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L’enseignement au Maroc otage de la Covid et des grèves des «contractuels»

Les enseignants contractuels des Académies d'éducation et de formation réactivent leur mobilisation et prévoient de nouvelles grèves et d'autres actions d'escalade à partir d’aujourd’hui. Ils risquent ainsi de perturber davantage le secteur de l'enseignement qui souffre déjà des répercussions de la pandémie.

L’enseignement au Maroc otage de la Covid et des grèves des «contractuels»

Alors que le secteur de l'enseignement est en proie à une situation particulièrement fébrile en raison de la propagation du variant Omicron et des probabilités de fermeture des établissements scolaires, les enseignants contractuels ont, de leur côté, décidé de se mettre en grève. En effet, la Coordination nationale des enseignants «contraints à la contractualisation» a annoncé une première grève ce 13 janvier pour protester contre les poursuites judiciaires à l'encontre de certains enseignants contractuels qui comparaîtront ce mercredi devant le tribunal de première instance de Rabat.

La Coordination a également annoncé une deuxième grève du 17 au 22 janvier accompagnée de plusieurs formes de protestation (sit-ins, marches…) au niveau régional. Pourquoi en sommes-nous arrivés là, alors que le nouveau ministre Chakib Benmoussa a manifesté dès les premiers jours sa volonté de dialogue et une séance d’échange a même eu lieu avec la commission représentant la Coordination, à laquelle les parties ont convenu de prendre part sans que soient fixés au préalable des seuils limites ? La réponse nous est donnée par Abil Saâd, membre du conseil national de la Coordination et membre également de la commission ayant pris part au dialogue avec le ministère. «Lors de la réunion avec les représentants du ministère (à laquelle le ministre Benmoussa n'a pas participé), aucun signal positif ne nous a été donné sur la question centrale de l'intégration dans la fonction publique», nous dit-il.

Cette absence de signe favorable concernant cette revendication centrale a amené la Coordination, qui a tenu son conseil national les 29, 30 et 31 décembre à Rabat, à annoncer une série de mesures, dont la reprise des grèves, et d'autres encore plus conséquentes qui consisteraient à ne pas remettre les notes des contrôles d'évaluation des élèves. «À propos de cette dernière mesure, nous allons procéder à un recueil général des avis des membres de la Coordination. Si la majorité y est favorable, nous l'adopterons alors», nous indique M. Abil. Et il faut dire que si cette mesure est retenue, elle sera lourde de conséquences pour les élèves et leurs familles au premier chef. Il faut savoir également que ces enseignants contractuels ont cessé de saisir les notes des élèves dans le système informatique MASSAR, car ils estiment que cela ne relève pas de leurs attributions et que même le personnel administratif des Académies, chargé de le faire, brandit la menace de grève pour protester contre la contractualisation. Par ailleurs, la Coordination appelle également à la poursuite du boycott des séances d’accompagnement et des visites de classes des inspecteurs. Un boycott qui remonte à 2019 lorsque le ministère avait annoncé la tenue d'examens de qualification professionnelle, rejetés par les enseignants contractuels en attendant une issue définitive à leurs revendications. Il est également prévu d'aborder la mesure concernant le boycott de la proposition des sujets des épreuves, de la surveillance, ainsi que de la correction des copies des examens des cycles diplômants lors des prochaines réunions de la Coordination.

Le secrétaire général de la Fédération nationale de l'enseignement (FNE), Abderrazak El Idrissi, a déclaré au «Matin» que son syndicat soutient les enseignants contractuels au même titre que toutes les femmes et tous les hommes appartenant à la famille de l’enseignement. M. El Idrissi nous a affirmé qu'il avait demandé au ministre Benmoussa, lors de la réunion du 15 octobre avec les syndicats, de mettre fin aux poursuites judiciaires contre les enseignants contractuels, «faute de quoi, nous continuerons à tourner en rond avec ces poursuites judiciaires, car celles-ci déclenchent des protestations de solidarité de la part des autres enseignants contractuels et certains d'entre eux finissent par être arrêtés et poursuivis en justice», nous explique le syndicaliste ajoutant que les enseignants poursuivis, même en liberté provisoire, se trouvent contraints de faire le déplacement de leurs régions éloignées pour se rendre à Rabat afin d'assister à leurs procès, ce qui leur vaut des ennuis et des charges qui n'ont pas lieu d'être.

Et le SG de la FNE de poursuivre que ce dossier des enseignants contractuels doit être clos, d'autant plus qu'il ne générera aucune dépense qui pèsera sur le budget de l’État. «La masse salariale des enseignants contractuels des AREF provient de la Trésorerie générale. Mieux vaut donc les intégrer dans la fonction publique et mettre fin à ce feuilleton qui ne fait que fragiliser l'école publique marocaine déjà éprouvée par d'autres maux», conclut M. El Idrissi.

 

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