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La pression sur certains métaux risque de compromettre la transition énergétique

L’envolée des cours des matières premières, notamment les métaux, risque de freiner la transition énergétique mondiale. Face à l’accélération du verdissement des sources d’énergie, l’Union européenne, principal producteur et exportateur de composants et d’équipements dédiés, doit sécuriser son approvisionnement en métaux, dont le cobalt, le nickel et les autres métaux stratégiques. Une détente sur les prix de ces ressources ne devrait intervenir qu’au-delà de 2030 puis de 2040.

La pression sur certains métaux risque de compromettre la transition énergétique
Les experts de l’Université estiment que la production de voitures électriques est le principal moteur de la demande mondiale projetée en matière de transition énergétique, suivie des réseaux électriques et de la production solaire photovoltaïque.

Dans un contexte mondial marqué par la flambée des cours des matières premières, dont les métaux (lithium, cobalt, nickel et autres métaux stratégiques), la transition énergétique mondiale alignée sur l’Accord de Paris risque d’être compromise. La conclusion est de l'Université de Louvain en Belgique consignée dans un rapport intitulé «Métaux pour l'énergie propre : les voies pour résoudre le défi des matières premières en Europe». L’analyse qui tient en 112 pages indique que l’Union européenne, principal producteur et exportateur d’équipements et composants ENR, n’a d’autres choix que de sécuriser son approvisionnement en lithium, cobalt, nickel et autres métaux afin de pouvoir tenir ses objectifs de neutralité climatique à l’horizon 2025. De même, la rareté de ces métaux sur le marché mondial, jugulée aux difficultés d’approvisionnement, pourrait pénaliser fortement la capacité d’exportation de l’Union européenne (UE) et partant compromettre les objectifs de transition énergétique d’autres pays clients. «L'Europe est un important producteur d'éoliennes et même un exportateur net de composants avec une capacité actuelle estimée à 15 GW par an», précisent les auteurs de la recherche.

La voiture électrique en question

Selon le rapport, la trajectoire climatique mondiale alignée sur l'Accord de Paris nécessitera près de deux fois plus de volume de métaux d’ici 2050. Les experts de l’Université estiment que la production de voitures électriques est le principal moteur de la demande mondiale projetée en matière de transition énergétique, suivis des réseaux électriques et de la production solaire photovoltaïque, en plus d’autres technologies.
Du point de vue des métaux, l'aluminium et le cuivre sont les principaux moteurs en termes de volume. Avec le lithium, le nickel et le zinc, ils pèsent pour environ 80% de la demande mondiale globale de transition énergétique. D’après le rapport, le cuivre, le lithium, le cobalt et le nickel font face actuellement à une plus forte accélération de la demande. «De nombreux pays à travers le monde accélèrent actuellement leur processus de déploiement des technologies vertes pour honorer leurs engagements de décarbonation de l’économie. Résultat, une forte pression sur les matières premières dont l’offre devrait s’inscrire en forte baisse à partir de 2030», expliquent les analystes. Afin d’optimiser les coûts de production des panneaux solaires, des opérateurs spécialisés dans ce segment enclenchent déjà une réduction progressive de la concentration d'argent et de silicium. Selon le rapport, l'intensité du silicium devrait ainsi diminuer de 50% d'ici 2050 et celle de l'argent jusqu'à 68%. De même, la consommation d'aluminium devrait être optimisée. Son intensité devrait être réduite de 9% d'ici 2050.

L’énergie renouvelable pour booster le raffinage des métaux

La pression sur les métaux du fait de l’accélération de la transition énergétique à l’échelle mondiale ne traduit pas une pénurie des ressources minières. Pour les chercheurs de l’Université de Louvain, c’est plutôt le résultat d’un décalage entre le rythme de production de l’industrie minière mondiale et celui lié à l’accélération de la transition énergétique. Le rapport pronostique une détente sur l’ensemble des métaux au-delà de 2030 puis à nouveau après 2040. Le fait est que, pendant la décennie en cours, l’approvisionnement de la transition énergétique en métaux est assuré essentiellement via l’extraction et le raffinage des métaux. Au-delà, de 2040, cette tendance devrait changer puisque l’approvisionnement se ferait via le recyclage notamment des batteries. En attendant, la transition énergétique, dans sa phase actuelle, devrait conduire à une production significative de métaux. Ce qui impliquerait une augmentation des capacités de production des industries extractive et de raffinage et partant des impacts pénalisant pour l’environnement et la durabilité.

Le rapport juge ainsi nécessaire de gérer ce phénomène dans le cadre de la transition énergétique. Les auteurs suggèrent en effet de recourir de plus en plus à l’énergie de source renouvelable pour alimenter les industries extractives et de raffinage afin de limiter l’impact sur l’environnement. Selon des données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) citées par la «Tribune.fr», la demande cuprifère émanant de la transition énergétique va passer de 24% actuellement à 30% en 2040 dans un scénario réaliste et à 45% dans celui qui respecterait les accords de Paris. L’AIE indique qu’aujourd’hui, quelque 250 mines opèrent dans presque 40 pays, produisant presque 21 millions de tonnes en 2019, soit 30% de plus qu'il y a 10 ans.

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