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Athlétisme, football et judo, les disciplines les plus touchées par le dopage (Agence marocaine antidopage)

En croisade contre le dopage, l’Agence marocaine antidopage (AMAD) multiplie ses actions pour débusquer les tricheurs. Depuis sa création en janvier 2021, l’AMAD a recensé une douzaine de cas positifs, majoritairement dans l’athlétisme, suivi du para-athlétisme, puis du football et enfin le judo. L’Agence ne se contente pas d’aller en guerre contre les tricheurs, elle fait également un grand travail de sensibilisation et d’éducation basé sur les valeurs du sport sans dopage. Dans cet entretien accordé au «Matin», Dr Fatima Abouali, présidente de l’AMAD, explique comment fonctionne l’Agence, ses compétences, ses grands défis, les disciplines les plus touchées et les produits les plus utilisés.

Athlétisme, football et judo, les disciplines les plus touchées par le dopage (Agence marocaine antidopage)
Dr Fatima Abouali, présidente de l'Agence marocaine antidopage.

Le Matin : Comment fonctionne l’AMAD et quels sont les cas où elle est compétente ?
Dr Fatima Abouali
: l’Agence marocaine antidopage est une institution indépendante sous forme de personne morale de droit public dotée de l’autonomie financière et chargée de la mise en œuvre de la politique nationale en matière de lutte contre le dopage. Selon la loi 97-12, l’Agence marocaine antidopage est chargée entre autres des missions suivantes :
• Préparer et exécuter le programme annuel des actions de contrôle antidopage dans le sport sous toutes ses formes.
• Coordonner les actions de prévention et de lutte contre le dopage.
• Proposer toute mesure de nature à permettre la prévention et la lutte contre le dopage.
• Entreprendre des campagnes d’information, à travers tous les moyens possibles, afin d’informer le public et les intéressés des mesures législatives, réglementaires et fédérales prévues pour la lutte contre le dopage.
• Statuer sur tous les dossiers à caractère disciplinaire relatifs aux affaires de dopage constatées lors ou en dehors des compétitions et manifestations sportives organisées ou autorisées par les fédérations sportives, conformément à la législation en vigueur.
• Coopérer avec les fédérations et les organisations sportives nationales et internationales et correspondre avec l’Agence mondiale antidopage.

>>Lire aussi : Dopage : le Tramadol interdit en compétition à compter de 2024

Quelles sont vos priorités à la tête de l’AMAD ? Quels ont été les plus grands axes de votre programme dans le cadre de la lutte contre le dopage ?

Tout d’abord et en tant présidente de l’AMAD, il était primordial d’éclairer l’opinion publique nationale et sensibiliser les intervenants dans le monde du sport, grâce notamment à la vulgarisation de la réglementation nationale et des règlements internationaux relatifs à la lutte contre le dopage. Signataire du Code mondial antidopage, l’AMAD œuvre pour que le Maroc soit conforme aux exigences internationales. Ceci implique de servir les sportifs et le sport national, et d’accompagner les sportifs et le mouvement sportif en matière de lutte antidopage via des activités d’éducation et de sensibilisation. Il s’agit là d’un axe majeur et nous mettons un point d’honneur à ce que le premier contact des sportifs avec l’antidopage soit l’éducation, bien avant toute opération de contrôle.
Nous pouvons citer comme autre axe de notre programme de lutte contre le dopage la mobilisation de nos partenaires tels que les Fédérations Royales marocaines sportives, acteurs incontournables, pour les associer à nos activités d’éducation, de sensibilisation contre le dopage et protéger le sport sans dopage. N’oublions pas l'élément fondamental de notre programme antidopage que constituent les conventions et les partenariats que nous développons avec les différentes parties prenantes, à savoir les fédérations sportives nationales, les universités, les instituts et autres établissements pour déployer des activités pédagogiques, de formation, d’insertion, de recherche scientifique, d’innovation et d'élaboration d’outils ainsi que l'organisation d’événements… Nous avons pu instaurer un programme prévisionnel pour la recherche scientifique. Ainsi, la recherche en sciences sociales nous permettra de bien cerner les attitudes des sportifs envers le dopage et les conduites dopantes, ce qui contribuera indéniablement à renforcer l’efficacité de notre stratégie et programme de prévention du dopage.

Quels sont les grands défis de l’AMAD à l’avenir ?

Au sein de l’AMAD, nous avançons à un rythme très soutenu et nous veillons à fixer des challenges dans le but non seulement de faire grandir notre Agence sur des bases solides, mais aussi de se positionner au niveau maghrébin et africain. Nous assurons un suivi rigoureux de notre programme antidopage et ambitionnons à moyen terme de pouvoir aider la communauté sportive nationale et, pourquoi pas, faire bénéficier de notre humble expérience agrémentée de conseils et de bonnes pratiques adaptés à notre contexte africain. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et la progression de nos actions tant au niveau de l'éducation que du contrôle est fulgurante. L’année 2023 est loin d’être achevée avec une multitude d’activités en perspective, bien que les moyens humains soient réduits. Nous espérons continuer sur notre belle lancée afin d’assurer un très bon positionnement de notre Agence parmi les organisations d’antidopage au niveau international. Vous l’aurez compris, à travers notre échange que pour assurer un sport national propre, plusieurs défis nous font de l’œil. Citons-en quelques-uns :
• Inclure la sensibilisation contre le dopage dans le cursus scolaire et universitaire.
• Renforcer les échanges et le parrainage avec toutes les parties prenantes dans un cadre réglementé et répondant aux soucis de la gouvernance et de la transparence.
• Opérationnaliser la plateforme nationale de lutte contre le dopage de l’Unesco.

Combien de cas positifs l’AMAD a-t-elle recensé depuis sa création et quelles sont les disciplines les plus touchées ?

Pour les deux années de fonctionnement de l’AMAD (2021 et 2022), nous avons recensé une douzaine de cas, avec un taux positivité global de 0,87 (un taux annuel de 1,2 en 2021 et de 0,56 en 2022). Vu le nombre important de contrôles effectués en faveur de l’athlétisme, cette discipline reste la plus touchée, suivie du para-athlétisme, puis du football et en fin du judo. En ce qui concerne les substances les plus utilisées, les stéroïdes anabolisants représentent 7 cas sur les 12 cas positifs.

L’entourage du sportif peut parfois être source d’incitation au dopage, quels sont les moyens prévus pour agir cet entourage ?

Avant de répondre à votre question, il faut tout d’abord insister sur l’importance de l’entourage du sportif, constitué des parents, du personnel d’encadrement (coachs, médecins, kinésithérapeutes…), sportifs membres de l’équipe et bien d’autres personnes. Toutes les composantes de cet entourage peuvent jouer un rôle capital dans les prises de décision du sportif, y compris les conduites dopantes. Ainsi, le personnel d’encadrement des sportifs a un certain nombre de rôles et responsabilités à respecter, il doit :
• Prendre connaissance des politiques et règles antidopage adoptées en vertu du Code et qui s’appliquent à lui ou aux sportifs qu’il encadre, et s’y conformer.
• Renforcer les valeurs et le comportement des sportifs en faveur de l’antidopage.
• Informer l’AMAD de toute décision le concernant relative à une violation des règles antidopage commise dans les dix (10) années écoulées.
• Collaborer dans le cadre du programme de contrôle des sportifs.
• Collaborer avec les organisations antidopage enquêtant sur des violations des règles antidopage.
Les membres du personnel d’encadrement des sportifs peuvent être sanctionnés en cas de violation des règles antidopage suivantes :
• Possession d’une substance ou méthode interdite.
• Trafic ou tentative de trafic.
• Administration ou tentative d’administration.
• Complicité ou tentative de complicité.
• Menaces/représailles pour décourager des signalements.
Les sanctions peuvent aller de 2 à 4 ans selon la substance, voire la radiation à vie selon la gravité. Les sanctions peuvent dissuader, mais le meilleur moyen d’agir reste la sensibilisation et l’éducation basées sur les valeurs du sport sans dopage, y compris auprès de cette cible.

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