Menu
Search
Jeudi 28 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Nation

Système de santé : Spécialistes et généralistes du secteur libéral appuient la réforme

En vue d'une mise en œuvre réussie du Chantier Royal de la réforme du système de santé, le ministre de la Santé et de la protection sociale multiplie les rencontres avec les représentants du secteur. Après celles avec les représentants du secteur public, c'est au tour de ceux du secteur privé de présenter leur vision de cette grande réforme. Mardi 2 août, le ministre a tenu deux réunions avec le Collège syndical national des médecins spécialistes privés et le Syndicat national de la médecine générale dans le secteur privé. Les détails.

Système de santé : Spécialistes et généralistes du secteur libéral appuient la réforme
Le projet de réforme du système de santé instaure une équité d'accès aux soins en insistant sur la régionalisation et en prévoyant une révision de la tarification, qui n'a pas changé depuis 2006.

Le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Aït Taleb, enchaîne activement les rencontres consacrées à la présentation du projet de loi-cadre relative au système national de santé. Après les représentants du secteur public, M. Aït Taleb a entamé cette semaine des rencontres avec les représentants du secteur privé dans le cadre du dialogue social. Après celles tenues lundi avec l'Association nationale des cliniques privées (ANCP) et le Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL), le ministre a tenu mardi deux rencontres avec le Collège syndical national des médecins spécialistes privés (CSNMSP) et le Syndicat national de la médecine générale dans le secteur privé (SNMGSP). «Ces réunions avec les syndicats des secteurs public et privé ont pour but d'expliquer le contenu de la loi-cadre 06-22 et de mettre l'accent sur l'apport du secteur privé comme cela a été le cas lors de la pandémie où nous avions eu un exemple de collaboration fructueuse entre les secteurs public et privé dans l'intérêt des citoyens, puisque les 1,5 million de citoyens qui ont été soignés ont été pris en charge par un personnel médical purement marocain», indique au «Matin» le président du CSNMSP, Dr Moulay Saïd Afif. «Lorsque nous combinons nos efforts, nous parvenons à tirer le meilleur parti de ce que nous avons, et c'est cela la bonne gouvernance», ajoute Dr Afif, faisant savoir que pour maintenir cette dynamique, une refonte de notre système de santé s’impose. «Cette loi-cadre 06-22 fixe les grandes lignes de cette refonte, à savoir, en premier lieu, la valorisation des ressources humaines qui sont malheureusement insuffisantes, mais qu'il faut savoir préserver puisque nous avons une fuite de médecins de l'ordre de 500 à 600 chaque année, ce qui est catastrophique, du fait que nous n'en formons que 2.000 par an», souligne le président du CSNMSP, précisant que la loi qui est en cours d’élaboration sur la fonction de santé permettra de mieux rétribuer le personnel en fonction de son rendement, ce qui va rendre la fonction publique plus attractive. Aussi, poursuit Dr Afif, cette loi-cadre permettra d'établir des passerelles entre le secteur public et le secteur privé, ce qui autorisera une mutualisation des ressources humaines, des équipements, des installations, etc. «Par exemple, s'il existe un scanner dans le secteur privé, il serait inutile d'acheter le même pour le secteur public, si celui-ci ne fait pas l'objet d'une grande demande», explique-t-il. De même, enchaîne le président du CSNMSP, «la création de la Haute Autorité de santé, dont le président sera nommé par le Souverain, nous permettra d'avoir une politique de santé à moyen et long termes qui dépasse la politique et les partis politiques». Cette refonte verra également la création de l'Agence nationale du médicament et des produits de santé qui va faciliter l'octroi des AMM (autorisations de mise sur le marché), ce qui va favoriser le développement de l'industrie marocaine et le label «Produit au Maroc», ajoute Dr Afif, renvoyant aussi au projet de l'usine de fabrication de vaccins à Benslimane qui va assurer au Maroc son autonomie vaccinale. Et d'affirmer que ce projet de réforme du système de santé instaure une équité d'accès aux soins en insistant sur la régionalisation et en prévoyant une révision de la tarification, qui n'a pas changé depuis 2006. «Le citoyen payait de sa poche plus de 54% du coût des soins, ce qui est beaucoup. Cette réforme mettra également l'accent sur le respect de la prise en charge, puisqu'il est prévu dans la loi 65-00 que celle-ci soit accordée sous 48 heures, ce qui fera que le chèque de caution ne sera plus de mise et que les gens ne paieront que le ticket modérateur», conclut Dr Afif. De son côté, le président du Syndicat national des médecins du secteur libéral, Dr Tayeb Hamdi, a indiqué dans une déclaration au «Matin» que «cette rencontre tenue à l’initiative du ministre de la Santé et de la protection sociale a été l'occasion pour le SNMGSP de réitérer la disposition du secteur libéral, lequel compte plus de ressources humaines que le secteur public, à contribuer à la bonne mise en œuvre de cette réforme, conformément à la Vision Royale».

Par ailleurs, «et en tant que syndicat de médecine générale, nous avons réaffirmé à plusieurs reprises que cette réforme était pour nous une source de satisfaction, puisqu'elle apporte des réponses à nos doléances», souligne Dr Hamdi. «Cette réforme est basée sur le médecin de famille, la médecine préventive et la médecine de proximité, et c'est la seule option pour améliorer la qualité des soins et réduire le coût de la prise en charge, surtout quand on sait que notre société évolue dans le sens de plus de vieillissement et plus de maladies chroniques», fait-il savoir. «Parmi les doléances que nous avions sans cesse portées, celle consistant à placer le médecin généraliste à l'entrée du système de santé afin que le citoyen marocain soit accueilli en premier lieu par lui, ce qui nous ferait gagner du temps en termes de diagnostic et de qualité des soins et nous éviterait les parcours de soins désordonnés», poursuit Dr Hamdi. «Le parcours de soins coordonnés dont fait mention la loi-cadre 06-22 est donc une réponse directe à ce que nous demandions», affirme le président du SNMGSP. Cette réforme met également l'accent sur le partenariat public-privé et apporte des réponses au départ à l’étranger des médecins du secteur public, mais aussi du secteur privé, fait savoir Dr Hamdi. «Il y a des médecins qui ferment leurs cabinets et qui partent à l'étranger. Nous avons donc formulé un certain nombre de propositions concernant la tarification nationale, la fiscalité, les conventionnements avec l'assurance maladie, etc., pour revaloriser la fonction de médecin et partant retenir nos compétences», ajoute-t-il. Et de conclure : «la généralisation de la protection sociale est profitable aux médecins du secteur libéral, d'abord en tant que citoyens, puisqu'ils en bénéficieront également, mais aussi parce qu'avec 33 millions de citoyens bénéficiaires de cette couverture, ces médecins auront du pain sur la planche et il y aura du travail pour tout le monde».

Lisez nos e-Papers