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Le nouveau statut des enseignants-chercheurs divise le ministère et le syndicat

Le secteur de l’enseignement supérieur est en ébullition. L’un de ses principaux syndicats s’insurge contre l’opacité qui entoure l'élaboration du nouveau statut des enseignants-chercheurs et les textes réglementaires y afférents. Jeudi dernier, un sit-in a été organisé devant le siège du ministère de tutelle comme prélude à une série de mesures d'escalade, au cas où le département de Abdellatif Miraoui «refuserait de rompre avec sa politique d'atermoiement et de mutisme».

Le nouveau statut des enseignants-chercheurs divise le ministère et le syndicat

Le Syndicat marocain de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SMASUP) passe à l’offensive. Jeudi 8 décembre, les enseignants-chercheurs ont été nombreux à répondre à l'appel du SMASUP pour tenir un sit-in devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation, pour protester contre «la politique de black-out, d'ambiguïté et de complicité» qui prévaut autour des projets de réforme de l'actuel ministre, Abdellatif Miraoui. «Pour avoir une idée concrète de ce contre quoi nous protestons aujourd'hui, il convient de revenir en arrière, depuis que le ministère a initié le processus de révision du statut des enseignants-chercheurs», nous explique le vice-secrétaire national du SMASUP, Hamed Abchir.

Que demandent les syndicats de l'enseignement supérieur 

«En effet, le département de tutelle avait consenti au cours de l'année universitaire 2020-2021 à entamer le dialogue autour du dossier de la révision du statut des enseignants-chercheurs et à augmenter leurs salaires. Une commission mixte entre le ministère et le SMASUP, qui a été créée par la suite, a travaillé sur le nouveau statut qui a été présenté par le ministère», indique M. Abchir. «Mais les travaux de cette commission technique mixte seront gelés après la nomination de l'actuel ministre qui n'a reçu le bureau national du SMASUP que le 24 décembre 2021 pour une rencontre préliminaire de prise de contact, au cours de laquelle il a promis de réinviter le bureau national du SMASUP en janvier 2022 pour lui présenter sa feuille de route tout en s'engageant à poursuivre le travail sur le dossier des enseignants-chercheurs», poursuit le responsable syndical.

Or, souligne M. Abchir, «et en dépit des correspondances répétées, le ministre n'a pas tenu sa promesse et a opté pour l'atermoiement et la procrastination». Face à cette situation, «le syndicat a été contraint de faire part de sa protestation via de nombreux communiqués, grèves et sit-in, notamment celui du 12 mai 2022 auquel ont participé plus de 500 enseignants-chercheurs venant de toutes les universités marocaines et la grève nationale des 6, 7 et 8 juin 2023».

Suite à ces protestations, «le ministre a invité le SMASUP à une réunion le 24 juin dernier et a affirmé que le gouvernement entendait bien interagir positivement avec les revendications des enseignants-chercheurs et que le bureau national du SMASUP serait invité à échanger sur les propositions du gouvernement au cours du mois de juillet», relate toujours M. Abchir. «Mais une fois de plus, cette promesse n'a pas été tenue, et le ministre a choisi à nouveau de repousser l'annonce des propositions du gouvernement au dernier moment, c'est-à-dire la nuit de l'adoption du projet de loi de Finances pour 2023 par le gouvernement», précise le responsable syndical, faisant remarquer qu'à travers cette tactique, le ministre poursuivait un double objectif : d'une part, ne pas laisser suffisamment de temps au SMASUP pour examiner les propositions du ministère et, d'autre part, s’assurer d’une rentrée universitaire sans problèmes». «Le SMASUP, bien conscient de ce scénario, avait exigé que les enseignants-chercheurs soient mis au courant des propositions du gouvernement avant la rentrée universitaire, faute de quoi, il appellerait à une grève nationale. Et cette mesure a été effectivement mise en œuvre face à la position du ministre», rappelle M. Abchir.

Le Chef du gouvernement avait ensuite invité le syndicat à une réunion le 7 octobre, en présence du ministre de tutelle, où, après avoir pris note des revendications du bureau national, il a demandé au ministre de poursuivre le dialogue avec le SMASUP et de lui transmettre tous les projets de textes réglementaires et autres informations afin qu'il mène à bien sa mission. «Mais là encore, le ministre n'a pas tenu compte des orientations du Chef du gouvernement, et n'a ni transmis le projet de nouveau statut et les textes réglementaires afférents, ni invité le SMASUP à une réunion pour discuter des projets du ministère», déplore le vice-président national du SMASUP, ajoutant que «le ministre a attendu le 19 octobre pour inviter le bureau national du SMASUP à une réunion (la veille de la signature de l'accord entre le ministère et le syndicat national de l'enseignement supérieur), et a confié au secrétaire général du ministère la mission de nous informer des principales lignes du projet du nouveau statut, de la réforme pédagogique et de la loi encadrant l'enseignement supérieur et la recherche scientifique. Ce qui a été fait à travers un exposé oral de 4 heures sans nous transmettre aucun document».

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«Deux jours plus tard, le ministre nous a invités à signer un accord dont nous ignorions le contenu et à l'élaboration duquel nous n'avons pas pris part. Malgré cela, le bureau national du SMASUP a répondu à l'invitation du ministre, mais celui-ci s'est encore excusé de pas pouvoir assister à la réunion, sans tenir compte des contraintes des enseignants qui ont pris la peine de se déplacer à Rabat, et a encore une fois chargé le SG du ministère de recevoir le bureau national du SMASUP. Ce dernier avait proposé de procéder à la signature de l'accord, mais lorsque les membres du bureau national du SMASUP lui ont demandé de leur soumettre le texte pour l'étudier, il a répliqué qu'il avait besoin de l'autorisation du ministre», relate encore M. Abchir.

La principale doléance du SMASUP ?

Aujourd'hui, le SMASUP manifeste pour que les points en suspens dans son dossier de revendications, notamment ceux relatifs aux enseignants-chercheurs titulaires d'un doctorat français (qui avaient fait l'objet d'un accord avec l'ancien ministre délégué Driss Ouaouicha) et pour que soit appliquée avec effet rétroactif au 1er janvier 2022 la décision d'augmenter les salaires. Le SMASUP exprime son refus de tout recul par rapport aux droits acquis, notamment la mise en place de plus de barrières devant la promotion des enseignants-chercheurs.
 

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