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Union africaine : Le Maroc veut insuffler une nouvelle dynamique à l'action du Conseil de paix et de sécurité

Depuis le 1er avril, le Maroc siège au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) pour un nouveau mandat de trois ans, en affichant un ferme engagement en faveur de la réforme de cet organe décisionnel. Le Royaume est en effet résolu à insuffler une nouvelle dynamique aux travaux de ce Conseil pour en faire un véritable mécanisme d'alerte précoce, de diplomatie préventive et de résolution des crises sur le continent.

Union africaine : Le Maroc veut insuffler une nouvelle dynamique à l'action du Conseil de paix et de sécurité

Pour son deuxième mandat triennal au sein du CPS de l'UA, le Maroc, de par son expérience et ses efforts soutenus qui remontent à longtemps en faveur de la consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique, se consacrera à impulser un nouvel élan aux actions de ce Conseil. Le Royaume figure en effet au premier rang des pays qui ont participé aux opérations de maintien de la paix sur le continent africain. Ses forces de maintien de la paix sont actuellement présentes en République centrafricaine et en République démocratique du Congo, et ont été déployées avant dans divers pays du continent tels la Somalie, la Côte d'Ivoire ou l’Angola. Le Royaume s'emploiera aussi à donner, durant son mandat au sein du CPS de l'UA, la vigueur qui convient au concept de diplomatie préventive, en particulier dans son volet portant sur la médiation pour la résolution des crises qui agitent le continent africain.

Une telle détermination a été exprimée par l'ambassadeur représentant permanent du Royaume auprès de l'UA et de la CEA (Commission économique des Nations unies pour l'Afrique), Mohamed Arrouchi, qui a réaffirmé que «le Royaume du Maroc adhère pleinement et de manière responsable, aux côtés des pays africains frères, dans les chantiers de réforme du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine». «L'approche marocaine, à cet égard, repose sur le renforcement de la transparence des méthodes de travail et de la crédibilité du processus de prise de décision au sein du Conseil», avait déclaré M. Arouchi lors d'une réunion du CPS tenue début avril.

Pour le diplomate marocain, la présence du Maroc au sein du CPS constitue une opportunité pour mettre en avant son approche intégrée et multidimensionnelle en matière de paix et de sécurité sur le continent africain, qui se décline à travers la gouvernance, la paix, la sécurité et le développement. M. Arrouchi a affirmé dans ce sens que grâce à cette approche, la stabilité et la prospérité auxquelles aspirent les peuples du continent africain seront à leur portée. Par ailleurs, M. Arrouchi a tenu à rappeler que le CPS de l'UA doit, dans le cadre de la mise en œuvre de son mandat, tenir dûment compte des dispositions de son protocole qui consacrent la primauté du Conseil de sécurité des Nations unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Il est à noter que le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, avait mis l’accent en novembre dernier sur l'importance de la réforme du CPS, tout en soutenant que le Royaume continuera à appuyer la réforme du Conseil pour davantage de transparence et de professionnalisme. «La réforme de la Commission aux Affaires politiques, à la paix et à la sécurité ne peut aboutir sans la refonte du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA», avait précisé M. Bourita lors d'un point de presse à l'issue de son entretien avec le Commissaire de l'UA aux Affaires politiques, à la paix et à la sécurité, M. Bankole Adeoye, qui était en visite de travail au Royaume, soulignant que le Maroc soutient aussi toutes les initiatives adoptées pour la réforme de la Commission.

Le chef de la diplomatie marocaine avait, dans ce sens, relevé l'importance des piliers de base pour l’exécution de cette réforme, notamment en termes de bonne gouvernance, de diplomatie préventive, de paix et de stabilité. «Ces piliers sont des éléments déterminants pour permettre à l'Afrique de se doter d'une vision claire et holistique en matière d'opérations de sécurité et de stabilité», a-t-il poursuivi. Le Royaume, pour rappel, a été élu au CPS de l'UA avec une majorité très confortable (plus des deux tiers des voix) pour un mandat de trois ans lors du dernier Sommet de l'organisation panafricaine qui s'est tenu en février dernier à Addis-Abeba. Ayant siégé au CPS pour un mandat de deux ans (2018-2020) au cours duquel le Royaume avait contribué de manière constructive à l'amélioration des méthodes de travail et à la mise en place de bonnes pratiques, le Maroc avait également assuré en septembre 2019 la présidence de cette instance décisionnelle de l'organisation panafricaine.

Une présidence qui a été riche en actions en matière de paix, de sécurité, de développement et de lutte contre le changement climatique. Ainsi, sous la présidence du Maroc, d’importantes résolutions ont été adoptées, portant notamment sur la levée de la suspension du Soudan de toutes les activités de l’Union africaine, la tenue de la session ministérielle du CPS à New York, la séance sur l’interaction entre le CPS de l’Union africaine et la Commission de l’UA, et l’importante réunion sur le changement climatique et son impact sur les États insulaires en Afrique, ainsi que l’interdépendance entre paix, sécurité et développement.

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Entretien avec Azzeddine Hanoune, professeur de droit public à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Ibn Tofaïl

«Un second mandat pour le Maroc est un signe de confiance de la part des États membres qui ont pu saisir le dynamisme de la diplomatie marocaine»

Le Matin : Le Maroc vient d’entamer un second mandat de trois ans au sein du CSP de l’Union africaine. Quelle importance cela revêt-il ?

Azzedine Hanoune : Un second mandat est synonyme de continuité du travail en profondeur afin de marquer la philosophie de cette institution centrale dans l’Union africaine. Un second mandat est également un signal de confiance de la part des États membres qui ont pu saisir le dynamisme de la diplomatie marocaine qui ne pourrait que contribuer de manière décisive à la réalisation des grands objectifs de l’action du CPS.

Il est synonyme de la volonté de donner un nouveau souffle à l’action et à la crédibilité des institutions de l’Union africaine. Il y a une conviction aujourd’hui chez les États membres qu’il est nécessaire d’extirper l’organisation continentale de certaines volontés d’hégémonie et d’instaurer à l’image d’autres organisations intergouvernementales un système d’équilibre permettant d’écouter tous les membres et de prendre en compte les réels intérêts collectifs dans le continent

Quels seront, selon vous, les chantiers prioritaires du Maroc au sein du CSP ?

La diplomatie marocaine privilégie une approche multidimensionnelle, participative et préventive :

1. ainsi, tout d’abord, il est clair et établi que les phénomènes d’insécurité sont étroitement liés aux questions de développement. Il ne pourrait y avoir un climat de paix en Afrique sans une amélioration sensible dans les conditions économiques et sociales de vie des populations africaines. En même temps, il ne pourrait y avoir de développement sans un climat politique et sécuritaire sain. Le Maroc qui a toujours appelé à adopter cette approche multidimensionnelle ne lésinera pas sur les moyens afin d’aller résolument dans ce sens.

2. Une approche participative dans la mesure où il faudrait gérer cette institution selon les principes de bonne gouvernance. Faisant partie d’un ensemble plus large, l’action du CPS devrait être associée à celles des autres organes de l’UA obéissant à une philosophie d’ensemble. Malgré le système de délégation, tous les États africains devraient y être impliqués

3. Dans le sillage du premier élément, il faudra apprendre à anticiper les crises de manière précoce. Les germes d’un conflit devraient être détectés et traités avant même sa gestation. Dans ce cadre, la contribution à la réussite d’un processus de transition politique fera éviter à certains États de sombrer dans des conflits sans fin.

Pourquoi le Maroc insiste-t-il sur la nécessité de réforme du CSP ?

Les raisons sont multiples, il y a ceux qu’on a cités plus haut. La raison politique est liée notamment à la volonté d’extirper cet organe des méfaits de l’instrumentalisation par certains États afin de porter atteinte à d’autres États membres notamment à leur intégrité territoriale. Le Maroc a l’ambition également d’influencer la vision de l’Union africaine à certains conflits et son approche à l’égard de certains dossiers touchant à certains États ou le touchant lui-même.

 

 

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