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Petits exploitants et travailleurs agricoles : le déficit d’inclusion financière toujours important (Etude)

Le ministère des Finances et Bank Al-Maghrib viennent de dévoiler les principaux résultats de la tant attendue étude sur l'agri-finance au Maroc lancée en partenariat avec la Banque mondiale. Cette étude s’est appuyée notamment sur une enquête conduite auprès d’un échantillon représentatif de 1.500 agriculteurs et 600 acteurs des chaînes de valeur couvrant différentes filières. Elle servira à l'élaboration d'une stratégie favorisant un meilleur accès aux services financiers des agriculteurs et des TPME agricoles et rurales.

Petits exploitants et travailleurs agricoles : le déficit d’inclusion financière toujours important (Etude)
Les travailleurs agricoles constituent une population plus vulnérable avec un accès moindre aux services financiers estimé à 21%, comparé aux exploitants/propriétaires (41%)

Le Maroc planche sur une stratégie favorisant un meilleur accès aux services financiers des agriculteurs et des TPME agricoles et rurales. Son élaboration se base sur le diagnostic et les recommandations d'une étude agri-finance lancée par les autorités publiques et la Banque mondiale. L’étude a couvert une analyse de l’offre des services financiers destinés à ces cibles, de la politique publique et de l’environnement réglementaire afin de proposer des recommandations concrètes par catégorie d’acteurs : acteurs publics, en particulier, les ministères des Finances et de l’Agriculture, les régulateurs du secteur bancaire et des assurances et les institutions financières.

Cette étude s’est appuyée sur une large consultation auprès des acteurs publics et privés et une analyse des données collectées auprès des régulateurs, ministères des Finances et de l’Agriculture et des institutions financières. S’ajoute à cela une enquête conduite auprès d’un échantillon représentatif de 1.500 agriculteurs (segmentés entre propriétaires-exploitants et travailleurs agricoles) et 600 acteurs des chaînes de valeur répartis entre différentes filières et sur le territoire marocain.

Les principales conclusions de l’enquête viennent d'être dévoilées par Bank Al-Maghrib

Selon l'étude, au Maroc, le financement de l’agriculture et l’inclusion financière des exploitations agricoles et plus largement de la population rurale liée à l’écosystème agricole ont connu une évolution positive. Cependant, il continue de présenter des déficits importants, en particulier sur le segment des petits exploitants et des travailleurs agricoles. En effet, les exploitations agricoles considérées comme éligibles au financement bancaire (c’est-à-dire essentiellement celles présentant des garanties formelles), et qui représentent 20% du total des exploitations, ont accès à des services financiers à plus de 90%. Ainsi, les exploitations petites et moyennes souvent informelles et les micro-exploitations agricoles et rurales, qui représentent 80% des exploitations, connaissent un déficit d’inclusion financière important. Le financement du secteur agricole reste faible, avec un volume de financement stagnant à 4%, depuis 2014, du crédit bancaire total, pour un secteur qui compte pour 12% du PIB et autour de 40% de l’emploi total au niveau national et environ 80% en milieu rural.

En outre, l’accès aux services financiers numériques demeure faible en milieu rural où est installé l’essentiel des exploitations agricoles. L’offre de services financiers à destination du secteur agricole et du monde rural est également limitée, avec une faible présence des acteurs financiers privés, et près de 70% des communes rurales non couvertes par des points d’accès. Les principaux résultats de l'enquête L’enquête réalisée indique que le taux de bancarisation des exploitants agricoles se situe à 41% avec d’importantes disparités sociales, régionales et selon les filières. De même, les travailleurs agricoles constituent une population plus vulnérable avec un accès moindre aux services financiers estimé à 21%, comparé aux exploitants/propriétaires (41%). En outre, près de 86% des agriculteurs interviewés témoignent qu’ils n’utilisent pas les services financiers numériques soit parce qu’ils ne savent pas s’en servir, soit par manque d’infrastructures.

Au niveau des particuliers, l'enquête révèle que les besoins financiers d’une part importante de la population rurale sont essentiellement satisfaits par des fournisseurs de services financiers informels : 25% des adultes ruraux ont reçu un prêt, mais seulement 2% d’institutions financières formelles. De même, 20% des adultes ruraux ont constitué une épargne, mais seulement 5% dans une institution financière formelle. La non-détention de compte est expliquée par l’absence de fonds suffisants (61% des agriculteurs) suivie par la préférence du cash (31%). Pour ce qui est des exploitants agricoles, il existe une demande latente pour le financement d’investissement et de trésorerie. Néanmoins, l'enquête constate le recours privilégié à la finance informelle pour y répondre, plutôt qu’aux institutions financières (les agriculteurs empruntent en priorité auprès de leurs familles et amis, dans plus de 40% des cas). Par ailleurs, 83% des agriculteurs ont souligné un besoin de financement afin d’investir, pour des montants de 50.000 DH en moyenne.

L’insuffisance du financement reste une contrainte majeure au développement de leur activité (58%), suivie par la vulnérabilité aux risques environnementaux et le coût élevé de la main-d'œuvre. Les priorités les plus mentionnées par les exploitants pour améliorer l’accès aux services financiers et non financiers sont : abaisser leurs coûts, accroître l’éducation financière sur les produits financiers d’épargne et de crédit et généraliser l’assurance maladie.

76% des travailleurs agricoles veulent avoir une assurance médicale pour toute la famille 

Concernant la protection sociale, 21% des travailleurs agricoles sondés disposent d’assurances de base. La pénétration du Ramed et de l’assurance maladie s’élève à 44 et 24% respectivement. Or, 76% des travailleurs agricoles veulent avoir une assurance médicale pour toute la famille. S'agissant des défis face au climat, la majorité des agriculteurs marocains (85%) a été négativement affectée par le changement climatique.

Les deux principales conséquences relevées par les agriculteurs concernent la réduction de la productivité et la dégradation de la qualité des produits et une perte de revenu. De plus, le niveau de connaissance de l’Agriculture intelligente face au climat (AIC) est minime : seuls 13% des agriculteurs sondés avaient des connaissances du concept de l’AIC. Toutefois, la majorité de ceux-ci (76%) était intéressée d’apprendre davantage sur l’AIC. Cependant, les deux principales contraintes à l’adoption et l’application de l’AIC sont le manque de ressources financières et de soutien technique.

À noter que les conclusions de l’étude agri-finance orienteront la refonte de la feuille de route concernant l'inclusion financière des agriculteurs et TPME agricole ainsi que l’élaboration du plan d’actions 2024-2030 lié à la Stratégie nationale d’inclusion financière.

 

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