Connexion
Intimiste et fort en émotions, l’hommage à “Mama Aïcha” vient mettre du baume au cœur, quelques jours après sa disparition. L’événement a démarré avec la visite de la crèche qui accueille, actuellement, une vingtaine d’enfants de mères célibataires pendant qu’elles travaillent au sein du restaurant ou du hammam, fondés par la présidente de l’Association Solidarité Féminine. Rencontrée à cette occasion, Laila Mejdouli, membre-fondatrice de l'association, se confie sur la disparition de la militante : “Le décès de Aïcha est non seulement une perte pour l'association, mais également pour tout le Maroc. On ne peut compter les mots de condoléances que l’on a reçus, elle a une place dans le cœur de tout le monde. Il va de soi que le travail de l’association et sa mission auprès des mères célibataires vont être perpétués par les membres de l’association qui ont adhéré à cette cause, depuis le premier jour, pour défendre les droits de ces femmes et les soutenir. Le tabou lié à la situation de ces mères a été brisé grâce au travail de longue haleine de cette association qui va continuer le combat”.
Après avoir inscrit quelques mots dans le livre des condoléances, le Consul Général des Etats-Unis au Royaume, Lawrence Randolph, a pris la parole pour exprimer son admiration envers celle que l’on surnommait la “Mère Teresa du Maroc” : “Cette journée est mémorable avec cet hommage. C’est un honneur pour moi de voir l'ampleur du travail entamé et fait par feu Aïcha Ech-Chenna en faveur de ces femmes marocaines. Outre ses actions fortes, elle a également sensibilisé à cette cause, une nouvelle génération, parmi laquelle des hommes, car il est important que ces derniers soient féministes aussi. Ils doivent défendre les droits des femmes et les droits de l’Homme de manière générale”, explique-t-il.
Touché par les témoignages et les messages forts reçus lors de cette journée, Mehdi Essahel, petit-fils de Aïcha Ech-Chenna a exprimé sa gratitude face à cet élan de solidarité : “Cette journée d’hommage est très riche en émotions. Je suis heureux de voir tant de personnes faire le déplacement pour honorer la mémoire de ma grand-mère, réitérer leur soutien aux mères célibataires, notamment à travers l'opération de vente des couscous préparés par le restaurant Solidarité Féminine. Cet événement vient aussi montrer que le combat continue et qu’il y a des choses qui arrivent bientôt pour perpétuer tout cela. Aïcha Ech-Chenna fut une femme qui a fortement incarné ce combat, durant plusieurs dizaines d’années au Maroc. Maintenant, il est temps que les différents acteurs et les différentes parties prenantes, constituent un écosystème pour travailler, main dans la main, afin de faire avancer ce qui a été entamé”.
Beaucoup de gratitude également dans les témoignages des femmes bénéficiaires des programmes d’accompagnements portés par la défunte. Parmi ces confidences, celle de Fouzia, qui, les larmes aux yeux, nous a expliqué comment Aïcha Ech-Chenna lui a offert un nouveau départ : “J’ai eu la chance de bénéficier de l’aide de feu Aïcha Ech Chenna en 2010. Elle m’a pris sous son aile quand j’étais au plus bas. Elle était un modèle pour nous toutes et sans elle, ma fille n’aurait pas la vie qu’elle a aujourd'hui. C’était une femme au grand cœur, elle m’a formé à un métier, je suis devenue couturière grâce à son aide, je vis de mon métier aujourdhui. Elle m’a donné des conseils précieux, que je n’ai pas eu de mes parents, c’était une deuxième mère pour moi. Son soutien ne s’est jamais arrêté, puisque je pouvais compter sur elle, à tout moment, pour les démarches administratives concernant ma fille qui a douze ans maintenant, ou pour un simple conseil bienveillant. J’espère que sa mission va être poursuivie. Grâce à cette deuxième chance accordée par Aïcha, je suis devenue indépendante, j’ai aujourd'hui un foyer et une famille aimante”, confie-t-elle.
A cette occasion, Solidarité Féminine a mis en place, avec le soutien de l’agence L'atelier digital, en charge de la communication de l’association, une opération de vente de 810 couscous, chiffre symbolique faisant référence au nombre 81, âge auquel la militante a tiré sa révérence.
