L'idée de créer une commission d'enquête parlementaire sur l'importation du gasoil russe est toujours d'actualité. Bien que condamnée à rester lettre morte en raison du rapport de force numérique nettement favorable à la majorité, cette initiative portée par le Mouvement populaire (MP), le Parti du progrès et du socialisme (PPS) et le Parti de la justice et du développement (PJD) est toujours maintenue.
Gasoil russe : l'USFP pour un retour aux origines du mal
Pour que cette commission d'enquête parlementaire voie le jour, il faut d'abord que toutes les composantes de l'opposition, toutes tendances confondues, comptant 97 députés dans la première Chambre, soutiennent sa création. Il faut ensuite compter sur l'appui de 35 députés de la majorité pour atteindre les 132 voix nécessaires pour entamer le processus de création de cette commission d'enquête parlementaire, conformément à l'article 67 de la Constitution. Mais l'Union socialiste des forces populaires (USFP), principal bloc de l'opposition à la Chambre des représentants avec 34 députés, n'a pas encore pris position dans ce sens. Le communiqué sanctionnant la réunion du bureau politique du parti de la rose, tenue vendredi dernier, ne fait aucune mention à ce sujet.
Contacté par «Le Matin», le membre du groupe socialiste à la Chambre des représentants, Hassan Lachgar indique que l'USFP n'a pas encore été contactée par les canaux officiels au sujet de la création de cette commission d'enquête. «Nous avons eu connaissance comme tout le monde de cet appel de la part de nos confrères dans les trois partis, mais nous n'avons pas encore été saisis formellement par eux à ce sujet. Une fois que ce sera fait, nous l'examinerons et nous donnerons notre avis à ce sujet», dit M. Lachgar. Et le député de souligner que la vision du groupe socialiste sur ce point se veut plus globale et va dans le sens d’une remise en cause du processus de libéralisation des prix des carburants – qui selon lui a plutôt été une consécration du monopole – depuis 2015.
Selon M. Lachgar, la situation actuelle marquée par la flambée des prix des carburant est l'aboutissement de ce qui a été fait en 2015 lorsqu'il a été décidé de libéraliser les prix sans mettre en place des mécanismes de régulation (comme ce fut le cas pour le secteur des télécommunications et de l'électricité). Et la solution passe, d'après lui, par le biais d'une réforme institutionnelle et réglementaire et c'est dans ce sens que le groupe socialiste s'active et a préparé des propositions de loi qu'il soumettra aux députés au cours de la session parlementaire qui va débuter.
Commission d'enquête : les partis d'opposition maintiennent leur appel
Pour sa part, le chef du groupe haraki à la Chambre des représentants, Driss Sentissi, dit que l'appel des trois partis d'opposition à la création d'une commission d'enquête parlementaire est toujours valable. Dans une déclaration au «Matin», M. Sentissi a dit compter sur l'esprit de responsabilité des députés pour donner une suite favorable à cette initiative ayant valeur d'acte citoyen.
Rappelant les propos du député du Rassemblement national des indépendants, Mohamed Chaouki, qui avait dit lors d'une rencontre organisée par la Fondation Fqih Titouani que c'était une société étrangère qui importait du carburant russe, et également le communiqué diffusé dernièrement par une société nationale à travers lequel elle dément les allégation d’import de pétrole russe, M. Sentissi souligne que la création de cette commission d'enquête est d'autant plus justifiée que ce sont des entreprises étrangères qui sont pointées du doigt.Lire aussi : Gasoil russe : les députés de l’opposition appellent à la constitution d’une commission d’enquête
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