Une réunion de la présidence de la majorité est «pour bientôt». C’est ce qu’assure une source proche du chef de la majorité gouvernementale. Il faut dire qu’il était temps. Vu le contexte actuel, marqué par une hausse considérable des prix, des voix, même au sein de la majorité, se sont élevées pour dénoncer la cherté de la vie.
Dans ce cadre, le Parti authenticité et modernité (PAM) vient d’appeler à une «réunion d’urgence» de la direction de la majorité gouvernementale. Le PAM, suite à une réunion de son bureau politique, mardi, présidée par le secrétaire générale du parti, Abdellatif Ouahbi, consacrée à l'examen de l’actualité politique nationale, s’est longuement attardé sur la question «des pressions économiques et sociales que vit le pays et qui se sont reflétées, dans une grande mesure, sur les prix et par conséquent sur le pouvoir d’achat des citoyens», souligne le parti dans un communiqué publié à l’issue de cette réunion (communiqué qui n’a été publié que jeudi).
HCP et Bank Al Maghrib au menu de la réunion de la majorité initiée par le PAM
Compte tenu de cette situation, «le bureau politique du parti a décidé d’appeler à une réunion urgente de la majorité afin d’examiner les derniers développements de la situation économique et ses répercussions délicates sur le quotidien de nombreuses catégories de la société», précise le parti dans son communiqué. Ce n’est pas tout. Les membres du bureau politique du PAM ont, en quelque sorte, souligné un autre point, important, à intégrer dans l’ordre du jour de la réunion imminente de la majorité. Il a appelé à examiner les rapports «de certaines institutions constitutionnelles et stratégiques qui s’intéressent aux questions d’ordre financier et économique», sans les nommer. Allusion aux dernières sorties de Bank Al-Maghreb (BAM) et du Haut-Commissariat au Plan (HCP) par rapport au sujet de l’inflation.
Le PAM se démarque de ses alliés au sein de la majorité
En appelant à une réunion de la direction de la majorité, le PAM se démarque de ses alliés de la coalition gouvernementale. Certes, il n’enfreint pas les dispositions de la charte de la majorité, mais il montre, quelque part, que c’est un parti à l’écoute des préoccupations des citoyens et qui prend des initiatives. Une position qui lui permet de se démarquer et qu’il pourra exploiter, selon certaines analystes, même si la réunion de la majorité ne se tient pas. Une réunion pour laquelle il fixe déjà les points à examiner, notamment des sujets qui font partie des questions très attendues par les électeurs et les touchent directement : la cherté de la vie et l’inflation qui sont déterminants en matière de pouvoir d’achat. Un sujet qui est sur toutes les lèvres et tout particulièrement chez les forces de l’opposition. En effet, selon certains analystes, le PAM a fait preuve d’opportunisme en quelque sorte, sachant que la réunion de la plus haute instance de la majorité était, de toute façon, imminente. En effet, selon la charte, la présidence de la majorité gouvernementale tient deux réunions annuelles : avant l’ouverture des sessions parlementaires d’automne et du printemps.
L’attitude opportuniste du PAM est confirmée par ailleurs, selon des observateurs, par le fait qu’il a invité le comité des experts de son parti à intensifier les réunions pour aborder ces questions et leurs effets socio-économiques sur les citoyens, alors que la majorité est dotée d’une instance dédiée à cet effet : le «le comité des experts de la majorité gouvernementale»
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Les objectifs socio-économiques de la charte de la majorité
La charte de la majorité signée en décembre 2021 par les trois composantes de la coalition gouvernementale, le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité et le Parti de l’Istiqlal, souligne l’action des trois alliés, ensemble, pour hisser le taux de développement pour atteindre 4% au cours du mandat de l’actuel gouvernement. Les objectifs quatre, cinq, six et suivants de la charte de la majorité soulignent aussi l’engagement, en plus de l’opérationnalisation du chantier de la protection sociale, à repêcher un million de familles de la pauvreté et de la marginalisation, la protection de la classe moyenne, la mise sur pied des conditions économiques et sociales pour l’éclosion d’une classe moyenne agricole dans le monde rural. Or en l’état actuel des choses, la flambée des prix des matières de première nécessité, qui prend des dimensions de plus en plus alarmantes, rend la réalisation de ces objectifs difficile à atteindre.
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