certains, est devenue une des bases des plus compétitives au monde qu’on le veuille ou non !», martèle-t-il.

Ryad Mezzour a saisi l’occasion pour insister sur l’importance pour l’industrie marocaine d’orienter sa production vers les marchés internationaux.

«Mon message aujourd’hui aux industriels à capitaux marocains est le suivant : vous avez un marché de 36 millions de personnes, où vous avez souvent demandé des protections et des privilèges. Aujourd’hui, je vous demande d’inverser la tendance. Vous ne survivrez pas si vous n’êtes pas dimensionnés à 20% pour le marché local et 80% pour l’export !», alerte-t-il.

Réagissant à une question sur la tendance à la relocalisation observée chez les principaux clients du Maroc, l’Europe notamment, qui ne sera pas sans conséquences sur les exportations marocaines, le ministre s’est voulu rassurant.

«Aujourd’hui, produire en Europe revient 30, 40 voire 100% plus cher qu’au Maroc, y compris pour la R&D. Produire en Europe de la R&D est 2,5 fois plus cher que de la produire au Maroc. Donc, forcément, quelles que soient les barrières qu’on met, on aura des investisseurs, marocains ou étrangers, dont les produits seront exportés vers l’Europe et qui seront même exportés moins cher que ce qu’elle produit chez elle si elle ne fait pas les bons choix», soutient-il.

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