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Eau potable et assainissement : L’Afrique doit mobiliser 30 milliards de dollars supplémentaires par an d’ici 2030

L’Afrique a la possibilité d’assurer un accés à  l’eau potable et à  l’assainissement durable à  ses populations d’ici 2030. Mais il faudra que le continent investisse au moins 30 milliards de dollars supplémentaires par an. Selon le Panel international de haut niveau sur les investissements dans le secteur de l'eau en Afrique, quelque 50 milliards de dollars par an, soit 40 dollars par Africain et par an, sont nécessaires pour assurer la sécurité de l'eau et l'assainissement durable en Afrique d'ici à  2030. Le déficit d'investissement est encore plus important pour réaliser la Vision africaine de l'eau 2025, qui nécessite 64 milliards de dollars par an, selon la Banque africaine de développement.

Eau potable et assainissement : L’Afrique doit mobiliser 30 milliards de dollars supplémentaires par an d’ici 2030

L’Afrique a toutes les possibilités d’assurer un accès universel à l'eau potable et à l'assainissement durable à ses populations d'ici à 2030. C’est un challenge à la portée des dirigeants africains. C’est en substance le message clé du panel international de haut niveau sur les investissements dans le secteur de l'eau en Afrique, qui a dévoilé un rapport dédié, lors d'une conférence organisée par les Nations unies, le 22 mars à New York, à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau.

Le groupe d’experts estime que l'investissement dans la sécurité de l'eau dans le continent permettra de concrétiser les droits à l'eau, à la santé, à l'éducation, à l'énergie, à la sécurité alimentaire, à un environnement sain, à l'égalité des sexes et à bien d'autres avantages sociétaux pour la génération actuelle et celles à venir. Pour les experts du Panel, les investisseurs institutionnels africains et mondiaux détiennent d'importantes réserves de capitaux. Les gouvernements africains doivent ainsi puiser dans ces réserves de capitaux afin de mobiliser 30 milliards de dollars supplémentaires par an pour la sécurité de l'eau et l'assainissement durable en Afrique. «Cette accélération sans précédent du rythme et de l'ampleur du financement exige de modifier le statu quo qui reflète l'urgence mondiale actuelle en matière d'eau et de climat», souligne le rapport du Panel.

De même, poursuivent les experts, les gouvernements africains sont en mesure de débloquer et d'augmenter une réserve sans précédent d'eau pouvant faire l'objet d'investissements en établissant des partenariats plus étroits entre les investisseurs institutionnels et le secteur public et en partageant davantage les risques entre le secteur public et le secteur privé. Aux yeux du groupe d’experts, la réalisation de cet objectif est un impératif à la fois continental et mondial et offre une opportunité d'investissement significative pour les investisseurs institutionnels africains et mondiaux disposant d'un capital à long terme. Les banques multilatérales de développement ainsi que les institutions financières et privées ont un rôle crucial à jouer dans ce processus.

L’Afrique perd 200 milliards de dollars par an en raison de l'insuffisance des investissements dans l'eau

La sécurité de l'eau en Afrique est au cœur des ambitions de développement durable du continent et du monde. Le Panel international de haut niveau sur l'investissement dans l'eau pour l'Afrique exhorte ainsi les Chefs d'État et les leaders mondiaux de l'investissement à saisir ce moment décisif de partenariat pour l'investissement et à doubler le niveau actuel des investissements annuels dans le secteur de l'eau d'ici à 2030. Le constat est sans appel, les pays africains perdent actuellement jusqu'à 200 milliards de dollars par an en raison de l'insuffisance des investissements, conjuguée aux effets du changement climatique et à l'inefficacité. La population africaine devrait atteindre 1,6 milliard d'habitants d'ici à 2030.

Le continent devra produire au moins 50% de nourriture en plus et au moins dix fois plus d'eau pour la production d'énergie afin de permettre la croissance et le développement. D'ici à 2050, six Africains sur dix vivront dans des zones urbaines et 70% d'entre eux seront des enfants et des jeunes. Selon les calculs du Panel, l'Afrique subsaharienne perd chaque année 5% de son PIB (estimé à 170 milliards de dollars par an) en raison du manque d'eau, de l'eau contaminée ou d'un mauvais assainissement. Chaque année, 40 milliards d’heures de travail, autrement productives, sont consacrées à la collecte de l'eau, un fardeau supporté de manière disproportionnée par les femmes et les jeunes filles. D'ici 2050, les effets du climat, en grande partie dus aux risques liés à l'eau, pourraient coûter 50 milliards de dollars par an aux nations africaines.

Les inondations et les sécheresses imprévisibles aggravent les déplacements, les migrations et l'insécurité alimentaire. Elles infligent des dommages coûteux aux infrastructures, dévastent les moyens de subsistance et la biodiversité. «La pollution de l'eau dégrade considérablement les ressources disponibles en eau douce et en eaux souterraines, ce qui aggrave encore l'insécurité hydrique. Un tiers de la croissance économique potentielle est perdue en raison de la forte pollution de l'eau, ce qui menace le bien-être humain et environnemental», alertent les experts qui soulignent que les investissements dans le secteur de l'eau en Afrique sont inférieurs aux objectifs fixés pour répondre aux besoins croissants du continent. Actuellement, 10 à 19 milliards de dollars sont investis chaque année. D'ici à 2030, il faudra investir au moins 30 milliards de dollars supplémentaires par an. Environ 50 milliards de dollars par an, soit 40 dollars par Africain et par an, sont nécessaires pour assurer la sécurité de l'eau et l'assainissement durable en Afrique d'ici à 2030. Le déficit d'investissement est encore plus important pour réaliser la Vision africaine de l'eau 2025, qui nécessite 64 milliards de dollars par an, selon la Banque africaine de développement (BAD).

Un plan d’action en 5 axes à mettre en œuvre pour assurer un accès à l’eau potable et à l’assainissement durable

Afin de mobiliser au moins 30 milliards de dollars par an, le Panel propose un plan d'action en cinq points à l'intention des Chefs d'État et de gouvernement, des entreprises et des dirigeants mondiaux. Il s’agit d’abord d’établir un leadership politique intersectoriel au plus haut niveau avec l'engagement d'augmenter substantiellement les budgets et les investissements publics pour la sécurité de l'eau et l'assainissement durable. L'eau affecte tous les secteurs économiques et sociaux. Un leadership intersectoriel est donc essentiel. Puis, il est question de suivre les progrès et renforcer la responsabilité mutuelle pour les résultats dans la mobilisation des investissements dans le secteur de l'eau et dans les mécanismes d'évaluation par les pairs aux niveaux continental, régional, national, sous-national et communautaire. De même, jugent ces experts, il est essentiel d'allouer au moins 5% des budgets nationaux au secteur de l'eau et de l'assainissement et 0,5% du PIB par an aux programmes d'assainissement et d'hygiène.

Ensuite, mobiliser de nouvelles sources de financement et des financements innovants tout en soutenant activement les plateformes de mise en relation pour rapprocher l'offre et la demande de financement, en mettant l'accent sur la résilience climatique, le financement mixte public-privé et les approches transformatrices en matière d'égalité des sexes. Le quatrième point du plan d’action du Panel porte sur le renforcement de la réglementation institutionnelle pour les investissements dans le domaine de l'eau et la création des incitations et des pénalités pour une meilleure utilisation de l'eau dans de multiples industries afin de mener des efforts de gestion de l'eau, de biodiversité et de protection des écosystèmes. Enfin, le Panel recommande d’utiliser l'ODA pour réduire les risques liés aux investissements dans le secteur de l'eau et tirer parti de flux de financement plus importants et améliorer la capacité de mise en œuvre et la qualité des projets susceptibles d'être financés. Le tout assorti d’un renforcement de la coopération internationale en alignant le soutien technique et financier sur les programmes, stratégies et plans régionaux, transfrontaliers, et nationaux d'investissement dans le domaine de l'eau.

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