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«Book Club Le Matin» : Fouad Laroui invité des Escales littéraires (1/2)

Fouad Laroui a clôturé, le 9 juin, les Escales littéraires organisées en marge du Salon international de l’édition et du livre (SIEL 2023). Son Roman «30 jours pour trouver un mari» est un recueil d’histoires traitant de questions existentielles, sous des airs de conversations badines.

«Book Club Le Matin» : Fouad Laroui invité des Escales littéraires (1/2)

Non, ce n’est pas un manuel pour trouver un conjoint en un mois, n’en déplaise aux clientes de la librairie Porte d’Anfa qui se sont ruées sur l’ouvrage pour chercher la solution à un célibat qui dure. «30 jours pour trouver un mari» est un récit multiple, polyphonique et bien plus large que cette question aux allures légères. Pourtant, Fouad Laroui y cite tous de même quelques stratégies : «Il y a celle de Khaoula, qui consiste à descendre et à remonter le boulevard Saint-Michel à Paris… Celle de Najlae, qui a écrit un algorithme (c’est une histoire authentique) et puis celle de Jamila, qui a remonté un rond-point à l’envers», proteste l’écrivain, avant d’expliquer plus sérieusement le choix du titre. «Quand j’ai dit à mon éditeur qu’il y a plusieurs histoires, que celle de "Théo le marionnettiste" est celle qui me touche le plus et que je voudrais la prendre pour titre, il m’a dit : "Pas du tout. Ce sera "30 jours pour trouver un mari"», explique l’écrivain.

Le drame des femmes fortes

Si le choix de l’éditeur reste purement commercial, celui de Fouad Laroui est plus longuement réfléchi. Le recueil relate les histoires de femmes fortes qui, pressées par la société, se mettent à la recherche d’un conjoint dans un délai précis, pour les deux premières. Chacune y va de sa stratégie, de sa science ou de sa ruse pour alpaguer le sire convoité. Loin de décrire le mariage comme le Saint Graal, l’auteur dénonce plutôt la pression sociale absurde. «Najlae, par exemple, n’avait pas besoin d’un mari. C’était quelqu’un qui s’était prise en main, qui avait créé sa propre fiduciaire, elle avait bien réussi, elle avait une Mercedes et un appartement à Racine… mais les gens ne voyaient pas que c’était une jeune femme qui a fait des études, qui a ouvert sa fiduciaire et qui s’est battue pour trouver des clients. Ils ne voyaient qu’une femme dans la trentaine qui n’avait pas de mari», explique l’auteur, pour expliquer son réel point de vue sur la question.

Théo, le marionnettiste

Questionner la foi, la religion, la théodicée n’est pas de tout repos, même dans le proche cercle familial ou amical. Aussi, Fouad Laroui se saisit du personnage de l’enfant Théo (Theos en grec signifiant Dieu) pour s’exprimer et faire réfléchir sur lesdites questions. «C’est extrêmement difficile d’avoir une discussion sereine, sauf si on est avec des amis qui pensent à peu près la même chose. Donc, je me suis dit que je vais faire cette discussion très compliquée sur le libre arbitre et la prédestination, à travers l’histoire de ce petit garçon d’El Jadida (…) qui croyait que le cirque n’existait que pour lui. Et à la disparition du cirque, il s’ennuie. Alors il crée des marionnettes, mais il commence à avoir un problème (…) Il commence à se demander si c’est lui qui les manipule ou si elles ont le libre arbitre», explique l’auteur, ouvrant la réflexion sur des questions bien plus profondes que des histoires d’enfants maussades, pour qui veut et peut s’y attarder.

L’identité double

La religion comme composante identitaire a été relatée dans l’histoire de «L’homme double de Tnine Chtouka», lorsqu’un petit enfant est admis à l’école Charcot, de la mission française à El Jadida. Plus tard, il le fait croiser le chemin d’un certain Karim El Mejjati, tristement célèbre pour ses activités djihadistes. «Parfois, on ne peut pas comprendre un être humain. Pourquoi ce type-là (qui buvait des bières et fumait tout ce qu’on peut fumer) a basculé en France et quelques années plus tard ? Ces histoires me troublent, car j’essaie de comprendre mon pays. Mais il arrive un moment où tu es en face de l’incompréhensible», explique l’écrivain. Pour essayer de percer ce mystère, l’écrivain crée Samir, qui grandit dans l’éducation française, voyage en France pour épouser une Européenne. Mais là, le hasard le fait croiser le chemin du fameux Karim, qui réussit à créer en lui une fissure identitaire et le pousse à vouloir «revenir sur ses pas», pour effacer son éducation au profit d’une autre plus religieuse, rigoriste et, pour lui, plus compatible avec son identité.

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