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Généraliser l’enseignement de l’amazigh, c’est sauver un patrimoine qui se perd (Rachid Raha)

Le président de l’Assemblée mondiale amazighe appelle à  la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe pour sauver ce patrimoine de la disparition. Quatre années aprés la promulgation d’une loi organique fixant le processus de mise en Å“uvre du caractére officiel de la langue amazighe, l’officialisation de la langue amazighe se heurte encore à  quelques obstacles. Intervenant dans le cadre de l’émission « l’Info en Face», Rachid Raha, qui préside aussi la Fondation méditerranéenne David Montgomery HART des études amazighes, revient sur les enjeux de ce chantier et sur les défis à  relever pour le mener à  bien.

Généraliser l’enseignement de l’amazigh, c’est sauver un patrimoine qui se perd (Rachid Raha)

La généralisation de l’enseignement du tifinagh dans le préscolaire et le primaire constitue la clé de voûte de l’officialisation de la langue amazighe et de la préservation de ce patrimoine culturel, a souligné Rachid Raha, président de l’Assemblée mondiale amazighe, qui était l’invité de l’émission «L’Info en Face» du Groupe le Matin. En effet, malgré la bonne volonté affichée par le gouvernement pour accélérer le processus d’officialisation de la langue à travers le lancement de plusieurs projets, cet effort se heurte au retard accusé dans la généralisation de l’enseignement de la langue.

M. Raha fait état de seulement un demi-million d’élèves qui suivraient des cours de tifinagh sur les 3 millions existants. Pour lui, c’est «scandaleux». «Pourtant, contrairement au gouvernement précédent, qui était au pouvoir de 2011 à 2021, et qui avait tout fait pour bloquer l’officialisation de la langue amazighe, ce gouvernement a affiché ses bonnes intentions dès son investiture. C’est sous l’ère de Aziz Akhannouch, un Chef du gouvernement d’origine berbère qu’un coup d’accélérateur a été donné au chantier de l’officialisation de la langue amazighe qui piétine depuis dix ans. Nous avons assisté au recrutement d’agents d’accueil amazighophones, à la mise en place de traducteurs dans les tribunaux.

L’officialisation de la langue amazighe avance lentement

Pas moins de 300 millions de dirhams ont été affectés par la loi de Finances de 2023 au chantier de promotion de l’usage de l’amazigh dans les administrations en 2023. Mais pour autant, cela reste insuffisant pour sauver cette langue de la disparition», déclare ce fervent défenseur de la langue amazighe. L’officialisation de la langue amazighe avance lentement, dans un contexte où celle-ci se perd chaque jour, déplore-t-il. Une situation due entre autres à sa faible présence au sein des écoles à cause du faible taux d’encadrement. En effet, seuls 400 enseignants en tout pour tout assurent l’enseignement de la langue à travers le Royaume, alors qu’il en faudrait 20.000 selon les Nations unies. De l’aveu même du ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, il existe un manque en termes d’enseignants chargés d’enseigner cette langue. Selon le ministre, il faudrait au moins 20.000 cadres pour pouvoir généraliser l’apprentissage de la langue aussi bien au niveau du primaire que du préscolaire, en supposant que chaque enseignant prenne en charge 6 classes relevant de 6 niveaux différents.

Pourtant, fait remarquer M. Raha, ce ne sont pas les ressources financières qui manquent. En 2019, l’Unesco avait accordé, rappelle-t-il, un budget de 500 millions de dollars au Royaume pour promouvoir l’enseignement des langues maternelles. La même institution s’apprêterait à accorder un autre budget de 250 millions de dollars pour la même fin. «Tout ce que je souhaite, c’est que ce budget soit déployé à bon escient, c’est pourquoi j’espère pouvoir rencontrer bientôt le Chef du gouvernement et le ministre de l’Éducation national afin de pouvoir discuter de la stratégie de généralisation de l’enseignement de la langue au sein du préscolaire et du primaire», affirme ce militant. M. Taha estime par ailleurs que la généralisation de la langue est une urgence, car l’école devra désormais se substituer au rôle joué jadis par les parents d’origine amazighe et qui font désormais le choix de parler arabe à leurs enfants, parce que leur langue maternelle n’est pas celle du travail ni celle de l’ascenseur social.

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