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Ce que recommande Diana Holding pour une souveraineté alimentaire

Pour garantir une souveraineté alimentaire, une étude, réalisée par le Think Tank du groupe Diana Holding, préconise une nouvelle approche qui repose sur trois piliers. Il s’agit de favoriser l’innovation et l’intelligence collective, stopper le gaspillage alimentaire en sensibilisant les consommateurs, renforcer les partenariats régionaux et s’inspirer des bonnes pratiques internationales.

Ce que recommande Diana Holding pour une souveraineté alimentaire
Le Maroc se doit de trouver les moyens de regagner en productivité par unité de surface et limiter le gaspillage.

La transition agricole du Maroc a fait l’objet d’une étude réalisée par le Think Tank du groupe Diana Holding. Ce Policy Paper de 17 pages dresse un état des lieux du secteur au lendemain de la pandémie et face aux défis liés au stress hydrique et de la transition écologique. Si le Royaume investit depuis plusieurs années pour résoudre les problématiques de l’eau dans l’agriculture à travers le Plan Maroc vert puis Génération Green et la Stratégie nationale de l’eau, l’énergie renouvelable est, elle, abordée de façon timide dans la production agricole. «Pourtant, elle peut entraîner d’importantes externalités positives. Plus qu’un simple rapport économétrique, la relation entre l’énergie et l’agriculture comporte des aspects sociaux et politiques précieux», expliquent les auteurs du rapport. Ces derniers font ressortir 7 freins à la transition agricole. La tarification de l’eau vient en tête. Selon le document, elle ne serait pas représentative de sa rareté. «Ce qui est rare est cher». En d’autres termes, pour pouvoir compléter efficacement les mesures prises par le pays, une révision du prix de l’eau est à envisager. L’urbanisation des terrains agricoles est également pointée du doigt. Il s’agit même «d’un phénomène qui prend des proportions inquiétantes». Et pour cause, cette pression a des conséquences sur la production, la sécurité alimentaire ainsi que sur la biodiversité. «Les formes de solidarité territoriale entre les villes et les espaces péri-urbains et ruraux mériteraient d’être interrogées et la réglementation en matière d’urbanisme et de foncier simplifiée».  

Autre zone d’ombre, la mondialisation. Le document affirme que les crises sanitaires et géopolitiques ont favorisé le retour au protectionnisme dans les pays exportateurs. Ce qui a induit des pénuries sur les marchés mondiaux. Ajouté à cela, le dérèglement climatique qui demande des réallocations de moyens vers des variétés plus adaptées, mais également des réallocations spatiales vers les régions les moins affectées. «Il est à craindre que cela affecte la mondialisation telle que nous la connaissons». Pour y faire face, les auteurs appellent ainsi à conclure des partenariats régionaux, sur la base d’un arbitrage, entre avantages comparatifs du secteur agricole, impact social et autosuffisance alimentaire du Maroc. Par ailleurs, des limites ont également été soulignées dans l’agriculture biologique. «Toute proportion gardée, elle présente des rendements bien inférieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle, dus principalement au fait de la suppression des engrais de synthèse, des pesticides et à la limitation de la mécanisation dans la production agricole». Le bio reste cher à produire. Et le coût de production devrait continuer à augmenter en raison d’une main d’œuvre coûteuse notamment avec un alignement du SMIC et du SMAG d’ici 2030. Sur un autre volet, l’assurance dans le secteur agricole ne semble couvrir que 30% des opérateurs, et ce malgré le fait que le Maroc garantit à ses agriculteurs la subvention à 90% de leur prime d’assurance. Le Policy Paper appelle donc à plus de communication pour accroître l’intérêt des producteurs. «Car à ce stade, seules les cultures d’oléagineuses, les céréales et légumineuses sont concernées. L’assurance grêle, en revanche, couvre toutes les cultures sur pied, mais il n’y a pas d’assurance sur les changements climatiques». Par ailleurs, une fiscalité avantageuse pourrait jouer un rôle non négligeable pour améliorer et encourager la transition agricole. «La fiscalité environnementale est un instrument efficient majeur des politiques publiques qui a déjà fait ses preuves dans la lutte contre la pollution et la mauvaise gestion de l’eau». Pour les auteurs du rapport, il s’agit même d’un outil performant pour inciter les entreprises à s’inscrire dans un cercle vertueux de protection de l’environnement d’un côté, et pour récompenser les entreprises qui fournissent des efforts dans ce sens. Côté énergies, la production énergétique par les agriculteurs du solaire, éolien ou biomasse représenterait une opportunité de développement économique soutenue par l’investissement public pour contribuer au mix énergétique. Toutefois, il faut tenir compte de la concurrence avec les sols des installations. Si la biomasse n’est pas, en principe, neutre pour le climat, sa pertinence comme source d’énergie doit être analysée au regard des autres options d’un même territoire et non sur le principe d’une neutralité carbone supposée.  

Renforcer les partenariats régionaux

Le Maroc se doit de trouver les moyens de regagner en productivité par unité de surface et limiter le gaspillage. Sans quoi, il ne peut, à lui seul, couvrir l’ensemble des besoins et, par conséquent, garantir une souveraineté alimentaire. Pour ce faire, les auteurs du rapport appellent à mettre en place une approche gagnante qui repose sur trois piliers. Premièrement au sein de la filière, le Maroc se doit de favoriser l’innovation et l’intelligence collective en intégrant toutes les parties prenantes dans des processus de concertations. L’objectif étant d’apporter des solutions pour relever les différents défis que ce soit dans la logistique, l’environnement, la pérennisation des exploitations et des systèmes agricoles. «Pour la mise en œuvre des solutions, une approche systémique et une coordination opérationnelle à l’échelle nationale et locale permettraient de développer le secteur de l’agriculture en tenant compte de l’efficience de l’eau, du déploiement des énergies renouvelables et de la lutte contre le gaspillage en particulier dans la chaîne de distribution, stockage et commercialisation des produits». Deuxièmement, les consommateurs devraient être sensibilisés sur l’importance de stopper le gaspillage alimentaire. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), chaque année, près de 100 kg de nourriture par habitant serait gaspillée au Maroc, soit environ 3,32 millions de tonnes jetées à la poubelle. «Le problème touche des éléments très symboliques au Maroc. On a une surproduction de pain sec, les familles en achètent trop. On entame, on jette, alors que ce sont des céréales importées à l’aide de subventions qui permettent au Maroc d’avoir du pain», déplore le président de Zero Zbel, Mamoun Ghallab, cité dans le document. Troisièmement, le Policy Paper incite à renforcer les partenariats régionaux tout en s’inspirant des best practices à l’international. Pour y parvenir, les auteurs du rapport appellent à une reconnexion des espaces agricoles de l’Afrique subsaharienne avec le monde arabe et la création d’une communauté logistique agro-alimentaire euroméditerranéenne. «Pour cela, l’histoire nous enseigne que le développement passera nécessairement par une volonté de construire une zone économique euro-maghrébine intégrée maîtresse de ses systèmes productifs et de ses surplus mis à la disposition de ses citoyens euro-maghrébins. C’est une condition pour que les aires logistiques euro-méditerranéennes favorisent la sécurité alimentaire».

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