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Youssef Lahrichi et Imane Hadi de la troupe «19H Théâtre» racontent le succès de la pièce «Allah Islah»

Youssef Lahrichi et Imane Hadi de la troupe «19H Théâtre» racontent le succès de la pièce «Allah Islah»

La troupe «19H Théâtre» cumule les succès. Sa pièce «Allah Islah» ou dans une traduction volontairement littérale «Que dieu répare» séduit le public. Jouée à guichet fermé, cette pièce en arabe dialectal interroge sur les résultats du modèle d’éducation patriarcal. Avec des situations comiques, les comédiens exposent le quotidien de plusieurs Marocains. Drôle et réaliste, «Allah Islah» raconte la vie d’une famille marocaine avec un père sévère, «Ssi Mustapha», une mère et trois filles qui personnifient trois résultats contrastés d’une même éducation. Néanmoins, l’apparition de Salwa, une amie d’enfance de leur fille Kawtar, met à nu la fragilité de ce système éducatif. Rencontre avec l'auteur et metteur en scène Youssef Lahrichi et la comédienne Imane Hadi de la troupe «19 H Théâtre».

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Questions à Imane Hadi, comédienne

«"Allah Islah" est drôle, intergénérationnelle, intemporelle et marocaine !»

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Sans aucune originalité, j’avoue que j’ai toujours rêvé d’être comédienne. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fait du théâtre même à la maison ! Mais j’ai fini par suivre l’exemple paternel et j’ai poursuivi des études en ingénierie en France. En parallèle, j’ai continué à faire du théâtre au sein de troupes universitaires et à participer à différents ateliers en lien avec le théâtre. Une fois rentrée au Maroc, mon diplôme d’ingénieur en poche, je me suis inscrite au conservatoire de Casablanca pour continuer ma formation en art dramatique sous la direction du professeur Abdelhak khairi. Et c’est à ce moment-là que j’ai rencontré cette bande de comédiens qui est devenue aujourd’hui la troupe «19 H théâtre».
J’ai également fait un saut à la télévision sous la direction de Hicham El Jebbari à travers plusieurs programmes notamment «Nhar mabrouk», «Zwaji mouhal», «Zhar lbatoul» et «Daba taziane».

Quel rôle avez-vous dans la pièce ?

Je joue le rôle de Hafida. Une femme au foyer, mère de 3 jeunes filles qui lui donnent du fil à retordre, et mariée à un homme autoritaire qui lui mène la vie dure et la dévalorise en permanence.
Cette description peut laisser croire que Hafida est une femme qui va mal. Ce qui est en partie vrai. Mais c’est aussi une femme pétillante qui a de la ressource, une femme forte malgré les apparences et qui garde en elle une joie de vivre qu'elle essaie d’entretenir tant bien que mal grâce à quelques moments hilarants en compagnie de sa meilleure amie Rabiaa.
Le personnage de Hafida dispose d’une place particulière dans mon cœur. Elle est surprenante, drôle et elle me permet un champ d’interprétation incroyablement stimulant. Mais au-delà de ça, elle incarne surtout ce cruel manque d’équité dont souffrent les mères dans notre société et que j’ai envie de dénoncer. En effet, nous mettons nos mères sur un piédestal, nous les sacralisons, mais valorisons nous réellement leur travail pour autant !

«Allah Islah» a été interprété plusieurs fois, est-ce que la réaction du public change à votre avis selon les villes et les profils dans l’assistance ?

Même dans une seule et même ville, le public qu’on peut avoir aujourd’hui ne ressemblera sûrement pas au public de demain. Et c’est juste fascinant. À mon sens, c’est aussi pour cela que c’est un art vivant. Il n’est jamais figé. D'une part, nous, comédiens, ne jouons jamais avec le même état d’esprit, et le public, lui, ne vient jamais avec la même énergie, les mêmes attentes, et c’est pourquoi ce moment de partage et d’interaction ne sera jamais pareil d’un spectacle à un autre.

Qu’est-ce qui séduit à votre avis dans cette pièce ?

Elle est drôle, intergénérationnelle, intemporelle et Marocaine !
Et surtout nous sommes passionnés. Les gens le voient, le ressentent et nous le disent à la fin de chaque spectacle. Et c’est bien là l’une de nos plus grandes satisfactions.

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Questions à Youssef Lahrichi, auteur et metteur en scène

«Les gens sortent après avoir enchaîné les fous rires sur des sujets importants, ils sont heureux et ils recommandent "Allah Islah"»

Comment vous est venue l’idée d’écrire cette pièce ?

Il y a eu d'abord l'envie d'une bande d'amis fraîchement diplômés du Conservatoire de théâtre de Casablanca de rester soudés autour de leur passion. Et à titre personnel, j'ai pris l'initiative d'écrire cette première pièce de la troupe «19 H Théâtre» pour répondre à cette envie en prenant le soin d'écrire une pièce dans laquelle jouera chacun des membres de la troupe. Vous l'aurez compris, «Allah Islah» est d'abord la consécration d'une belle amitié. En ce qui concerne l'histoire de la pièce, j'avais en tête plusieurs sujets sociaux importants avec un gros potentiel comique, alors j'ai pris tout mon temps pour bien les imbriquer...

Pourquoi avez-vous choisi l’humour pour parler de sujets sensibles comme la religion, l’amour et adultère ?

Il n'y a que l'humour qui permet d'aller aussi loin sur certains sujets... sans choquer et sans donner l'impression qu'on donne des leçons et lorsqu'en plus c'est subtil, cela donne aussi une certaine satisfaction de l'esprit à celui qui «décode».

La pièce a eu un grand succès. Pourquoi à votre avis ?

La pièce a du succès parce que les gens rigolent tout au long des 90 min grâce au texte et à l'interprétation remarquable des 9 comédiens. Elle a du succès aussi parce que les spectateurs ont l'impression de voir un nouveau style : la pièce est très contemporaine dans le choix des sujets et également dans la darija utilisée. Alors quand les gens sortent après avoir enchaîné les fous rires sur des sujets importants, ils sont heureux et ils la recommandent et c'est ce bouche-à-oreille qui a fait qu'on continue d'attirer du monde.

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