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Si le doyen des comiques marocains nous a quittés le 2 janvier 2023, ses œuvres continueront de faire vivre son souvenir à jamais. Abderrahim Tounsi a traversé les générations et les frontières grâce à son personnage burlesque : «Abderraouf». Ses sketches font toujours rire petits et grands même ceux qui n’ont pas vécu l’époque de ses spectacles à guichet fermé, ses sketches à succès enregistrés sur cassettes et ses rendez-vous attendus avec impatience sur la télévision nationale.
Il suffit d’écouter une réplique de «Abderraouf» pour plonger dans le rire. Cette icône de l’humour au Maroc remémorera toujours de bons moments de réunions familiales et surtout un talent qui a inspiré des générations d’humoristes et d’acteurs marocains. Avec son saroual coloré, son gilet, son «tarbouche» rouge, sa voix spéciale, sa personnalité touchante et son humeur hors pair, le personnage de «Abderraouf» ou «Ouf» est gravé dans notre imaginaire collectif. Avec un air naïf et ridicule, une comédie populaire, il abordait des thématiques qui touchent la masse de la société.
Avec simplicité, Abderrahim Tounsi sensibilisait le public et traitait des sujets importants pour le citoyen lambda
Malgré son seul et unique personnage, il ne tombait jamais dans la monotonie. Le parrain des humoristes marocains avait une vision sur la société. Il savait passer le message par son corps avant son texte. L’histoire de cet artiste exceptionnel né en 1936 a commencé brusquement, mais elle a duré plusieurs décennies et sera toujours une référence pour les nouvelles générations. Emprisonné par les autorités coloniales au début des années 1950, ce précurseur du stand-up au Maroc dévoile son talent théâtral pour égayer la froideur de la prison. Une fois libéré, le jeune Casablancais quitte sa ville et forme une troupe de théâtre avec des anciens codétenus. Ils jouent dans des cafés en adaptant des textes de Molière. Abderrahim Tounsi exerce plusieurs métiers avant de revenir à l’art et en faire son métier après un grave accident de voiture.
Le personnage de «Abderraouf» connu pour son art de tourner en bourriques ses interlocuteurs est né en 1967. Et depuis, le génie de Abderrahim Tounsi n’a plus de limites
La voix nasillarde, le style bouffon et la chéchia rouge de «Si Ouf» sont devenus un symbole de l’humour marocain. Il a porté le Maroc à travers l’Europe. Son talent a séduit les Marocains et la communauté maghrébine installée à l’étranger. Il est nommé à Anvers en 2011 «Meilleur humoriste marocain du 20e siècle» par la Fondation des Nuits de l’humour arabe. «Abderraouf» a rencontré un grand succès à la télévision avant d’être un peu oublié par la presse et les professionnels du secteur. Mais le «Louis de Funès du Maroc» ne peut pas tomber dans les oubliettes. Il revient dans les années 2000 avec de premiers rôles sur les grands écrans grâce au réalisateur Nassim Abassi. Il a joué dans «Mon oncle» et «Majid». Le seizième Festival international du film de Marrakech avait rendu un vibrant hommage au génie comique de Abderrahim Tounsi connu pour son style décalé qui crée toujours l’hilarité. Cet artiste perfectionniste au grand cœur donnait de sa personne pour son personnage. Derrière le personnage spécifique de «Abderraouf» connu pour ses grimaces se cachait un homme au tempérament bien affirmé et un père de famille qui donne le modèle pour ses enfants comme pour beaucoup de jeunes Marocains. Ce grand homme et personnage au «tarbouche» rouge laissera une trace indélébile dans le cœur des Marocains.
