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Sommet d’Alger, Sahara marocain et relations du Maroc avec la France et la Tunisie, le décryptage de Rachid Lazrak

La rentrée diplomatique s’annonce aussi bouillonnante que les rentrées politique et sociale. Plusieurs dossiers sont sur la table de la diplomatie marocaine. À quelques jours du Sommet arabe d’Alger, la question du niveau de la participation marocaine est toujours posée. S’ajoute à cela les relations tendues avec la France et la Tunisie, sans oublier la réunion du Conseil de sécurité à propos du dossier du Sahara prévue en octobre prochain. Invité de l’émission «L’info en Face», diffusée par le groupe «Le Matin» et animée par Rachid Hallaouy, le professeur émérite de droit international Rachid Lazrak nous livre sa lecture des principaux dossiers de la rentrée.

Sommet d’Alger, Sahara marocain et relations du Maroc avec la France  et la Tunisie, le décryptage de Rachid Lazrak
Rachid Lazrak

Sommet arabe à Alger : le Maroc y sera, mais avec quel degré de représentativité !

Pour le professeur Rachid Lazrak, le Royaume prendra bien part au Sommet arabe d’Alger, si jamais il a lieu en novembre prochain. La question du degré de représentativité du Maroc à ce sommet reste toutefois posée, estime le spécialiste de droit international, qui rappelle que le Maroc a adopté une politique défendable qui consiste à éviter la politique de la chaise vide. «L’absence du Maroc arrangerait bien l’Algérie», a confirmé le professeur au micro de Rachid Hallaouy.

Revenant sur l’importance de ce sommet pour les gouvernants d’Alger, M. Lazrak a affirmé que l’Algérie voit en ce sommet une occasion pour sortir de son isolement international résultant des longues années de maladie de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika et surtout de l’implication algérienne dans le dossier du Sahara marocain. Ce sommet est aussi une occasion pour le régime algérien pour se donner une légitimité en interne et faire oublier le Hirak secouant le pays, précise M. Lazrak.

La réussite de ce sommet dépend du degré de représentativité des pays arabes. Une représentativité qui dépendra, à son tour, de la réponse d’Alger dans les prochains jours concernant plusieurs questions importantes, notamment ses relations avec le Maroc, la question iranienne, mais également ses rapports tendus avec l’Égypte, souligne le spécialiste de droit international. Il n’y a donc aucune garantie que les Chefs d’État influents de la Ligue arabe prennent part au sommet, a-t-il affirmé.

S’agissant des relations bilatérales entre le Maroc et l’Algérie, rompues par Alger, le professeur a écarté la possibilité d’une normalisation suite à une participation du Royaume au Sommet arabe. Tant que les gouvernants actuels d’Alger resteront au pouvoir, il n’y aura pas de changement de politique envers le Maroc, toujours selon M. Lazrak.

Tunisie : la crise ne doit pas aller plus loin !

Le torchon brûle toujours entre Rabat et Tunis. Une crise diplomatique sans précédent entre les deux pays a été déclenchée par «l’acte grave et inédit» du Président tunisien Kaïs Saïed recevant le chef des séparatistes du front polisario. Selon le professeur Rachid Lazrak, le Maroc a déjà exprimé clairement sa position sur cette affaire. Répondant à une question sur les développements de cette crise, le spécialiste de droit international a exclu le recours à de nouvelles mesures de la part du Maroc, notamment sur le plan économique. Par ailleurs, M. Lazrak a estimé que ce changement de position de la Tunisie ne datait pas d’aujourd’hui. Il a été senti en octobre dernier quand le représentant de la Tunisie s’était abstenu de voter la résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara, a assuré le professeur. Décrivant une situation compliquée au pays du Jasmin, le professeur a affirmé qu’en plus de l’influence algérienne, il y a aussi celle de l’Iran. Le conseiller du Président n’est autre que l’ancien ambassadeur tunisien à Téhéran, rappelle M. Lazrak.

Limitation des visas par la France : une décision maladroite qui nourrit le sentiment anti-français

Un vent glacial souffle depuis quelques mois sur les relations entre le Maroc et la France. La décision de la France de réduire l’octroi des visas au pays du Maghreb n’a rien arrangé dans cette situation. Ne cachant pas sa surprise d’une telle décision, le professeur Rachid Lazrak a qualifié cette mesure, prise par Paris, d’inopportune, de maladroite et de contreproductive. Selon M. Lazrak, la décision est inopportune dans la mesure où elle touche des citoyens des pays du Maghreb, au risque de nourrir le sentiment anti-français de plus en plus grandissant en Afrique. Elle est maladroite, car elle part d’une logique de sanction contre des pays souverains, mais également contreproductive, car elle limite l’accès au territoire français à des hommes d’affaires marocains liés par des projets avec leurs homologues français.

S’agissant du dossier du Sahara, le professeur Lazrak estime que Paris a été le premier pays à soutenir le plan d’autonomie présenté par le Maroc au niveau du Conseil de sécurité. La France continuera à soutenir le Maroc lors des réunions du Conseil. Toutefois, le partenaire historique du Maroc est appelé à adopter une position aussi avancée que celle de l’Espagne. «La France doit déclarer que le Plan d’autonomie est la seule solution envisageable pour ce conflit», a affirmé M. Lazrak, évoquant le caractère stratégique des relations entre les deux pays. Il a, par ailleurs, rappelé que la visite au Maroc, annoncée par le Président français Emmanuel Macron, interviendra fin octobre, soit directement après la réunion du Conseil de sécurité sur le sujet du Sahara.

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Réunion du Conseil de sécurité : Staffan de Mistura restera dans la ligne tracée par ses prédécesseurs

Le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra, entre les 20 et 25 octobre, une réunion à propos du Sahara marocain. Selon le professeur émérite de droit international Rachid Lazrak, cette réunion intervient après celle d’avril qui avait un caractère «technique». Elle se déroule également après la tournée de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, dans les pays concernés par ce dossier. La tournée actuelle n’a pas permis de réaliser des avancées dans ce dossier. Selon M. Lazrak, l’Algérie a exprimé sa position refusant la participation aux tables rondes. Citant la déclaration d’une porte-parole onusienne, le professeur a souligné que M. de Mistura restera, de son côté, dans la ligne tracée par ses prédécesseurs. Par ailleurs, M. Lazrak a rappelé que le Royaume demeure dans une position confortable sur ce dossier.

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