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Vêtements «beldis» : les ventes en ligne bousculent les traditions

Quelques jours seulement nous séparent de la fin du mois du Ramadan. C’est la dernière occasion pour acheter les vêtements de l’Aïd pour les enfants et préparer une belle tenue traditionnelle pour les grands. Si, autrefois, les souks et boutiques de vente d’habits beldis étaient pris d’assaut durant cette période, aujourd’hui les Marocains préfèrent faire leurs achats sur les réseaux sociaux.

Ramadan touche pratiquement à sa fin. Durant ces derniers jours du mois sacré, les Marocains ont l’habitude de préparer les tenues qu’ils arboreront le jour de Aïd Al-Fitr. Et comme chaque année, ce sont les vêtements traditionnels qui sont mis à l’honneur. Les femmes adeptes du fait main se ruent, depuis quelques jours, sur les couturiers pour préparer «djellabas», «kmiss», «gandouras»… pour rayonner le jour J. D’autres préfèrent opter pour le prêt-à-porter qui leur offre un large choix, en termes de modèles, et convient à tous les budgets. Cependant, depuis le début de la crise sanitaire due à la Covid-19, les Marocains ne se bousculent pas, comme d’habitude, devant les vendeurs d’habits traditionnels, surtout dans les grandes villes. En effet, depuis trois ans, ces derniers affirment avoir du mal à écouler leurs marchandises même durant cette période de l’année, qui représentait, à elle seule, plus de 20% de leur chiffre d’affaires.

«Le marché des vêtements traditionnels s’est nettement dégradé à cause de la crise sanitaire. Nous avons beaucoup de mal à vendre notre marchandise, même durant cette période. Nous gardons toujours les collections des deux dernières années où nous ne vendions pratiquement rien du tout. Heureusement que les modèles ne changent pas beaucoup. Pendant le mois du Ramadan, les gens sortent plus souvent la nuit. Or, avec le confinement et le couvre-feu, nous étions obligés de fermer après le “ftour”. Cela nous a beaucoup pénalisés. Les temps sont vraiment durs. Ce n’est pas facile de travailler sans pouvoir subvenir aux besoins les plus élémentaires. D’ailleurs, plusieurs commerçants et artisans ont décidé de changer de métier», déplore Abdessamad Damoulay, vendeur du prêt-à-porter traditionnel pour hommes et femmes au quartier des Habbous à Casablanca.

«Cette année, même si nous ouvrons le soir après “Tarawihs”, les clients se font rares. Les gens ne viennent plus comme avant. Autrefois, une seule personne pouvait acheter plusieurs tenues pour passer le Ramadan et pour Aïd Al-Fitr. Maintenant, les clients hésitent longuement avant d’acheter ne serait-ce qu’une seule. La majorité de nos ventes ces derniers jours concernent les vêtements pour enfants. Nous pensons qu’à cause de la crise économique et la flambée des prix, les gens ne peuvent plus se permettre “le luxe” d’acheter des habits traditionnels et se contentent de ce qu’ils ont déjà», développe le commerçant. Il faut dire que les habitudes des Marocains ont beaucoup changé depuis la pandémie Covid-19. Ils ont de plus en plus tendance à faire leurs achats en ligne sur les sites de e-commerce, mais surtout sur les réseaux sociaux. Sur Instagram, par exemple, les influenceuses partagent quotidiennement des dizaines d’adresses et de contacts de personnes qui mettent en vente des habits traditionnels proposant de bons rapports qualité-prix.

Les voir défiler avec leurs maris et leurs enfants arborant de beaux vêtements «beldis» assortis donne souvent envie aux internautes de suivre leurs conseils et d'acheter la même chose. «Je préfère faire mes achats en ligne et me faire livrer à la maison, surtout en cette période de fin du Ramadan où les parents sortent acheter les vêtements de l’Aïd pour leurs enfants. Cela est plus pratique et moins fatigant. Grâce aux réseaux sociaux, nous avons accès à beaucoup de bons plans. Je fais confiance à certaines influenceuses et je n’hésite pas à suivre leurs conseils lorsqu’elles recommandent une adresse. Généralement, je ne suis jamais déçue», confie Lamiaa, maman de deux enfants. «Pour Aïd Al-Fitr, c’est sur Instagram que j’ai fait mes achats. J’ai pris une “djellaba” et une “gandoura” pour moi et des “jabadors” pour mes deux garçons. Les prix sont corrects, le tissu est beau, les modèles sont modernes… je suis très satisfaite. C’est vraiment beaucoup mieux que de passer une journée à faire les boutiques dans un souk, pour se retrouver avec des modèles basiques et peut-être même plus chers», se réjouit-elle. Le e-commerce a décidément de beaux jours devant lui !

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