Les monnaies numériques des Banques centrales (MNBC) étaient au cœur des échanges lors d'une table ronde, tenue ce lundi à Rabat, sur le thème «Rôle du secteur public dans la monnaie et les paiements – Une nouvelle vision». Organisée par Bank Al-Maghrib (BAM) et le Fonds monétaire international (FMI), cette rencontre de haut niveau était l’occasion de mettre en avant les défis et les opportunités de la mise en place de ce type de monnaies pour le développement économique des pays. Pour Abdellatif Jouahri, wali de BAM, «la complexité et les défis liés à la MNBC mettent en exergue le besoin de poursuivre et d’approfondir le débat». Selon lui, il faudrait explorer les opportunités qu’offrent les innovations technologiques et les mobiliser au service de leurs missions tout en appréhendant les risques dont elles sont porteuses.
De son côté, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva affirme que la MNBC ne peut être une proposition nationale fragmentée. «Pour avoir des transactions plus efficaces, nous avons besoin de systèmes qui relient les pays. En d’autres termes, nous avons besoin d’interopérabilité. C’est pourquoi au niveau du FMI nous travaillons d’arrache-pied sur un concept de plateforme mondiale de la monnaie numérique de Banque centrale pour négocier et limiter les risques».
L'usage des monnaies numériques favorise l'inclusion financière
Les participants à cette table ronde sont unanimes, l’utilisation de monnaies numériques devrait apporter 3 principales améliorations. La première concerne l’inclusion financière. «Pour une union monétaire comme la nôtre, de 8 pays et 137 millions d’habitants, l’évaluation donnait un taux d’inclusion financière autour de 30%, dans les années 2014-2015, ce qui était vraiment très faible. Pour y remédier, nous avons autorisé les établissements, les banques et le secteur non bancaire à émettre de la monnaie numérique», a déclaré, pour sa part, Jean-Claude Kassi Brou, le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Selon lui, ceci a permis, notamment aux institutions de microfinances, dont le rôle est de toucher les zones rurales, de mutualiser les plateformes informatiques pour leur permettre de proposer de la monnaie numérique. «Nous avons également lancé la réflexion pour permettre de discuter d’interopérabilité et faciliter la pénétration aux services financiers dans les zones rurales.» De son côté, la DG du FMI indique que pour réussir cette interopérabilité, il faudrait prendre connaissance des réserves des Banques centrales et se doter d’infrastructures communes, notamment.
Le deuxième apport est lié à la limitation de la circulation fiduciaire, en l’occurrence, l’utilisation de billets bancaires. «Avec près de 25% de la circulation financière dans la région, la circulation fiduciaire reste très élevée, avec beaucoup d’informel», affirme Jean-Claude Kassi Brou.
Enfin, la troisième amélioration porte sur les paiements transfrontaliers, pour mieux gérer les échanges entre pays. À noter que l’organisation de cette table ronde représente un avant-goût des activités programmées dans la perspective des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale qui devraient avoir lieu en octobre prochain à Marrakech.
Lire aussi : Cryptomonnaies : un système d'agrément et de licence bientôt en place (Bank Al-Maghrib)