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Lundi 06 Mai 2024
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Warning de la Banque mondiale : La pénurie d'eau devient structurelle, la révision des tarifs fortement recommandée

Dans son dernier Rapport de suivi de la situation économique au Maroc, la Banque mondiale table sur un ralentissement de la croissance à 1,3%, en raison des chocs déstabilisateurs externes, mais aussi la sécheresse et la pénurie d'eau qui devient un défi structurel. La réponse ne doit pas se limiter au développement des infrastructures de stockage et aux solutions technologiques, mais via également des politiques de gestion de la demande, notamment une révision de la tarification de l’eau pour encourager une utilisation plus rationnelle de cette ressource.

Warning de la Banque mondiale : La pénurie d'eau devient structurelle, la révision des tarifs fortement recommandée
Selon le rapport, le Maroc est l’un des pays les plus touchés par le stress hydrique au monde, un problème qui devrait s’aggraver dans les décennies à venir.

La Banque mondiale table sur une croissance en ralentissement à 1,3% pour le Maroc en 2022. Outre les chocs déstabilisateurs qui se déroulent à l’échelle internationale, cette décélération s’explique par le secteur agricole qui devrait fortement se contracter avec une chute de 15% de sa valeur ajoutée. Pour Javier Diaz Cassou, Senior Economist de la Banque mondiale au Maroc, cette évolution confirme la forte exposition du pays et la vulnérabilité de son économie aux chocs climatiques avec des épisodes de sécheresse qui se sont enchaînés pendant trois des quatre dernières années. «À plus long terme, l’économie marocaine pourrait avoir plus de mal à se remettre des sécheresses, car la pénurie d’eau devient une condition plus permanente», a prévenu Javier Diaz Cassou, à l’occasion de la publication du nouveau Rapport de suivi de la situation économique au Maroc présenté le 20 juillet, lors d’une rencontre animée également par Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale au Maghreb. Selon le rapport, certes le Royaume s’appuie sur un ambitieux plan de développement des infrastructures de 40 milliards de dollars pour minimiser l’impact des sécheresses et de la rareté de l’eau sur l’économie marocaine, cependant, continuer à augmenter la capacité de stockage s’avère insuffisant pour faire face efficacement au stress hydrique.

En effet, explique Javier Diaz Cassou, bien que le Maroc ait doublé sa capacité de stockage d’eau depuis le milieu des années 1990, le volume réel d’eau stocké dans les principaux barrages du pays a suivi une tendance à la baisse pendant la majeure partie de la dernière décennie. De plus, contre toute attente, l’adoption généralisée de technologies d’irrigation a accru les pressions sur les ressources en eau, car ces technologies ont modifié les décisions de culture, faisant plus que tripler les surfaces cultivées sous irrigation goutte à goutte, de manière à augmenter plutôt qu’à diminuer la quantité totale d’eau au-delà des niveaux durables. Dans ce contexte, les «solutions d’ingénierie» devraient être associées à des politiques de gestion de la demande afin de garantir une utilisation durable de l’eau, comme le préconise le nouveau modèle de développement. «Une révision de la tarification de l’eau pourrait, en effet, être une exigence cruciale pour encourager une utilisation plus rationnelle de ce qui est clairement une ressource de plus en plus rare et pour le recouvrement des coûts», soutient Javier Diaz Cassou. Selon le rapport, un autre mécanisme que le Maroc pourrait explorer est un système de quotas négociables, qui pourrait fournir la flexibilité nécessaire pour une allocation optimale de l’eau entre les utilisateurs. Une surveillance plus active de l’utilisation des eaux souterraines est également une priorité pour faire face à leur surexploitation.

Par ailleurs, Jesko Hentschel a souligné que le choc de la sécheresse, qui accentue la dépendance du Maroc à l’égard des céréales importées, coïncide cette année avec un ralentissement de l’économie mondiale et une hausse des prix internationaux des produits de base, tendances défavorables qui se sont fortement intensifiées après la guerre en Ukraine. «Jusqu’à présent, la banque centrale considère ce choc des prix temporaire et n’a pas révisé l’orientation de sa politique monétaire accommodante. Si les pressions sur les prix ne s’atténuent pas, Bank Al-Maghrib pourrait être contrainte de relever les taux d’intérêt», indique le rapport. Bien que cela puisse être nécessaire pour éviter un désancrage des anticipations d’inflation, une telle mesure ne serait pas sans coût pour l’économie marocaine, elle contribuerait à la décélération économique en cours tout en resserrant les conditions financières tant pour le secteur public que privé. En gros, la Banque mondiale table sur une inflation à 5,3% en 2022 avant de baisser à 2,3% en 2023, l’année qui connaîtrait un rebond de la croissance à 4,3%.

Selon Javier Diaz Cassou, l’inflation reste maîtrisée au Maroc grâce à la caisse de compensation et la stabilité du taux de change, deux dispositifs qui distinguent le Royaume des autres pays. Cependant, les aides accordées aux agriculteurs, aux acteurs économiques et aux consommateurs par le biais de subventions font grimper les dépenses. En conséquence, le déficit budgétaire et celui de la balance courante devraient atteindre respectivement 6,4% et 5,2% du PIB en 2022, contre 5,6% et 2,3% en 2021.
 

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