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L’agitateur social est de retour avec son récit ayant pour personnages principaux deux anges d'épaule, «Mounir» et «Hakim», témoins du quotidien de leur humain «Hicham». «Dans l'écriture, il y a toujours deux écoles : soit on écrit pour soi, soit on écrit pour affronter le monde. L'histoire de ce livre est celle de deux anges, l'un qui inscrit les bonnes actions pendant que l'autre en fait de même avec les mauvaises. L'un est novice utilisant un parchemin, tandis que l'autre utilise un iPad.
La controverse au cœur de cette œuvre est axée sur la place de l'Homme dans la société. Peut-on juger autrui sans empathie en appliquant tout simplement la loi ?», se questionne l’auteur durant la rencontre. Une interrogation en amène une autre : «nous avons tendance à oublier le côté mystique de la religion, sommes-nous obligés d’appliquer les règles, ou bien faut-il être libre et respecter l'autre au point de ne plus avoir besoin d'appliquer lesdites règles ? Dans ce dernier cas, elles sont appliquées de manière spontanée à travers le respect, l'humanité, l'intelligence ou encore la douceur», ajoute-t-il.
L’univers de Hicham Lasri interpelle, bouscule et choque même par moment. Des œuvres volontairement étonnantes et détonnantes : «en traduisant ce roman, j'ai voulu affronter le public arabe qui n'est pas dans l'obligation d'y adhérer, nous ne créons pas des œuvres pour plaire à tout le monde, mes œuvres en sont le parfait exemple. Le texte doit se confronter aux axiomes avec lesquels les gens ont grandi, sans jamais se poser de question», confie l’invité du «Book Club Le Matin».
À la croisée des genres littéraires
«L'effet Lucifer» est un roman dialectique au rythme théâtral, d'autant que Hicham Lasri est l'auteur de plusieurs pièces de théâtre, parmi lesquelles «(K)Rêve le haïtiste ou Pétition pour la création d’un hôpital pour les poupées cassées», mais aussi «Larmes de joie un jour de zamzam». «Le livre est un dialogue dans l'optique d'en faire un roman proche du théâtre. J'avais écrit la version française durant la période de la Covid en 10 jours. Je trouve que l'on parle beaucoup du style, des idées, des histoires, des finalités... mais on oublie qu'il faut une musique au cœur de la littérature et j'avais cette musique durant l'écriture de la première version en français», se remémore l’écrivain.
«L'effet Lucifer» se veut un texte mordant, à l'instar de la phrase tirée du roman : «L'illettré est celui qui ne sait pas lire entre les lignes». Hicham Lasri y insuffle une provocation volontaire dans l'optique de déclencher une prise de conscience : «La première visée de la création, que ça soit le cinéma, la littérature ou la musique, est de faire réagir, car dans la réaction, il y a une émotion, que ce soit une adhésion ou un rejet».Résumé du livre
Dans «L’effet Lucifer», nous suivons l'histoire d'un ange envoyé du ciel pour entamer une existence active dans un monde où le mensonge universel a remplacé les multiples vérités, une manière ultime d'humilier cette vie avant la suivante. Hicham Lasri, poète des mots et des images, réalise ici un véritable exploit en donnant la parole à ces êtres célestes. Son livre suscite un dialogue de qualité, réinventant un théâtre de l'absurde, entre les anges «Mounir» et «Hakim». L'un est lié à son auréole dorée, l'autre à son auréole terne, et ils échangent des mots qui résonnent comme les chants d'oiseaux. Cette œuvre à la fois drôle et philosophique, exprimée avec un langage cru, mais intelligent, nous entraîne dans l'univers underground des anges. Hicham Lasri réussit ainsi à nous offrir un récit unique, captivant et empreint de profondeur.
