La croissance économique nationale s'établirait à 3,2%, en rythme annuel, au deuxième trimestre 2023 (T2-2023) au lieu de +2% une année auparavant, selon les prévisions du Haut Commissariat au Plan (HCP).
Au T2-2023, la croissance de l'activité hors agriculture s’améliorerait légèrement, pour s’établir à +3,2% en rythme annuel, tandis que la valeur ajoutée agricole afficherait une hausse de 2,9%, précise le HCP qui vient de publier son Point de conjoncture du premier trimestre 2023 et les perspectives pour le deuxième trimestre.
Les indicateurs de la croissance hors agriculture au vert
Après avoir ralenti à la fin de 2022, l’activité hors agriculture aurait renoué avec une croissance plus soutenue au premier trimestre 2023, tirée par la dynamique des branches tertiaires. En particulier, la performance de l’activité touristique. Les arrivées et les nuitées touristiques auraient plus que triplé et les recettes voyages auraient quadruplé au premier trimestre 2023. L’activité des transports aurait, pour sa part, poursuivi son redressement, tiré par l’affermissement du trafic aérien. Les services non marchands, soutenus par le redressement des dépenses de fonctionnement, auraient connu un sensible mouvement de reprise, contribuant pour 0,4 point à la croissance économique globale.
A l’inverse, l’activité des branches secondaires aurait marqué le pas au premier trimestre 2023. L’activité minière aurait affiché une baisse de 10,2%, en variation annuelle, après -16% au trimestre précèdent. Fortement imprégnée par les fluctuations de l’activité des industries locales de transformation, la production du phosphate brut aurait peiné à s’accélérer, dans un contexte de baisse de la demande étrangère et de la poursuite du renchérissement des prix à l’export.
L’activité de la construction se serait, également, inscrite en baisse pour le troisième trimestre consécutif, affichant une régression de 3,8%, en variation annuelle.
En revanche, l’activité des industries manufacturières se serait accélérée, dans un contexte marqué par l’allégement des difficultés d'approvisionnement en matières premières, principalement d'origine étrangère, et par la légère baisse des coûts des intrants et du transport.
L’agroalimentaire et l’automobile seraient restés encore les branches les plus dynamiques, avec des hausses respectives de 6,9% et 17,9%, au cours de la même période. Les industries de la métallurgie et du textile auraient progressé de + 1,8% et de +3% respectivement. A l’inverse, les industries chimiques auraient poursuivi leur tendance baissière au rythme de -3,1% au premier trimestre 2023, attribuable au repli des quantités exportées de l’acide phosphorique et des engrais de 7,9% et 9,8% respectivement. Le repli aurait, également, caractérisé les industries liées à la construction fortement pénalisées par la baisse de l’activité dans le bâtiment.
Léger redressement de l’activité agricole
La valeur ajoutée agricole se serait redressée, au premier trimestre 2023, de 2,1%, en variation annuelle, après avoir régressé de 14,3% au cours de la même période de l’année passée. La relance de la production végétale aurait été, toutefois, confrontée depuis le début de l’actuelle campagne à de faibles apports pluviométriques et à une hausse des températures. Depuis le mois de novembre 2022, les précipitations cumulées jusqu’au mois de mars 2023 ont été inférieures à la normale saisonnière de 16,5%. Les déficits les plus importants auraient été localisés dans le Souss, le Haouz et le Chaouia. Le taux de remplissage des barrages aurait atteint 34,6% à fin mars. Dans ce contexte, la production des maraichères n’aurait pas retrouvé son niveau moyen des cinq dernières campagnes et les exportations de la tomate et des légumes auraient été en baisse de 5,3% au terme des deux premiers mois de l’année 2023. Les activités de l’élevage auraient poursuivi leur régression, dans un contexte d’expansion des importations des bovins et ovins destinés à l’abattage, mais la production avicole aurait repris, dans le sillage de l’augmentation de la production de viande de poulet de chair de 1,4%, au premier trimestre 2023, en variation annuelle, au lieu de -1,8% un trimestre auparavant.
Légère accélération de la demande intérieure, mais la consommation des ménages est stable
La demande intérieure se serait légèrement accélérée au premier trimestre 2023, contribuant pour 1,8 point à la croissance du PIB, au lieu de 0,8 point au cours de la même période de l’année passée. Cette amélioration aurait été attribuable au renforcement de la consommation publique de 4,6%. La consommation des ménages se serait, pour sa part, maintenue au rythme de 2,7%, dans un contexte de poursuite de repli du pouvoir d’achat des ménages pour le troisième trimestre consécutif. Le revenu nominal des ménages se serait légèrement amélioré sous l’effet du maintien des transferts extérieurs et de la faible dynamique de l’emploi, mais l’inflation aurait bondi dans le sillage de l’escalade des prix des produits alimentaires.
L’investissement aurait, pour sa part, progressé de 0,8% au premier trimestre 2023, porté par une reprise du mouvement de stockage notamment au niveau de la filière agricole, avec une reprise sensible des importations des ovins et des bovins.
Les exportations nationales au beau fixe, l’automobile en premier
Au niveau national, le volume des exportations des biens et services aurait augmenté de 23,9% au premier trimestre 2023, soutenu par le bon comportement des services voyage et celui des importations aurait crû de 13,9%, en variations annuelles.
En valeur, l’augmentation des exportations de biens aurait atteint 7,9% en variation annuelle, traduisant principalement un effet-prix positif à l’export et une demande extérieure relativement plus résiliente, particulièrement pour le secteur automobile. Les expéditions de ce dernier auraient été soutenues par les ventes des segments construction et câblage, en lien avec la reprise du marché de l’automobile en zone euro, favorisée, entre autres, par l’atténuation des pressions sur les chaines d’approvisionnement et une plus grande disponibilité des intrants. Les ventes extérieures des produits électriques et électroniques, suivies par celles de l’industrie du textile et cuir auraient également contribué positivement à la hausse des exportations globales. A l’inverse, les expéditions des phosphates et de leurs dérivés, notamment les engrais naturels et chimiques et l’acide phosphorique, auraient reflué, pénalisées par un retrait de la demande étrangère qui leur est adressée.
Les importations des biens en valeur se seraient, pour leur part, appréciées de 11,6% en variation annuelle, sous-tendues par la hausse, quoique moins soutenue, de la facture énergétique. Cette dernière aurait été alimentée par les achats de gasoils et fuels, de gaz de pétrole et autres hydrocarbures. Hors énergie, les importations auraient été tirées par les acquisitions des biens d’équipement industriel et, dans une moindre mesure, par celles des biens alimentaires comme le maïs, les produits laitiers et le sucre et des biens de consommation, notamment les voitures de tourisme et leurs pièces détachées.
L'inflation continue
Au premier trimestre 2023, les pressions inflationnistes se seraient accentuées, avec une hausse des prix à la consommation de 9,4%, au lieu de +8,3% au trimestre précédent et +4% un an plus tôt. C’est au niveau des prix de la composante alimentaire où ces pressions se seraient le plus manifestées, avec une hausse historique de +18,2%, tandis que les prix des produits non-alimentaires auraient augmenté de 3,5%. Le maintien à des niveaux élevés à la fois des prix des produits alimentaires frais (+2,4 points de contribution) et hors frais (+4,4 points), sous l’effet de disponibilités plus restreintes, se serait accompagné par la revalorisation des prix des tabacs en ce début d’année, après quatre trimestres de stagnation. En particulier, la contribution à l’augmentation de l’inflation globale aurait chacune dépassé 1 point pour les légumes frais, les viandes et les huiles. Le déficit pluviométrique et le renchérissement des coûts de production (semences, aliments de bétails...) auraient négativement affecté la production de ces denrées.
La hausse de l’inflation aurait résulté également, mais à un moindre degré, d’un accroissement des prix des services de 2,1%, après +1,9% au quatrième trimestre 2022, reflétant les hausses des prix des restaurants et hôtels et des forfaits touristiques. A l’inverse, les prix de l’énergie auraient ralenti à +7,8%, au lieu de +14% un trimestre auparavant, en raison du repli des cours internationaux du pétrole et des produits raffinés. L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix soumis à l’intervention de l’Etat et les produits à prix volatils, aurait poursuivi avec vigueur son trend haussier, pour s’établir à +8,4% au premier trimestre 2023.
Du côté de la masse monétaire, le HCP note une accélération au premier trimestre 2023, affichant une hausse de 10,2%, après une augmentation de 8% un trimestre auparavant, en glissements annuels. Quand aux indicateurs boursiers, l'institution évoque une baisse prononcée sous l’effet de la poursuite du repli des cours de plusieurs sociétés cotées, dans un environnement caractérisé par la persistance de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le maintien des tensions inflationnistes au niveau national, ainsi que la poursuite de la hausse des taux d’intérêts monétaires.
Le HCP prévoit une croissance économique de 3,2% au deuxième trimestre 2023
la demande mondiale adressée au Maroc augmenterait de 4,3%, en variation annuelle, durant la même période, soutenant une hausse de la contribution de la demande extérieure nette à la croissance économique nationale à 0,9 point, poursuit la même source.
La demande intérieure nationale serait, quant à elle, soutenue par la progression de 3,7% des dépenses de consommation des administrations publiques, estime le HCP, ajoutant que la hausse des dépenses de consommation des ménages resterait modérée et l’investissement s’inscrirait en repli, dans le sillage des perspectives de poursuite du recul des activités de construction.Au total, la contribution de la demande intérieure à la croissance du PIB s’élèverait à 2,3 points, après 2,2 points une année auparavant.Dans ces conditions, les industries manufacturières réaliseraient une croissance de 2,1% au T2-2023, tirées par un redressement des industries chimiques. Les perspectives de croissance de la demande internationale de fertilisants sont favorables à un redressement du commerce mondial des engrais à base phosphatée, après un abaissement de 2,1% en 2022.Les services conserveraient leur dynamique, contribuant pour 2,3 points à la croissance économique globale, grâce à la poursuite de l’affermissement du tourisme et du transport.En revanche, l’activité de la construction enregistrerait une baisse de 3,5%, en variation annuelle, sur fond de l’alourdissement des charges d’intérêt et la faible reprise du marché de l’immobilier. Au total, la valeur ajoutée hors agriculture afficherait une progression de 3,2%, en variation annuelle, au deuxième trimestre 2023.Dans l’agriculture, l’activité poursuivrait son redressement au rythme de 2,9% au deuxième trimestre 2023, portée par une amélioration mécanique de la production végétale, après une chute de 17% en 2022. Les récoltes des cultures maraîchères et des rosacés seraient en stagnation, mais celles des céréales et des légumineuses connaîtraient une augmentation sensible, traduisant un effet de base favorable.Le HCP note, par ailleurs, que la croissance économique mondiale devrait, au T2-2023, progresser à un rythme modéré, tandis que les tensions inflationnistes devraient diminuer en raison des politiques monétaires plus strictes mises en place l'année précédente.Lire aussi : Croissance de l'économie marocaine : La Banque mondiale table sur 3,1% en 2023