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Souveraineté industrielle : sécuriser les matières premières, un prérequis

Plus qu’un chantier ministériel, la souveraineté industrielle est désormais un objectif national. La crise l’a démontré, s’appuyer sur des sources d’approvisionnement exclusivement étrangères peut se révéler dangereux pour certains secteurs vitaux ou sensibles de l’économie. Mais avant de décider de la meilleure manière d’atteindre cette souveraineté, il est plus que primordial de se mettre d’accord sur sa définition exacte avant de passer aux stades suivants : définir les prérequis, les objectifs et les moyens de les atteindre. La quatrième édition des Industry Meeting Days, organisée vendredi par Industrie du Maroc Magazine à Tanger, a permis à chacun des participants, industriels et acteurs gouvernementaux, de partager sa vision de cette souveraineté.

Souveraineté industrielle : sécuriser les matières premières, un prérequis
Ph. Seddik


Tout le monde est d’accord sur l’importance de la souveraineté industrielle pour le Maroc. Cependant, les avis commencent à différer ou à se compléter lorsqu’il s’agit de définir, avec exactitude, ce qu’est la souveraineté ou quand il est question de lister les prérequis pour l’atteindre. La quatrième édition des Industry Meeting Days, organisée vendredi par Industrie du Maroc Magazine à Tanger, sur le thème «La souveraineté industrielle, énergétique, sanitaire et alimentaire», a été l’endroit idéal pour s’en apercevoir.

Ainsi, pour le ministère de l’Industrie, la souveraineté commence par un travail de substitution des exportations qui pèsent le plus sur la balance commerciale par de la production nationale. Ce chantier, qui a démarré du temps de Moulay Hafid Elalamy, avait permis de mettre en place une banque de projets prioritaires. Ryad Mezzour, son successeur à la fonction de ministre de l’Industrie et du commerce, présent lors de l’édition de cette année, cite près de 900 projets en cours de traitement dans ce registre. Cependant, si ce travail permettra de faire l’impasse sur certaines importations, il ne signifie pas que le Maroc va tourner le dos aux marchés internationaux. Bien au contraire. «Il ne faut pas confondre souveraineté et suffisance», a-t-il mis en garde. De son côté, Youness Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique et de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, est convaincu que la souveraineté industrielle est un prérequis pour la paix sociale. À ce propos, le ministre a révélé une réflexion en cours sur le Code du travail pour réformer les contrats des ressources humaines et a promis, bientôt, «des accords avec les syndicats».

Omar Moro, président du Conseil de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, lui, a annoncé plusieurs projets dont l’Agropole de Larache et la création d’un Fonds régional de développement doté d’une enveloppe de 1 milliard de DH. Un signe de la dynamique que connaît la région et des opportunités qu’elle offre aux industriels souhaitant s’inscrire dans cette dynamique de souveraineté industrielle. Cette souveraineté, souligne Mohamed Bachiri, directeur général de Renault Maroc, passe aussi par l’eau. La disponibilité, la bonne gestion et le recyclage de cette matière première sont importants dans toutes les industries, spécialement agroalimentaires. Pour sa part, Sanaa Lahlou, représentante permanente de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), a insisté sur la nécessité de regagner la souveraineté industrielle, pour préparer les nations aux différents chocs exogènes. «Cette souveraineté industrielle doit être construite autour d’une nouvelle normalité industrielle, construite autour des Objectifs de développement durable (ODD)», a-t-elle recommandé.

Le Royaume peut être la base industrielle la plus compétitive de la région

Chacun des intervenants voit, donc, la souveraineté industrielle avec son propre paradigme. Ils sont néanmoins tous d’accord que c’est un chantier qu’il faut prendre très au sérieux. À commencer par le ministère de tutelle qui a mis en place une «Task Force» dédiée au programme de substitution. «Nous recevons les projets. Une équipe travaille sur la recevabilité des projets que nous recevons et les oriente vers la station qui va accélérer leur concrétisation. Nous avons reçu 981 projets dont 906 ont été recevables à date. Quelque 70% d’entre eux ont déjà leur foncier et avancent parfaitement bien», révèle Kenza El Alaoui, directrice des industries de l'automobile au ministère de l'Industrie, du commerce et de l'économie verte et numérique. Pour cette responsable, le Royaume peut être la base industrielle la plus compétitive de la région. Les tests l’ont prouvé. Et nous avons détecté les 3 piliers pour réussir : l’énergie (électrique, qui sera renouvelable, à des coûts intéressants), le gaz, et l’intégration locale. Justement, l’énergie, en plus d’être un levier de compétitivité, est un facteur de souveraineté, selon Ismail Akalay, président de l'Association des sidérurgistes du Maroc. «À Sonasid, par exemple, l’énergie éolienne alimente 85% de la production d’acier. Mais nous avons besoin du gaz pour remplacer, en grande partie, le fuel qui pèse lourd dans notre business», révèle Akalay, par ailleurs, PDG de la Sonasid.

Le taux d’intégration n’est pas le seul facteur déterminant la souveraineté industrielle

Dans l’aéronautique, en revanche, on préfère parler de taux d’intégration comme élément déterminant de la souveraineté industrielle. À cela s’ajoute la nécessité, selon Karim Cheikh, président du Groupement des industries marocaines de l'aéronautique et du spatial (GIMAS), de s’engager dans la décarbonation. Faut-il pour autant privilégier uniquement l’intégration comme seul levier pour parler de souveraineté ? Pour Abdelhakim Abdelmoumen, président de l'Association marocaine pour l'industrie et la construction automobile (AMICA), c’est un non catégorique. «Notre secteur connaît des mutations technologiques continues qui impactent nos produits finis. On parle aujourd’hui de nouvelle mobilité décarbonée, propre et autonome. En même temps, nous devons travailler sur nos facteurs de compétitivité», explique-t-il. Comment ? «Nous sommes évidemment obligés de continuer le processus de croissance du taux d’intégration pour atteindre les 80% dans notre secteur, mais aussi le rendre plus compétitif en relocalisant les matières premières, ce qui de facto participe au projet de décarbonation. Certes, c’est une obligation, pas un choix. Mais c’est également une opportunité», souligne Abdelmoumen.


 

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