Les routes marocaines continuent de faucher des vies. Mais moins en 2022 qu'en 2021, selon l’Agence nationale de la sécurité routière (Narsa). Les statistiques provisoires pour l'année écoulée font ressortir une baisse de 6,84% du nombre de tués. Un recul qui a bénéficié à toutes les catégories d’usagers de la route sauf les usagers d’autocars.
Au total, les accidents corporels survenus en 2022 sont estimés à 113.740, soit une légère contraction de 1,53% comparé à 2021. Le nombre des blessures graves et légères a, lui, diminué de 5,22 et 1,07%, respectivement. «La deuxième Stratégie nationale de sécurité routière 2017-2026 fixait comme objectif intermédiaire une réduction de 25% du nombre de décès en 2021. L’analyse des données statistiques des accidents de la circulation de l'année 2021 par rapport à 2015 – année de référence pour la stratégie – montre que l’indicateur de la mortalité évolue dans un sens positif.
Par ailleurs, les statistiques provisoires de l'année 2022 montrent également une tendance baissière en termes de tués et de blessés graves, avec des diminutions de 10,2 et 18,8%, respectivement, par rapport à l’année 2015», déclare au «Matin» Abdessadek Maafa, directeur du Pôle communication, éducation et prévention routière à la Narsa. «Globalement, on peut dire que les résultats obtenus jusqu'à présent restent encourageants, mais ils ne sont pas suffisants, surtout après l’arrivée à terme du premier plan d’action de mise en œuvre de la Stratégie nationale de sécurité routière. De ce point de vue, une évaluation des acquis et des défis de la phase passée sera lancée. Ceci permettra d'élaborer un nouveau plan d'action pour les prochaines années afin de hisser le rythme de coordination et le niveau d'implication de toutes les parties prenantes pour atteindre les objectifs définis dans la stratégie», précise-t-il.
L'effet dissuasif des radars fixes sur les conducteurs
Notre interlocuteur souligne que l’évaluation de la mise en œuvre du Plan national de contrôle routier pour l’année 2022 est en cours de réalisation, en coordination avec l’ensemble des intervenants concernés. «Les premiers résultats du bilan de l’activité du contrôle routier obtenus sont positifs, notamment en ce qui concerne l’analyse de l’évolution des infractions constatées par les radars fixes. En effet, malgré l’augmentation du parc des radars fixes en 2022, le nombre total des infractions détectées a connu une diminution significative de 21% par rapport à l’année 2019, d’où l’effet psychologique favorable que l’installation de ces radars de nouvelles générations a eu sur les conducteurs», affirme Maafa.
Le plan d’action de la Narsa pour 2023
Élaboré selon une approche participative avec l’ensemble des acteurs institutionnels, professionnels et socioéconomiques, le programme d’action de la Narsa pour 2023 s’inscrit dans le cadre des efforts qu’elle entreprend pour améliorer la qualité des services prodigués aux usagers et contribuer à l’amélioration des conditions de sécurité routière dans notre pays.
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Amélioration des conditions de sécurité routière
La Narsa prévoit un arsenal d'actions qui s’appuient sur des piliers stratégiques notamment la sécurité du comportement, des véhicules, des infrastructures routières, et l'intervention post-accident. De plus, la Narsa investira davantage dans l'intégration des nouvelles technologies, dans le renforcement des compétences et dans l'accompagnement des partenaires. «Parmi ces actions structurelles, il convient de citer la réforme du système d'examen d’obtention du permis de conduire. Comme nous l'avions, d'ores et déjà, annoncé dans diverses occasions, le processus du déroulement du permis de conduire connaîtra de profonds changements dans la banque de questions pour le volet théorique et dans l'examen pratique. Les épreuves se feront dans des véhicules intelligents “Smart Drive” développés en partenariat avec l'Université Polytechnique Mohammed VI de Benguérir et qui interagissent avec leur environnement», explique Abdessadek Maafa.
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Éducation routière
Le nouveau programme d'action comprend également plusieurs projets dédiés à l’intégration de l’éducation routière dans les programmes scolaires et activités parascolaires au profit des enfants et des jeunes. D’ailleurs, le coup d'envoi de l'attestation scolaire de la sécurité routière au profit des élèves de la troisième année du collège a été donné mercredi dernier à Rabat.
«Outre la formation et l’éducation, la Narsa est consciente de l’importance de la sanction dans l’encadrement du comportement sur la voie publique. Dans ce sens, elle poursuivra courant 2023 la mise en œuvre du plan national de contrôle routier 2022-2024 en mettant à la disposition des corps de contrôle des équipements à la pointe de la technologie», indique le responsable de la Narsa.-
Sécurité des véhicules
Pour améliorer la sécurité des véhicules, la Narsa poursuivra le déploiement du programme de renouvellement du parc de transport routier et lancera un nouveau programme intitulé «Motos et cyclomoteurs sûrs» qui vise à renforcer la sécurité des deux et trois roues. Parmi les actions prévues pour renforcer la sécurité des infrastructures routières, figure la poursuite de l’exécution du Programme spécial des aménagements de sécurité routière (PSAS) dans les zones d’accumulation des accidents de la circulation et du programme «Safe School» visant la sécurisation des abords des établissements scolaires.
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Intervention post-accident
Consciente de l’importance d’améliorer le délai d'intervention post-accident pour la réduction des proportions de tués et blessés graves, la Narsa prévoit la création de nouveaux postes de secours de proximité pour les sections routières classées à haut risque. Elle procédera également à la modernisation de l’Observatoire national de la sécurité routière, au renforcement de l’expertise et au développement des études scientifiques pour une meilleure gestion du dossier.
Narsa multiplie les services digitaux à disposition des usagers
L’axe relatif à l’amélioration de la qualité des services rendus aux usagers comprend une panoplie d’actions focalisées sur la transformation digitale de la Narsa et le renforcement du bouquet des e-services mis à la disposition des usagers et des professionnels dans les divers métiers relevant de la l'agence.
Dans le cadre de sa stratégie de transformation digitale, l’Agence nationale de la sécurité routière a mis le paquet sur la dématérialisation et la digitalisation. «Nous avons fondé une “Digital Factory”, qui agit avec vélocité dans la visée d’accélérer la digitalisation de l’Agence. Le but est de faire face aux enjeux pressants et urgents des digital consumers. Aujourd’hui, une grande partie de nos services et procédures a été dématérialisée, à savoir la consultation des points, des infractions et le paiement de ces dernières via l’application web et mobile pour les véhicules immatriculés au Maroc», précise Maafa.
Et d’ajouter qu'«une plateforme a été conçue en vue de permettre aux personnes morales (Agences de location de véhicules sans chauffeurs, entreprises, administrations publiques, établissements publics, collectivités locales…), de déclarer préalablement leurs conducteurs aussitôt qu’ils récupèrent le véhicule et avant même de commettre une infraction, à savoir le e-service “Tasrih Saeq”». Par ailleurs, le citoyen peut aujourd'hui procéder à la mutation de son véhicule à distance à travers la plateforme de mutation de ses véhicules, garantissant et protégeant les droits et de l’acheteur et du vendeur. Enfin, la Narsa a dans la visée de répondre aux demandes de son client-usager, relatives aux services et procédures (permis de conduire, carte grise, immatriculation, homologation…), créé la plateforme «ASK Narsa», qui est gérée aujourd’hui par plus de 80 responsables centraux et régionaux, permettant également d’effectuer le suivi de sa demande.
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