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En ces temps de canicule, rien de tel qu’une bonne baignade rafraîchissante en mer. Mais la peur de tomber nez à nez avec un requin fait hésiter plus d’un. Après la diffusion de plusieurs vidéos montrant ces animaux impressionnants à proximité des baigneurs dans les côtes espagnoles et françaises ces dernières semaines, de nombreux Marocains expriment leur inquiétude sur les réseaux sociaux. Le triste incident du jeune touriste russe tué en pleine baignade, le 8 juin dernier à Hurghada en Égypte, par un requin blanc a également traumatisé plusieurs personnes qui ont peur de se rendre aux plages du littoral méditerranéen où la présence des squales est suspectée. «Nous n’avons jamais senti les requins aussi proches de nous. Cela fait froid dans le dos. Tomber sur ce prédateur en pleine baignade est l’une de mes plus grandes phobies. Malheureusement, c’est fini la plage pour moi, je n’y vais plus», affirme Sahar, jeune influenceuse sur Instagram.
La peur des requins proches des plages est-elle vraiment justifiée ?
Doit-on réellement éviter de se baigner dans les plages du Nord Marocain ? Eh bien, la réponse est non. Contacté par nos soins, Dr Mohamed Malouli Idrissi, directeur de l’Institut national de recherche halieutique (INRH) Tanger, affirme que le risque de se faire attaquer par un requin sur les côtes marocaines est très rare. «Les eaux marocaines comptent pas moins de 40 espèces de requins. Et ceci n’est pas nouveau ! La plupart de ces espèces ne représentent aucun danger. Même si certains ont des tailles impressionnantes, ils sont totalement inoffensifs et se nourrissent essentiellement d’algues et de plancton», explique Dr Malouli. «Ce n’est pas la peine de s’inquiéter suite à la diffusion des vidéos montrant des requins sur les côtes européennes. Il faut savoir que nous suivons de près la situation au niveau des eaux marocaines, particulièrement durant la période estivale. Nous effectuons des tournées hebdomadaires pour vérifier la présence de nouvelles espèces dangereuses, mais il n’y a rien d’alarmant à signaler», rassure-t-il.
Le groupe d'orques repéré l'année dernière au large de Tanger se trouve actuellement en Espagne
Le directeur de INRH Tanger a également souligné que les tournées hebdomadaires des équipes de l’Institut ont permis de confirmer que le groupe d’orques qui attaquait les barques de pêche artisanale, au large de Tanger, l’année dernière a quitté les eaux marocaines. Ces mammifères se trouvent actuellement en Espagne, affirme-t-il.
Les experts recessent près de 10 attaques mortelles de requins par an dans le monde
Il est vrai que dans les films tels que «Les Dents de la mer», on fait passer les requins pour des mangeurs d’hommes, mais en réalité les humains ne font pas du tout partie du régime alimentaire de ces prédateurs. Plusieurs d’entre eux sont herbivores. Quant aux carnivores, ils préfèrent les poissons, les calmars… Les spécialistes assurent que le nombre d’attaques mortelles de requins sur les humains est bien plus limité que ce que l’on imagine. «La majorité des espèces de requins ne pose pas de danger aux humains. Bien au contraire, ils remplissent des rôles divers et importants dans l’écosystème.
Au niveau mondial, seulement 3 espèces sont responsables de plus de 90% des accidents mortels : le requin blanc, le requin-taureau et le requin-tigre. Et de ces espèces on trouve seulement le requin blanc dans la Méditerranée qu’on a de très rares chances de croiser, car il est en danger critique d’extinction dans cette mer. Il faut aussi savoir que dans le monde entier il y a en moyenne moins de 10 accidents mortels par année», explique Simone Niedermueller, coordinatrice des Projets requins au Fonds mondial pour la nature (WWF Méditerranée) dans une déclaration accordée au «Matin».
Les réseaux sociaux à l'origine de la psychose autour d'une présence menaçante des requins et orques dans la méditerranée
Mais pourquoi avons-nous l’impression que le nombre de requins qui rôdent près des plages méditerranéennes est plus important ces dernières années ? D’après Simone Niedermueller, ce sont les réseaux sociaux qui amplifient ce phénomène. «Dans la Méditerranée, il y a 73 espèces de requins et de raies dont 63% sont menacés. Leurs populations ne cessent de diminuer : moins 90% si on compare avec les données il y a 30 ans. Mais aujourd’hui avec les réseaux sociaux et les téléphones mobiles qui permettent de prendre des photos et vidéos facilement pour les partager ensuite, nous avons l’impression que leur nombre augmente», indique-t-elle.
Pourquoi les requins se rapprochent des côtes ?
S’agissant des raisons qui poussent les requins à se rapprocher des côtes, les scientifiques expliquent que cela peut être dû à leur migration vers d’autres eaux ou en raison des courants forts qui les poussent. Ils peuvent aussi se rapprocher des côtes lorsqu’ils ont un comportement inhabituel quand ils sont malades. «Pour la question de l’impact du réchauffement climatique sur le comportement des requins et le changement de leur lieu d’habitat, il faut dire qu’à ce jour il n’existe pas de preuve pour le confirmer. Il sera donc aussi important de réaliser plus de recherches scientifiques sur les raies et les requins dans la Méditerranée dans ce sens avant de tirer des conclusions», souligne la spécialiste des requins.
Comment réagir face à un requin ?
Cette dernière indique que même si le risque d’un incident fatal dans la Méditerranée est très petit, il est important de savoir comment se comporter en la présence de requin sur la côte. «Il ne faut pas s’aventurer seul dans les profondeurs. Il faut toujours rester en groupe, car les requins sont plus susceptibles d’attaquer un individu seul. Il faut aussi éviter d’être dans l’eau pendant l’obscurité lorsque les requins sont les plus actifs et ont un avantage sensoriel compétitif. En cas d’attaque, il est recommandé d’essayer de frapper le requin sur le nez, cela l’amène généralement à réduire temporairement son attaque. Il faut essayer de sortir de l’eau à ce moment», recommande la spécialiste.
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