Depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020, le recours au télétravail est devenu monnaie courante. Ce mode de travail, qui fait désormais partie de la routine de nombreuses entreprises dans le monde, n’est pas sans conséquence sur la santé des travailleurs.
Dans un rapport élaboré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale du travail (OIT) et publié en fin de semaine dernière, il est souligné que le télétravail peut conduire à l’isolement, à l’épuisement professionnel, à la dépression et à la violence domestique. Les deux institutions des Nations unies affirment également que ce mode de travail peut causer des lésions musculo-squelettiques, une fatigue oculaire, une augmentation de la consommation de tabac et d’alcool, un allongement du temps passé en position assise et devant un écran, ainsi qu’une prise de poids malsaine. Le rapport prévient alors que, sans une planification, une organisation et un soutien en matière de santé et de sécurité appropriés, l’impact du télétravail sur la santé physique et mentale et le bien-être social des travailleurs peut être considérable.
«La pandémie a provoqué une forte hausse du télétravail, ce qui a réellement modifié la nature du travail, pratiquement du jour au lendemain, pour de nombreux travailleurs», a déclaré Maria Neira, directrice du département Environnement, changement climatique et santé de l’OMS. Et d’ajouter qu’«au cours des deux années écoulées depuis le début de la pandémie, il est devenu très clair que le télétravail peut facilement apporter des bienfaits pour la santé, mais qu’il peut aussi avoir des effets désastreux. Le côté vers lequel penchera la balance dépend entièrement de la collaboration entre les gouvernements, les employeurs et les travailleurs, et de l’existence de services de santé au travail agiles et inventifs pour mettre en place des politiques et des pratiques qui bénéficient à la fois aux travailleurs et au travail».
«Droit à la déconnexion»D’après l’OMS et l’OIT, les mesures à mettre en place par les employeurs consistent à s’assurer que les travailleurs sont correctement équipés pour accomplir leurs tâches professionnelles et à fournir les informations, directives et formations nécessaires pour limiter les répercussions du télétravail en matière psychosociale et de santé mentale. Les organisations onusiennes recommandent également de former les cadres à une gestion efficace des risques, à l’encadrement à distance et à la promotion de la santé au travail et à instaurer le «droit à la déconnexion» avec un nombre suffisant de jours de repos.Pour assurer une meilleure organisation, le rapport propose de discuter et d’élaborer des plans individuels de télétravail et de clarifier les priorités, d’être clair sur les délais et les résultats attendus, de convenir d’un système commun pour signaler la disponibilité au travail et de veiller à ce que les responsables et les collègues respectent le système. «Les entreprises qui emploient des télétravailleurs devraient élaborer des programmes spéciaux pour le télétravail, combinant des mesures de gestion du travail et de la performance avec des technologies de l’information et de la communication et un équipement adéquat, ainsi que des services de santé au travail assurant un soutien global dans les domaines sanitaire, ergonomique et psychosocial», recommande le rapport. Enfin, le rapport appelle les services de santé au travail à apporter un soutien ergonomique, mental et psychosocial aux télétravailleurs en utilisant des technologies numériques de télésanté.
*******************Des avantages aussiSelon le rapport de l’OIT et l’OMS, parmi les avantages du télétravail figurent l’amélioration de l’équilibre entre travail et vie personnelle, la possibilité d’effectuer des horaires de travail flexibles et de l’activité physique, la réduction du trafic routier et des temps de trajet pour se rendre au travail et une diminution de la pollution atmosphérique, qui toutes peuvent améliorer la santé physique et mentale et le bien-être social. Le rapport souligne, par ailleurs, que le télétravail peut aussi favoriser l’augmentation de la productivité et la réduction des coûts de fonctionnement pour de nombreuses entreprises.*********************Questions au psychologueBernard Corbel : «Il faut faire de son mieux pour arriver à la meilleure organisation du temps et de l’espace»
Quel est l’impact du télétravail sur la santé mentale ?De nombreuses personnes en télétravail se sentent débordées par les tâches professionnelles et personnelles et ont l’impression de travailler plus. La désorganisation de certains patrons, qui peuvent appeler à n’importe quelle heure ou planifier des réunions tardives, met l’employé dans une situation embarrassante vis-à-vis de sa famille, ce qui le stresse et le perturbe. Ce nouveau mode de travail a donc un réel impact sur la santé mentale et a d’ailleurs fait exploser les cas de burnout, une dépression professionnelle caractérisée par une perte des capacités cognitives, telles que la mémoire à court terme et la mémoire de travail. On commence alors à commettre des fautes d’inattention de façon fréquente, en plus d’un état intérieur de dépression aggravé par une perte du sommeil,l' anxiété, les palpitations…Comment peut-on éviter cela ?Il faut tout d’abord mettre en place un planning de travail clair pour tous les membres de la famille pour bien séparer le personnel du professionnel. L’idéal serait même d’avoir un grand planning affiché au mur pour pouvoir s’y retrouver. Aussi, l’employeur et l’employé doivent se mettre d’accord sur des plages de travail bien précises et raisonnables qui reproduisent la grille horaire avec des pauses. Il est également fondamental de mettre en place un espace de travail où on n’est pas dérangé. Il est déjà très compliqué de travailler chez soi, alors si en plus on a plusieurs coupures lorsqu’on travaille, cela nous fera perdre beaucoup de temps et nous fera dons prendre du retard, ce qui augmentera le stress. Il faut faire de son mieux pour arriver à la meilleure organisation du temps et de l’espace pour éviter de prendre des risques très sérieux tels que le burnout.