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Financement de la santé au Maroc : réduire les dépenses directes des ménages est le défi n°1

Le financement de la santé au Maroc a été au centre d'une rencontre organisée jeudi 8 juin à Casablanca, par la Chambre de commerce britannique. La réduction des dépenses directes des ménages ressort comme l'un des principaux défis, car elles représentent près de la moitié des dépenses de santé, contre 25% recommandés par l'OMS.

Financement de la santé au Maroc : réduire les dépenses directes des ménages est le défi n°1
La Chambre de Commerce Britannique pour le Maroc a organisé, jeudi 8 juin 2023, une conférence hybride sous le thème « Financement de la Sante au Maroc : entre progrès et défis» avec la participation d’intervenants de premier plan.

«Le financement de la santé au Maroc : Entre progrès et défis». C'est le thème d’une conférence organisée jeudi dernier à Casablanca par la Chambre de commerce britannique (BritCham) pour le Maroc. Cette rencontre avait pour objectif de mettre en lumière les défis et les opportunités liés à la mise en place d’un système de santé universel et de qualité au Maroc. «Le financement de la santé est un enjeu majeur pour le développement humain et économique d’un pays. Il s’agit de mobiliser les ressources nécessaires pour assurer l’accès aux soins de qualité, la protection sociale et la promotion de la santé publique. Au Maroc, le système de financement de la santé a connu des réformes importantes ces dernières années, visant à améliorer la couverture sanitaire, la régulation du secteur et l’efficience des dépenses. Néanmoins, plusieurs défis persistent», a souligné Adil Chikhi, secrétaire général de la BritCham au Maroc, à l’ouverture de cette rencontre.

Les participants à cette conférence ont abordé différentes approches pour répondre aux besoins de la population en matière de santé, et comment ces approches peuvent être financées de manière durable. Il s'agit notamment d'adapter le financement en fonction des priorités de santé, de réviser la gouvernance des hôpitaux publics en instaurant des Groupements de Santé Territoriaux pour plus d'autonomie et d'autofinancement, ainsi que d'utiliser l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO) comme levier pour améliorer le financement du système de santé. Ces mesures visent à optimiser les ressources et à améliorer les résultats de santé de la population de manière équitable et accessible à tous.

Les dépenses de Santé représentent près de la moitié du budget des ménages

«Il est important de mettre en place un système de financement durable en se basant sur le nouveau modèle de développement et la réforme de la protection sociale. Et ce notamment à travers la sécurisation du financement de l’assurance maladie, le renforcement de l’autonomie hospitalière et la séparation des fonctions entre le financement et l’offre de soins», a déclaré Abdelouahab Belmadani, directeur de la Planification et des ressources financières au ministère de la Santé et de la protection sociale. Et d’ajouter que «l’un des principaux défis à relever, aujourd’hui, est de réduire les dépenses directes des ménages au profit de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Elles représentent près de la moitié des dépenses de santé alors que les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé stipulent que la contribution des ménages ne doit pas dépasser les 25%». Le responsable a, par ailleurs, souligné l’importance de coordonner les efforts entre les secteurs privé et public pour répondre aux besoins de la population et réussir la refonte du système de santé.

De son côté, Said Addi, chef de la Division des secteurs sociaux à la direction du Budget au ministère délégué chargé du Budget, a rappelé que le budget du ministère chargé de la Santé est passé de 10,46 milliards de DH en 2010 à 28,12 milliards de DH en 2023, soit une augmentation de 17,66 milliards de DH, dont 8 milliards consacrés à la mise à niveau des infrastructures sanitaires et au renforcement de leurs équipements. «Parallèlement à ces efforts, durant la période 2014-2022, l’État a mobilisé plus de 13,6 milliards de dirhams dans le cadre des disponibilités du Fonds d’appui à la protection sociale et à la cohésion sociale pour le financement du Ramed qui a été transformé en “AMO-Tadamon” depuis le 1er décembre 2022», a-t-il noté. M. Addi a également fait savoir que 9,5 milliards de DH ont été consacrés par la loi de Finances 2023, à la prise en charge des personnes assujetties actuellement aux régimes «AMO-Tadamon» et 8 milliards de DH à la mise à niveau du système de santé national.

Les thérapies innovantes et les nouveaux médicaments font partie de la maîtrise budgétaire

Dre Ilham Mouhlal, directrice des Affaires médicales à la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), est pour sa part revenue sur le rôle de la Caisse dans la généralisation de la couverture médicale de base, mais également dans la stratégie nationale de financement du système de santé. «La CNSS a lancé plusieurs projets pour réussir l’extension de la couverture médicale à tous les citoyens. Elle a également procédé au renforcement de ses effectifs et à l’extension de son réseau pour assurer une couverture nationale optimale», a affirmé Dre Mouhlal.

Pour sa part, Myriem Tamimy, présidente de l'association des Entreprises de médicaments au Maroc (LEMM) a indiqué, lors de son intervention, que les médicaments peuvent contribuer à réduire les dépenses de santé en diminuant le nombre d’hospitalisations et d’autres coûts directs de santé. «Les médicaments permettent de réaliser des économies importantes pour les systèmes de soins de santé lorsqu’ils sont utilisés correctement. Aussi, les thérapies innovantes et les nouveaux médicaments font partie de la maîtrise budgétaire et permettent de contenir les coûts futurs des soins de santé», a-t-elle affirmé. «Si nous nous intéressons au patient en tant qu’acteur économique, une personne atteinte d’un cancer par exemple a 4 fois plus de chance de se retrouver au chômage qu’une personne en bonne santé. Aujourd’hui, grâce aux thérapies innovantes, 4 sur 5 personnes et qui ont été guéris arrivent à reprendre le travail et donc une réinsertion économique et sociale », a commenté Mme Tamimy.

Lire aussi : AMO : la mise à jour de la tarification de référence devient urgente (président du CNOM)

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