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Stress hydrique : Comment en sommes-nous arrivés là ?

La raréfaction des ressources hydriques nationales inquiète. Lutter contre la pénurie d’eau dans le pays est d’ailleurs aujourd’hui l’une des priorités du gouvernement. Pourquoi la situation est-elle devenue critique ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Explication du Dr Abderrahim Haidar, spécialiste en Sciences de l’environnement.

Stress hydrique : Comment en sommes-nous arrivés là ?

L’heure est grave. Le Maroc a vécu cette année l’une des pires sécheresses de ces trois dernières décennies. Résultat : le stress hydrique s’accentue de plus en plus et les réserves en eau sont sous forte pression. La situation est si préoccupante que la Banque mondiale s’est focalisée sur cette problématique, dans son dernier rapport sur la situation économique du Maroc publié en juillet dernier. L’institution mondiale a ainsi précisé que le Royaume s’approche du seuil des pays qui vivent en situation de pénurie d’eau. Comment en sommes-nous arrivés là ? Et quelles seront les conséquences de cette situation ?
D’après Dr Abderrahim Haidar, spécialiste en Sciences de l’environnement, plusieurs facteurs expliquent le manque d’eau auquel nous faisons face au Maroc. «Le contexte hydrologique dans notre pays est marqué par une forte irrégularité à cause de son climat aride à semi-aride. Les ressources hydrauliques dont dispose le Maroc sont, en effet, limitées. Mais si cette limitation est d'abord naturelle, en raison de la situation géographique du pays, elle est accentuée par les besoins du développement démographique, la pollution et le gaspillage de la ressource, mauvaise gestion…», explique-t-il.

«Il faut également noter qu’au Maroc, les caractéristiques climatiques conditionnent fortement la disponibilité des ressources en eau. Ces dernières décennies, l’ensemble du pays a été affecté par une augmentation des températures. Cela s'est particulièrement caractérisé par une modification de l’intensité des précipitations. Les apports pluviométriques sur l’ensemble du territoire sont évalués à 150 milliards de m3», ajoute Dr Haidar. Ce dernier souligne que sur ces apports pluviométriques, la pluie utile ne représente que 20%, soit 30 milliards de m3. Si l’on déduit les pertes par évaporation et les écoulements non maîtrisables vers la mer, le potentiel hydraulique mobilisable, dans les conditions techniques et économiques actuelles, est estimé à 20 milliards de m³ dont 16 milliards à partir des eaux superficielles et 4 milliards en provenance des eaux souterraines. «Il faut savoir que les zones touchées par le “manque d'eau” dont sa disponibilité est inférieure à 1.700 m³ par habitant et par an, sont considérées en situation de “stress hydrique”. Avec seulement 600 m³ d’eau, le Maroc n’est pas seulement en stress hydrique, mais il est confronté à la rareté de l'eau».
L’expert souligne, en outre, que tous les prélèvements des ressources en eau du Maroc sont disponibles à l'intérieur de ses frontières géographiques. «Le pays ne bénéficie d’aucune des rivières transfrontalières. Il est donc invité à gérer son Or bleu et le répartir entre l’agriculture, l’industrie, l’usage domestique et autres prestations similaires. Si une zone géographique est touchée par le stress hydrique, cela peut impacter les productions agricoles. En effet, les plantes ne peuvent pas obtenir les nutriments du milieu du sol dans des conditions de stress hydrique, ce qui favorise les risques d’incendie de prairies ou de forêts, restreindre les prélèvements pour les usages économiques, et aussi perturber les approvisionnements en eau potable», alerte Dr Haidar.
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Comment contribuer à la préservation de l’eau : les conseils de Dr Haidar

L’eau est un bien précieux. Après l’oxygène, l’eau est notre second besoin vital. Si l'on peut rester cinq semaines sans manger, on ne peut rester plus de trois à quatre jours sans boire. Or l’eau n’est pas inépuisable, même si elle couvre 70% de la surface de notre planète elle parcourt continuellement le cycle de l’eau. De plus, seuls 3% de cette eau sont de l’eau douce, apte à entretenir la vie continentale. Le reste est constitué d’eau salée. Cependant, les deux tiers de cette eau douce sont immobilisés dans les calottes des inlandsis polaires et dans les glaciers continentaux, alors que dans le tiers restant, est majoritairement de l’eau souterraine. De ce fait, l’eau est une denrée qui est devenue de plus en plus rare. Plus de 2,2 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau ainsi que plus de 4,2 milliards de personnes à l’assainissement. Des chiffres qui montrent l’ampleur des inégalités persistantes. Au Maroc, la politique des barrages lancée par Feu Sa Majesté le Roi Hassan II dès 1967, traduit la pertinence des choix stratégiques opérés en matière de développement économique et social. En effet, celle-ci a permis au pays d’assurer la sécurité hydrique et alimentaire et de promouvoir l’emploi en milieu rural. Les 20 milliards de m3 économiquement et techniquement mobilisables pourraient être facilement revus à la baisse. C'est pourquoi il faut également :
• Stocker les eaux des années humides pour pouvoir faire face aux années de sécheresse par la maîtrise des écoulements des eaux pluviales en augmentant la capacité de stockage des barrages.
• Veiller à planifier et réaliser des transferts d’eau entre bassins (excédentaires vers déficitaires) pour équilibrer la situation hydrique du pays.
• Promouvoir le traitement des eaux usées domestiques et industrielles et soutenir sa réutilisation dans l’agriculture et dans l’arrosage des espaces verts.
• Encourager les nouvelles méthodes durables d’approvisionnement en eau, telles que le dessalement de l’eau de mer.
• Accroître la visibilité de l'eau dans les discussions économiques et financières.
Quant aux citoyens, ils doivent :
• Fermer l'eau pendant le brossage des dents, le rasage et prendre des douches et des bains sans gaspiller l’eau.
• Faire la chasse aux fuites en vérifiant les robinets et les tuyaux des installations des eaux.
• Ne faire fonctionner le lave-vaisselle ou le lave-linge qu’en pleine charge.
• Ne laissez pas couler le robinet pendant qu’on nettoie ou rince les objets. Il est préférable d’utiliser un bol ou un évier rempli d'eau propre.
• Ne jamais nettoyer les allées, les trottoirs et les marches par un tuyau d’eau : Utilisez un balai. Ne faites pas couler le tuyau pendant que vous laviez votre voiture et aussi ne pas jouer avec le tuyau et les arroseurs avec les enfants.
• Planter des arbres et des plantes résistants à la sécheresse et arroser la pelouse avec économie,
• Selon une estimation récente, l'utilisation de chasses d'eau de toilette de 6 litres au Royaume-Uni, plutôt que les 9 litres habituels, permettrait d'économiser 10% de la consommation d'eau des ménages. Il est donc recommandé de mettre une bouteille en plastique de 1.5 litre remplie d’eau et fermée dans le réservoir des toilettes.

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