Deux jours après la fin de match chaotique au stade municipal de Berkane, la commission centrale de discipline de la Fédération Royale marocaine de football a lourdement sévi à l'encontre d'Ilyass El Haddad et de Bakr El Hilali, qui en sont venus aux mains dimanche après le coup de sifflet final. Les deux joueurs ont ainsi écopé de trois matchs fermes et 30.000 DH d'amende chacun. Le capitaine du Raja Mouhcine Moutouali, lui, a été suspendu pour deux matchs fermes et devra s'acquitter de la même amende, en raison de son geste antisportif en fin de match. Le Raja et la RSB ont aussi été mis à l'amende et devront débourser 25.000 DH chacun, suite aux agissements de leurs supporters (accès à l'aire de jeu et jet de projectiles).
Ces sanctions ont fait jaser les fans du Raja de Casablanca, qui étaient déjà remontés avant l’annonce des décisions de la commission de discipline. Les supporters du RCA avaient dénoncé des «décisions partiales» de la part de l’arbitre Nabil Berkiya et des provocations de la part des supporters et des joueurs de la Renaissance de Berkane. Mais après l’annonce des sanctions, la colère et l’irritation ont encore monté d’un cran. Désormais, les ultras et les fans du Raja évoquent explicitement le «deux poids deux mesures» de la commission de discipline, avançant des arguments difficilement réfutables. Le premier cas de figure est celui du capitaine Mouhcine Moutouali, dont le geste a été sanctionné par 2 matchs fermes et une amende. Cela dit, le défenseur du Wydad Achraf Dari avait fêté son but lors du derby aller de la saison écoulée (mars 2021) de la même manière, sans être exposé à la moindre sanction. Dari s’était même publiquement excusé d’avoir réagi de la sorte en plein match, sachant que les images étaient retransmises en direct sur Arryadia.
La DNA et la commission de discipline sur la même longueur d’onde, au grand dam du RajaLe deuxième facteur qui a attisé la colère des pro-Raja est le traitement réservé par la commission de discipline à Ilyass El Haddad et à Bakr El Hilali. Les deux joueurs ont reçu la même sanction, bien que les images filmées à Berkane démontrent clairement que le joueur de la RSB a été le premier à s’en prendre au défenseur du Raja, qui n'a fait que se défendre. Même les spécialistes de l’arbitrage national ont ajouté de l’huile sur le feu des critiques, mardi, à l’occasion de la séance hebdomadaire de la Division nationale d’arbitrage, qui s’attelle à analyser les situations de jeu et les sanctions prononcées par les arbitres en Botola D1 et D2.
L’ancien arbitre Mohamed El Guezzaz a ouvertement défendu Nabil Berkiya, notamment sa décision sur le penalty sifflé sur Abdelilah Madkour lors de la 96e minute. El Guezzaz a expliqué qu’une faute de main en surface équivaut forcément à un penalty. Toutefois, le même El Guezzaz a refusé de considérer que la faute de main d’Adama Ba dans sa surface, en première période sur un coup franc de Moutouali, est un penalty ! Même Yahya Hadqa, directeur de la DNA, a refusé de pointer Berkiya du doigt, estimant que son recours au VAR suite au but du Raja fait partie de ses prérogatives. Or l’arbitre consulte l’écran seulement en cas de doute sur un penalty ou une expulsion. C’est du moins ce que l’on constate à l’occasion de toutes les compétitions mondiales depuis le lancement du VAR.
Pour la majeure partie des supporters du Raja, tous ces bémols sont les résultats d’une problématique récurrente : celle des doubles casquettes des responsables du football national. Le président de la Ligue professionnelle dirige également un club, le patron de la FRMF a démissionné de son club, mais son nom est toujours associé à la formation qu’il présidait. Le président de la commission de programmation est aussi président de club. Ces responsables sont à la fois juges et parties. Même s’ils n’interviennent aucunement pour influencer les décisions, les suspicions continueront toujours à être alimentées et les interprétations fuseront à chaque fois qu’une sanction est prononcée. C'est peut-être là le principal mal qui ronge le football au Maroc et compromet son intégrité.