Bien qu’elles soient appelées à jouer un rôle important dans la promotion des investissements et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs, les Chambres professionnelles peinent à remplir pleinement leurs missions, à cause des difficultés qui limitent leurs prérogatives. Ces questions et bien d’autres ont été justement soulevées dans le cadre de la première session inaugurale du Forum parlementaire des Chambres professionnelles organisé lundi dernier par la Chambre des conseillers à Rabat, sous le thème «Les Chambres professionnelles et les défis de promotion des investissements».
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Lors de cette rencontre, il était question d’examiner les moyens à mettre en œuvre afin de renforcer le rôle de ces instances dans la dynamisation des investissements et la création d’emploi. À cette occasion, le président de la Fédération des Chambres de commerce, d'industrie et des services (CCIS), Lhoucine Alioua, a passé en revue les différentes entraves que rencontrent les membres de ces instances dans leurs actions. Il y a lieu de citer la faiblesse des pouvoirs attribués aux Chambres professionnelles dans le cadre de leurs statuts, car elles ne sont toujours pas considérées comme des acteurs dans les procédures de création des entreprises et l’octroi des licences d’exercice et d’enregistrement au niveau du Registre de commerce.
«Force est de constater que la présence des Chambres dans les conseils et commissions d’octroi des licences d'investissement est seulement à titre consultatif. Par conséquent, ces instances se trouvent limités dans leur rôle et ne peuvent pas aspirer à participer à l'attraction des investissements étrangers, malgré le fait qu’elles entretiennent d’excellentes relations sur le plan international, que ce soit avec leurs homologues à l’étranger ou encore avec des institutions économiques internationales. Les Chambres professionnelles ne disposent par ailleurs d’aucune prérogative en ce qui concerne les zones industrielles et les autres infrastructures d’investissement», note le même intervenant.
Les doléances des Chambres professionnelles exposées devant les conseillers
M. Alioua a soulevé par ailleurs le problème de l’annulation de la représentation des Chambres de commerce, d'industrie et de services au niveau des conseils élus, notamment les Conseils des régions, des provinces et des communes. «Les Chambres professionnels ne peuvent par ailleurs prendre aucune décision au niveau des conseils d'administration des établissements publics dont ils sont membres, puisque leur rôle est consultatif. Une situation qui impacte négativement le rôle de plaidoyer et de proposition que ces instances peuvent jouer. Nous notons avec beaucoup d’amertume la régression des rôles des Chambres. Je vous donne un exemple, ces instances n’ont pas été consultées dans plusieurs régions lors de l’élaboration du plan de développement régional (PDR). Par ailleurs, ces instances ont été exclues du tour de table du Conseil supérieur de l’éducation», s’exclame le président de la Fédération qui déplore par ailleurs l’absence d’un statut juste et encourageant pour les employés des Chambres professionnelles, à l’image de ce qui existe pour les autres institutions publiques.
Ahmed Reda Chami président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a estimé dans ce sens que les Chambres professionnelles et leurs membres doivent transcender les difficultés et disposer d’une forte volonté pour accomplir les missions qui leur sont attribuées en matière de développement de l’économie et de dynamisation des investissements et de trancher sur la question de vouloir jouer un rôle politique ou économique. Le président du CESE a fait remarquer par ailleurs que les Chambres professionnelles ont tout le mérite de participer activement dans la mise en œuvre du chantier de l’investissement productif sur le plan territorial, compte tenu de leur légitimité électorale et leur large représentation sectorielle ainsi que leur potentiel qui peut les habiliter à jouer des rôles importants au futur.
Ryad Mezzour sollicite les Chambres professionnelles pour accompagner les PME
Le ministre de l’Industrie et de commerce, Ryad Mezzour, a appelé lors de ce forum les Chambres professionnelles à prendre des mesures concrètes afin d'accompagner le développement des petites et moyennes entreprises industrielles et commerciales et de services. Le responsable gouvernemental a sollicité par ailleurs ces structures pour favoriser un climat d'affaires approprié, en plus de fournir les informations nécessaires aux investisseurs sur les opportunités d'investissement, les marchés locaux et régionaux, les lois et les aides financières disponibles. Il a également mis l’accent sur l’importance de soutenir l'innovation, la recherche et le développement, et d'accélérer et développer les compétences au niveau des régions.
