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Ces troubles du sommeil qui peuvent vous coûter votre santé

Loin d’être un simple moment de repos, le sommeil permet une récupération physique, psychologique et intellectuelle vitale pour l’organisme de tout un chacun. Toutefois, dormir est loin d’être une mince affaire pour tout le monde. Stress, travail nocturne, pathologies… nombreux sont les facteurs responsables des troubles du sommeil qui ne sont pas sans conséquence pour la santé. Certaines pathologies du sommeil qui peuvent être très graves restent relativement méconnues des Marocains. «Le Matin» a contacté le docteur Omar Laraqui Hossini, spécialiste en maladies du sommeil, pour mettre en lumière les signes avant-coureurs, les traitements et les recommandations relatifs à ces troubles.

Ces troubles du sommeil qui peuvent vous coûter votre santé
Le manque de sommeil sur le court terme peut provoquer des troubles cognitifs.

Le Matin : Quelles sont les maladies du sommeil les plus récurrentes au Maroc ?
Dr Omar Laraqui Hossini
: Comme dans tous les pays, il existe deux grandes maladies qui sont les plus fréquentes. La première est l’insomnie chronique dont souffre entre 6 à 8% de la population aux quatre coins du monde, selon les derniers critères adoptés par l’American Academy of Sleep Medicine (AASM). La deuxième maladie est l’apnée du sommeil qui affecte la respiration durant le sommeil. Cette pathologie se caractérise par des arrêts respiratoires qui se manifestent courant la nuit, souvent chez des sujets qui ronflent. Quelque 8 à 10% de la population souffrent du syndrome de l’apnée du sommeil qui peut avoir des répercussions très néfastes sur la santé.

Les Marocains sont-ils au courant de l’existence de ces pathologies ?

L’insomnie est très connue des Marocains, mais ces derniers ignorent les différents traitements existants. Le traitement de référence qui est recommandé par toutes sociétés savantes, notamment la Haute Autorité française de santé, est la thérapie cognitivo-comportementale qui prend en charge l’insomnie chronique. Cette méthode repose sur le fait que l’insomnie évolue d’un stade aigu vers un état chronique. En effet, les personnes sujettes à cette pathologie vont adopter des comportements et des cognitions spéciaux face aux épisodes d’insomnie aiguë, notamment en augmentant le temps de passer au lit. Aussi, ils commencent à développer des pensées négatives relatives à leur capacité à pouvoir dormir. Concernant l'apnée du sommeil, on observe une évolution depuis une dizaine d’années au Maroc, mais cette maladie reste assez méconnue du commun des mortels. Cette maladie peut être asymptomatique dans certains cas. Toutefois, chez d’autres personnes, on peut observer des signes avant-coureurs, notamment une fatigue au réveil, une somnolence durant la journée, des céphalées matinales ou encore une nycturie. Cette maladie n’est pas sans risque puisqu’elle provoque des troubles cardio-vasculaires, notamment une hypertension artérielle, ou un infarctus du myocarde, mais encore un risque de survenue d’un AVC. Aussi, cette pathologie peut provoquer plusieurs réveils dans la nuit, favorisant ainsi une irritabilité chez les personnes concernées, ainsi que des troubles de l’humeur, dont la dépression. Il a été également prouvé que l’apnée du sommeil peut être à l’origine de certains troubles métaboliques tels que le diabète ou l’obésité.

Est-ce que la crise sanitaire due à la Covid-19 et ces répercussions ont fait augmenter le nombre de cas sujets à ces pathologies ?

Avec la pandémie due à la Covid-19, le nombre de cas d’insomnie a considérablement augmenté. Cette période a été source de stress. Ce dernier est considéré comme un facteur précipitant en ce qui concerne les insomnies qui finissent par évoluer d’un stade aigu vers un aspect chronique. Les confinements ont contribué à leur tour à cette accentuation, en privant les gens de leurs repères sociaux et de leurs rythmes de vie habituels. Le fait de rester à la maison toute la journée, loin des contraintes des horaires fixes, a sensiblement perturbé les heures de repas et de sommeil chez certaines personnes.

Quelles sont les conséquences physiques du manque de sommeil ?

Le manque de sommeil sur le court terme peut provoquer des troubles cognitifs avec des symptômes incluant des troubles de la concentration, de la mémoire, de l’humeur, mais aussi l’irritabilité et bien évidemment la somnolence qui est souvent à l’origine d’une bonne partie des accidents de la route. Quand le manque de sommeil prend une dimension chronique, la personne concernée peut devenir sujette à des troubles anxio-dépressifs. L’obésité, le diabète, l’hypertension artérielle et une diminution de l'immunité font également partie des risques encourus.

Quels sont les signes alarmants à ne pas négliger ?

Toute personne souffrant d’insomnie et qui se réveille fréquemment dans un état de fatigue devrait voir un spécialiste afin d’améliorer sa qualité du sommeil. En ce qui concerne l’apnée du sommeil, les personnes qui y sont sujettes présentent souvent des symptômes parmi ceux évoqués plus tôt. Il existe également des signes morphologiques, notamment le surpoids ou l’obésité, mais aussi le bas du visage un peu en arrière (rétrognathie). Dans certains cas, les complications sont déjà installées et détectables par les spécialistes. On peut suspecter la présence d’apnée du sommeil en se basant sur l’aspect symptomatique, et/ou morphologique, et/ou les complications qui sont déjà installées.

Comment peut-on éviter ces maladies et améliorer la qualité de son sommeil ?

La prise en charge sous forme de thérapie cognitivo-comportementale est le seul moyen pour contrer l’insomnie lorsqu’elle est bien installée. Néanmoins, lorsqu’on souhaite avoir un sommeil réparateur sans être sujet aux insomnies, il est conseillé de se lever à des heures régulières, de s’exposer à la lumière du jour dès le réveil, d'éviter les produits existants au-delà de 16 h (café, thé, cigarettes, sodas, alcool…), éviter les siestes et favoriser les activités relaxantes au détriment des activités physiques intenses à partir de 19 h. Il est important de ne pas utiliser les écrans deux heures avant l’heure d’endormissement désirée, car la lumière bleue bloque la synthèse de la mélatonine, l’hormone du sommeil qui est inhibée en présence de lumière et stimulée dans l’obscurité. Il est aussi préconisé, une heure avant le sommeil, d’instaurer un rituel de sommeil en consacrant ce temps à la méditation, à la lecture du Coran, ou à l’écoute de la musique, par exemple. Durant la nuit, la chambre doit être plongée dans le noir et la température idéale doit se situer entre 18 et 20 degrés. Il est important de rappeler que la qualité et le confort du lit jouent un rôle important et qu’il faut éviter de regarder la télévision, de travailler ou de jouer dans le lit. En cas de réveil nocturne, il ne faut pas rester au lit. Il vaut mieux plutôt se lever, s’installer dans le salon et s’occuper avec une activité relaxante. Il ne s’agit en aucun cas de regarder une série, ou de terminer le film entamé juste avant de se coucher, car les activités absorbantes ne feront qu’accentuer votre insomnie passagère. L’individu doit pouvoir couper à tout moment son activité, dès que l’envie de dormir se fait sentir à nouveau.

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