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S’il est démontré que les Vitamine D et oméga-3 sont d’une grande importance pour la prévention de l’infection par le SARS-CoV-2 et ses formes graves, les chercheurs au Brigham and Women’s Hospital and Harvard Medical School de Boston (États-Unis) ont fait une autre découverte de taille : ces deux composants seraient également hautement bénéfiques pour minimiser voire diminuer le risque de développer une maladie auto-immune (MAI). L’étude parue en janvier 2022 dans le British Medical Journal, relayée par les médias, affirme, par ailleurs, que ces deux compléments agiraient entre autres en diminuant «les marqueurs inflammatoires de l’organisme».
Rappelons que les maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques, la polyarthrite rhumatoïde, le diabète de type 1 ou encore le psoriasis, sont un ensemble de pathologies où le système immunitaire s’attaque aux constituants de l’organisme. Certaines MAI concernent un seul organe (thyroïde, globules rouges, système nerveux...), mais d’autres touchent plusieurs et sont baptisées maladies de système ou systémiques. À noter que les MAI représentent la troisième cause de morbidité dans le monde après les affections cardiovasculaires et les cancers et touchent entre 6 et 8% de la population, en très grosse majorité des femmes.
Pour faire le plein de vitamine D et d’oméga-3, rien ne vaut le soleil et la consommation des poissons gras, selon les spécialistes.
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Questions à Dr Khadija Moussayer, spécialiste en Médecine interne et en gériatrie, présidente de l’AMMAIS
«La vitamine D et l’huile de poisson oméga-3 pourraient être capables de réguler les gènes impliqués dans l’inflammation et les réponses immunitaires»
- Quelle est votre lecture de ces résultats ?
Les résultats de cet essai clinique suggèrent qu’une supplémentation de longue durée en vitamine D et en acides gras oméga-3 d'origine marine pourrait s'avérer protectrice contre les maladies auto-immunes (MAI) et montre que c’est surtout la supplémentation en vitamine D qui est associée à la diminution de survenue d’une maladie auto-immune.
C’est une étude bien menée, elle a concerné un nombre important de participants et leur suivi de 5 ans a été suffisamment long. Néanmoins, elle présente certaines limites du fait qu’elle a concerné principalement des adultes plus âgées et ses résultats ne peuvent être généralisés à des sujets plus jeunes. Or, un nombre important de MAI surviennent surtout chez la femme jeune et notamment le lupus systémique.
Rappelons que les MAI sont un ensemble de pathologies où le système immunitaire s'attaque aux propres constituants de l’organisme. Certaines sont limitées à un seul organe comme la maladie de basedow qui touche la thyroïde ou le diabète de type I qui concerne le pancréas. D’autres, appelées systémiques, attaquent successivement ou simultanément plusieurs organes tel le lupus qui touche la peau, les articulations et les reins ou la maladie de Gougerot-Sjögren à l’origine d’une sécheresse de la bouche et des yeux.
- Quelles sont les conclusions phares à retenir ?
Effectivement, la vitamine D est un allié du système immunitaire. Elle n’est pas seulement capitale pour la santé des os et des dents, mais elle a également un rôle immunomodulateur, et pourrait empêcher le dérèglement auto-immun à l’origine des MAI. Par son action sur les protéines constituantes des jonctions entre les cellules intestinales, la vitamine D permet le maintien de l’intégrité de la muqueuse intestinale, bloquant ainsi le passage de pathogènes pouvant être à l’origine de maladies auto-immunes intestinales ou autres.
De plus, la vitamine D et l’huile de poisson oméga-3 pourraient être capables de réguler les gènes impliqués dans l’inflammation et les réponses immunitaires. Néanmoins, bien que les essais sur les animaux aient montré que la vitamine D inhibe les réactions immunitaires, de petits essais de supplémentation en vitamine D chez les personnes atteintes de maladies auto-immunes ont donné des résultats négatifs.
- Que recommanderiez-vous aux personnes immunodéprimées pour booster leur système immunitaire ?
Les MAI sont d’origine multifactorielle, avec une prédisposition génétique et des facteurs environnementaux divers. Ces vingt dernières années, nous avons assisté à une recrudescence des cas de maladies auto-immunes, certaines ont doublé ou même triplé comme la sclérose en plaques ou le diabète de type 1.
Depuis la révolution industrielle, notre environnement s’est bouleversé, et maintenant plus de 100.000 produits divers accompagnent notre vie quotidienne dont certains sont suspectés d’être à l’origine du développement de maladies auto-immunes, notamment les pesticides, certains plastiques et les métaux lourds.
Une bonne hygiène de vie, une alimentation saine et une activité physique régulière sont le meilleur rempart contre les maladies auto-immunes et d’autres maladies chroniques.
