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La traite des êtres humains «prospère» dans le monde, le Maroc n’est pas épargné

Les efforts fournis au niveau mondial pour lutter contre les formes d’esclavage moderne font face à de nouveaux défis liés à la covid19. Accentuant la pauvreté et les disparités dans le monde, cette pandémie a, en effet, donné de nouvelles opportunités aux esclavagistes pour exercer leurs activités générant plus de 150 milliards de dollars par an. Les participants à la 9e édition du Forum Mondial de lutte contre l'esclavage moderne, se déroulant à Marrakech du 27 au 30 mars, ont appelé à la convergence des efforts internationaux pour éradiquer le phénomène.

La traite des êtres humains «prospère» dans le monde, le Maroc n’est pas épargné

Plus de 75 dirigeants issus de 30 pays, des représentants de la société civile, des cadres de l'ONU, des responsables gouvernementaux, des chercheurs universitaires, ainsi que d'anciennes victimes de la traite humaine se rassemblent, du 27 au 30 mars à Marrakech, pour réfléchir aux moyens d’éradiquer l’esclavagisme moderne dans le monde. Prenant part à la neuvième édition du Forum mondial de lutte contre l'esclavage moderne, placé sous le thème «Redynamiser la lutte contre l'esclavage moderne, initier des réponses locales pour dégager des solutions mondiales», les participants ont insisté sur la gravité des différentes formes d’esclavage moderne et ont appelé à la convergence des efforts au niveau mondial pour parvenir à l’éradiquer. Représentant l’antenne marocaine de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) lors de ce forum, Lina El Azem a mis en avant les efforts fournis par le Royaume pour lutter contre toutes les formes de traite des êtres humains.

Inscrivant son approche dans une logique participative, l’antenne de l’OIM au Maroc collabore étroitement avec les autorités marocaines pour lutter contre ce phénomène, a souligné la responsable. C’est dans ce cadre que plusieurs programmes de formation ont été lancés, notamment pour lutter contre le travail des enfants, a précisé Mme El Azem. Dans une allocution lue en son nom par sa conseillère, Fatima Ezzahra Maelainine, le ministre de la Justice et président de la Commission nationale de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains, Abdellatif Ouahbi, a assuré que malgré la pandémie, la Commission a poursuivi ses efforts pour faire face à ce phénomène. Soulignant que le crime de traite des êtres humains est complexe, le haut responsable a affirmé qu’à l’instar des pays développés, le Maroc est en phase de mettre en place un mécanisme national d’orientation des victimes. «Le mécanisme sera renforcé par les ressources humaines nécessaires pour aider les victimes», a assuré le ministre. Par ailleurs, M. Ouahbi a insisté sur le rôle de la sensibilisation et de la communication pour renforcer la prise de conscience des Marocains de la gravité de ce crime. De son côté, le secrétaire général de la Délégation interministérielle aux droits de l'Homme, Abdelkarim Boujradi, a affirmé qu’il est difficile aujourd’hui de se faire une idée précise de l’ampleur du phénomène de l’esclavage moderne.

«Selon les estimations à l’échelle mondiale, le nombre de personnes victimes des formes contemporaines d’esclavage dans le monde dépasse les 40,3 millions, dont 28,7 millions sont des femmes ou des filles et une personne sur quatre est un enfant», a-t-il relevé. Pire encore, le phénomène se développe, souligne le responsable, en affirmant que l’on constate de plus en plus que la discrimination, l’exclusion sociale, l’inégalité entre les sexes, les disparités en matière d’opportunités et la vulnérabilité sous toutes ses formes ainsi que les conflits armés et les changements climatiques sont au cœur des problématiques qui nourrissent les formes contemporaines d’esclavage. Dans une déclaration accordée au «Matin», le directeur exécutif de l’organisation non gouvernementale internationale Free the Slaves, Bukeni Waruzi, a assuré, quant à lui, que l’Afrique reste le continent le plus touché aujourd'hui par les formes d’esclavage moderne et notamment la traite des êtres humains. Une situation qui s’explique notamment par la pauvreté qui sévit dans beaucoup de pays du continent. Revenant sur les efforts fournis par le Maroc dans le domaine de la lutte contre la traite des êtres humains, le responsable a salué les avancées réalisées, notamment avec la création de la Commission nationale de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains. M. Waruzi a appelé, par ailleurs, à la convergence des efforts au niveau international pour venir à bout de ce phénomène touchant plus de 40 millions de personnes dans le monde.

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Traite des êtres humains : une activité «florissante» en temps de crise

Les réseaux de trafic des êtres humains ont renforcé leurs activités ces deux dernières années. Aidés par une conjoncture favorable marquée par l’accentuation des disparités sociales et de la pauvreté, à cause de la crise économique engendrée par la propagation de la Covid-19, ces réseaux réalisent des revenus estimés à environ 150 milliards de dollars. Au Maroc, selon le dernier rapport de la Commission nationale de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains, quelque 719 cas de traite des êtres humains ont été enregistrés durant la période couverte par le rapport. Dans les détails, ils étaient 17 cas en 2017 pour passer à 80 en 2018 puis à 151 en 2019. Le rapport fait état de 536 Marocains et 183 étrangers victimes de ces crimes. Au cours des années couvertes par le rapport, le nombre de personnes poursuivies dans des affaires de traite des êtres humains a enregistré une augmentation remarquable, dépassant les 200% pour l’année 2018 et 96% pour l’année 2019. Le nombre total de personnes poursuivies a atteint un total de 585 accusés, adultes et mineurs, dont 84 étrangers et 144 femmes, lit-on sur le rapport. Il faut rappeler que l’ONU estime que plus de 40 millions de personnes sont piégées dans les nouvelles formes de l’esclavage moderne. La plupart d’entre elles travaillent sans aucune rémunération. Elles opèrent dans des activités bien déterminées, les travaux domestiques, le secteur de la construction, de l’industrie manufacturière, de l’agriculture ou la pêche.
 

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