Des dangers à ne pas sous-estimer
Il est à noter, par ailleurs, que le Maroc dispose, depuis 1991, de la loi 15-91 relative à l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Pourtant, ce texte n’est toujours pas appliqué. «Plusieurs articles de cette loi ne sont pas appliqués, ce qui montre l’absence d’une réelle volonté politique de combattre ce fléau. Le Royaume tarde également à ratifier la Convention-Cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT). C’est vraiment dommage, surtout lorsqu’on sait que l’OMS estime que la mise en œuvre des mesures de cette convention devrait aider le Maroc à réduire de 35% le nombre de consommateurs de tabac en cinq ans et de 46% en 15 ans, évitant ainsi près de 950.000 décès», déclare El Hassan El Baghdadi, président de l’Association nationale de lutte contre le tabagisme et les drogues (ANLCTD). «En tant qu’ONG qui lutte contre le tabagisme, nous constatons quotidiennement les dégâts importants de ce fléau. Malheureusement, très peu d’efforts sont fournis pour le vaincre dans notre pays», ajoute-t-il.
Sensibiliser les jeunes est importantL’usage du tabac et des drogues par les jeunes dans les établissements scolaires a pris des proportions inquiétantes ces dernières années. Lycéens, collégiens et même élèves du primaire sont tous concernés par ce fléau qui se répercute négativement sur leur scolarité, leur santé et leur vie, en général. Selon les résultats de l’enquête «MedSPAD Maroc» de 2017 sur l’usage de substances psychoactives auprès des adolescents scolarisés, presque un adolescent sur dix est fumeur et presque un sur dix affirme avoir consommé au moins une fois du cannabis. Alors que seuls 30% parmi eux souhaitaient en arrêter la consommation. «Il est très important de sensibiliser cette tranche de la population. Il faut les informer sur les risques réels auxquels sont exposés les fumeurs en organisant notamment des rencontres avec des médecins et des spécialistes en communication en pédagogie et en sociologie et se référant aux données scientifiques.
Il serait également intéressant de les mettre en contact avec des personnes qui souffrent de maladies dues au tabagisme», souligne El Hassan El Baghdadi, président de l’Association nationale de lutte contre le tabagisme et les drogues. «Il est également important de soutenir les jeunes qui souffrent d’addiction au tabac ou à la drogue. Il faut leur apporter l’aide nécessaire pour avoir la volonté et le courage de penser que le sevrage est possible et les orienter vers les centres spécialisés», indique-t-il.
Il est à rappeler que le programme «Collèges-lycées sans tabac» a été mis en place depuis 2007 au profit des jeunes en milieu scolaire. Il a pour objectif de lutter contre l’initiation au tabagisme en adoptant le slogan «Dites non à la première cigarette».Le tabac, une menace pour l’environnementLe thème pour la Journée mondiale sans tabac 2022 est «Le tabac : une menace pour notre environnement». «Avec des émissions de gaz à effet de serre équivalant à 84 mégatonnes de dioxyde de carbone par an, l'industrie du tabac contribue au changement climatique et amoindrit la résilience face à ces changements, gaspille des ressources et endommage les écosystèmes», indique l’OMS. Et d’ajouter que «chaque année, environ 3,5 millions d'hectares de terres sont détruits pour y cultiver du tabac. La culture du tabac contribue à la déforestation. En effet, l’industrie du tabac abat chaque année 600 millions d’arbres pour produire 6.000 milliards de cigarettes, rejette 84 millions de tonnes de CO2 dans l’air et consomme pas moins de 22 milliards de litres d’eau, année après année». L’OMS souhaite ainsi sensibiliser le public aux effets négatifs du tabac sur l’environnement. Elle veut prévenir les dommages environnementaux causés par le tabac et demander à l’industrie du tabac de rendre des comptes sur cette catastrophe environnementale mondiale.