Le premier épisode de la web-série «Aji Tfham», sur «Les relations Maroc-Algérie», lancé le 4 novembre au site historique du Chellah, a été bien accueilli par l’assistance. «En tant qu’historien, je m’intéresse beaucoup à tout ce qui a un rapport avec l’histoire, notamment les documents, les archives, les publications et les cartes, entre autres. Et j’avais toujours le souci de transmettre cette histoire à un plus large public. Car l’histoire est un patrimoine qui appartient à tout le monde. Par exemple, l’Histoire du Maroc constitue l’identité de tous les Marocains, dépassant ainsi toutes les différences entre les régions, les langues parlées, les traditions locales… D’où cette histoire riche et diversifiée qui met en relief ce grand cumul de plusieurs règnes et générations, fruit d’un brassage, de coexistence et de luttes acharnées», souligne Nabil Mouline, historien chercheur au Centre national de recherche scientifique (CNRS-France).
Ce dernier a déjà entamé ce parcours par la recherche et l’écriture, puis en tenant plusieurs conférences et tables rondes. «Mais, j’ai trouvé que ces moyens de connaissances, qu’on peut qualifier actuellement de traditionnels, ont leurs limites, parce que la société a changé et les sources du savoir également. Elles sont devenues en majorité digitales. J’ai ainsi commencé par produire des capsules sur l’Histoire du Maroc. Mais il a fallu quelqu’un d’autre pour transmettre cette Histoire d’une manière plus simple et plus artistique. C’est-à-dire qui peut toucher un grand nombre de personnes pour donner une nouvelle et large vision. Donc, ma rencontre avec le réalisateur Mustapha El Fekkak (Swinga) et le producteur Ali Rguig a arrangé les choses et permis d’offrir un produit fait d’une manière innovante et artistique», précise Nabil Mouline.
Et d’ajouter que pour réaliser ce projet, il s’est basé sur une documentation fiable et une analyse très pointue, avec une comparaison des données recueillies et, bien sûr, une critique impartiale. «On est ensuite passé de ces données scientifiques à celles artistiques, à travers le dessin montrant des personnalités historiques, des rois, des documents, des cartes historiques, des photos, des textes et manuscrits, des pièces de monnaie, des dessins et autres, que la plupart des gens n’ont jamais vues, et ce avec une narration en dialecte marocain (darija) qui peut atteindre toutes les franges de la population marocaine. Nous avons choisi de présenter cette série en bande dessinée pour pouvoir toucher tout le monde». Ce qui n’était pas une mince affaire. Car ce premier épisode lancé a demandé une année de travail pour le finaliser. Avec ce travail, les trois compères espèrent inaugurer la professionnalisation de la transmission du savoir historique à un grand nombre de personnes, à travers l’alliance de la science et de l’art.
À ce propos, Mouline indique que «la quasi-totalité des pages disponibles sur les réseaux sociaux est faite par des gens qui n’ont pas de formation scientifique ni artistique. Alors que cette série est la traduction d’un travail scientifique en bonne et due forme. C’est présenté d’une manière plaisante pour atteindre toute les catégories sociales. C’est pour cela que nous avons pensé à la publication d’un livre après chaque épisode et un autre en fin de saison pour réunir tous les documents dans lesquels nous avons puisés nos sources». À noter que cette série est produite par le studio «Artcoustic» spécialisé dans la production de films d’animation à portées culturelles et pédagogiques. Elle sera prochainement traduite en arabe classique, en français, en anglais et en espagnol.