Entretien avec l'ambassadeur de la République de Corée au Maroc, Keeyong Chung

Le Matin : La République de Corée et le Maroc viennent de célébrer le 61e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Comment évaluez-vous les relations entre les deux pays, particulièrement celles économiques ?

Keeyong Chung : Le Maroc et la Corée entretiennent des relations politiques ancestrales. Il suffit de savoir que l'ambassade de Corée à Rabat est la première représentation diplomatique permanente de Séoul sur le continent africain. Par ailleurs, depuis l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en juillet 1962, les liens entre Rabat et Séoul ont connu une évolution considérable dans tous les domaines. En effet, les deux pays ont accumulé une relation solide basée sur la confiance. Néanmoins les échanges commerciaux entre les deux pays sont restés en dessous des attentes affichées de part et d’autres, mais aussi en comparaison avec les potentialités qu’offrent les deux pays.

Pourriez-vous nous donner une idée sur le volume des échanges économiques entre les deux pays ?

Comme je l’ai déjà mentionné, le volume des échanges économiques entre les deux pays reste très modeste et ne dépasse pas les 500 millions de dollars américain par an, ce qui représente moins de 1% des exportations de la Corée vers le monde. S’agissant de la nature des échanges, ils portent essentiellement sur les pièces de rechange de véhicules. Ce faible volume des échanges s’explique par le fait que les deux pays disposent de partenaires économiques traditionnels, bien qu’ils cherchent à diversifier leurs marchés. S’agissant des investissements, ils restent également très modestes des deux côtés. Cela s’explique par plusieurs raisons. Il y a lieu de citer la méconnaissance du marché marocain par les entreprises coréennes, ce qui ne les encourage pas à venir investir au Maroc.

Ainsi, pour surmonter ce problème de manque d’information, l’ambassade œuvre à faire connaître les opportunités d’investissement au Maroc auprès des sociétés coréennes. Nous essayons également d’accompagner les entreprises coréennes qui souhaitent s’installer au Maroc en intervenant pour régler les problèmes administratifs qu’elles peuvent rencontrer.Par ailleurs, l’ambassade œuvre pour institutionnaliser la coopération avec le Royaume en menant des études pour avoir une visibilité sur les accords de partenariat économique déjà conclus dans le but d’élaborer des accords qui n’incluent pas seulement les échanges économiques, mais aussi l’investissement.

Votre ambassade finance plusieurs projets sociaux au Maroc. Pourriez-vous nous en parler ?

Effectivement, le gouvernement coréen mobilise chaque année un budget de 5 millions de dollars pour apporter des coopérations de développement au Royaume, notamment dans le domaine des énergies renouvelables. Par exemple, la Corée a déjà lancé un projet de don de plusieurs bus électriques pour la ville de Marrakech à partir de cette année et prévoit de mener la même action pour la ville de Rabat. Outre cette assistance, la Corée propose des formations techniques au personnel de la santé dans le domaine de la santé maternelle. C’est dans ce cadre d’ailleurs que s’inscrit l’opération de financement du projet de don de matériel médical initié par l’Ordre militaire de Malte et qui consiste en l’octroi de 47 couveuses qui seront distribuées à plusieurs hôpitaux hors l’axe de Rabat-Casablanca.

L’ambassade compte-elle entreprendre d’autres initiatives du genre à l'avenir ?

L’ambassade reste ouverte au lancement d’autres initiatives, mais nous attendrons d’avoir une visibilité sur l’impact de ce projet au futur.