Ça bouge du côté des syndicats. La CDT, à l'issue de la réunion de son bureau exécutif, tenue mercredi 5 avril, annonce une journée de grève générale dans la fonction publique au niveau national, le mardi 18 avril 2023. La centrale syndicale indique dans un communiqué que cette grève sera accompagnée de sit-in de protestation pour amener le gouvernement à respecter ses engagements dans le cadre de l'accord du 30 avril 2022, notamment l'augmentation générale des salaires, la révision des tranches de l’impôt sur le revenu, l’introduction d’un nouveau grade et le lancement de dialogues sectoriels en vue de parvenir à des résultats concrets. Cette grève a pour but de faire barrage aux plans tendant à miner les droits acquis en matière de retraites.
Reprochant au gouvernement de ne pas donner suite à la lettre adressée au Chef du gouvernement au sujet de l’application de l'accord du 30 avril 2022, le bureau exécutif de la CDT dit avoir consacré sa réunion à l’examen du contexte social de crise, à cause de la flambée des prix des produits de base et de la régression du pouvoir d'achat des citoyens.
Contacté par «Le Matin», Khalihenna El Guerch, membre du bureau exécutif de la CDT, souligne que les syndicats entretenaient un dialogue depuis 2022 avec le gouvernement et qu'il y avait des engagements pris qui devaient être respectés par celui-ci, notamment lors de l'élaboration de la loi de Finances de 2023, mais il n’en a rien été. «Aujourd'hui, et comme le soutiennent des institutions officielles comme Bank Al-Maghrib et le Haut-Commissariat au Plan, l'inflation a atteint des proportions telles que les citoyens ne peuvent plus se suffire à eux-mêmes en termes de pouvoir d'achat», dit M. El Guerch, ajoutant que le gouvernement n'a pas très bien perçu le signal envoyé par les marches auxquelles avait appelé la CDT dans toutes les provinces le 19 février dernier, bien qu'elles n'aient pas été autorisées. «Le gouvernement est tenu de prendre des mesures tangibles pour revaloriser les salaires et faire respecter les libertés syndicales, sans quoi il y aura des actions d'escalade encore plus importantes», annonce le membre du bureau exécutif de la CDT.
Il convient de noter que la CDT a également appelé dans son communiqué à la mobilisation générale pour prendre part aux sit-in de ce samedi 8 avril, à l'initiative du Front social, pour protester contre la hausse des prix, en plus des manifestations à l'échelle nationale à l'occasion la Fête du Travail, le 1er mai.L’UMT suit de près le développement de la conjoncture socio-économique du pays
Pour sa part, l’UMT, qui vient de tenir une réunion de son secrétariat national, a indiqué dans un communiqué qu’elle suivait de près le développement de la conjoncture socio-économique du pays, qualifiée de «bouillonnante» en raison «de l'augmentation exorbitante du coût de la vie et de la hausse vertigineuse des prix des produits de base et des services».
Pour décrisper la situation, la centrale syndicale appelle à l'annulation graduelle de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les produits de première nécessité, ainsi que la réduction du taux des taxes intérieures de consommation. Le syndicat dirigé par Miloudi Moukharik appelle également à une augmentation générale des salaires et à une réduction de l'impôt sur le revenu.Aussi, l’UMT suggère de mettre en place un mécanisme de plafonnement temporaire des prix des carburants et des produits dont les prix ont connu une augmentation excessive et préconise aussi «des mesures répressives strictes contre les spéculateurs, les gros intermédiaires et les monopolistes qui s'enrichissent de la crise en l'absence totale de toute solidarité nationale.Le syndicat va plus loin en proposant de décréter un impôt progressif sur la richesse, afin de renforcer la solidarité communautaire entre les personnes fortunées et les autres couches de la société, particulièrement dans les conditions difficiles actuelles. De même, il exhorte le gouvernement à accélérer la mise en place du Registre social unifié pour offrir un soutien direct aux familles nécessiteuses. Appels lancés par le syndicat en direction du gouvernement, sans pour autant évoquer une quelconque grève.
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