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L'envolée des prix à l'importation en 2022 à l'origine de l'inflation au Maroc

Analyse édifiante du Haut-Commissariat au Plan sur l’évolution des prix des importations et exportations sur la période 2020-2022. Les variations ainsi observées viennent expliquer l’origine de l’inflation importée et qui a contaminé automatiquement une bonne partie de l’offre sur le marché local, l’inscrivant dans une spirale inflationniste infernale. Les prix ont ainsi augmenté de 10,3% pour les importations et de 13,2% pour les exportations en 2021. Cette montée en flèche s’est poursuivie en 2022, atteignant plus de 25% en glissement annuel pour les importations et plus de 21,2% pour les exportations, avec un pic spectaculaire au 2e trimestre, soit 30,2% pour les premières et 28% pour les secondes.

L'envolée des prix à l'importation en 2022 à l'origine de l'inflation au Maroc

Les prix du commerce extérieur auront épousé une tendance haussière plus ou moins importante à partir de 2021. Ces indices qui mesurent les variations des valeurs unitaires à l’importation et à l’exportation ont ainsi augmenté de 10,3% pour les importations et de 13,2% pour les exportations. Cette tendance à la hausse des prix s’est poursuivie en 2022, atteignant plus de 25% en glissement annuel pour les importations et plus de 21,2% pour les exportations, avec un pic spectaculaire au deuxième trimestre, soit 30,2% pour les premières et +8% pour les secondes.

Les raisons de la hausse des prix au niveau mondial 

Selon une analyse du HCP, à l’importation comme à l’exportation, les variations depuis 2019 peuvent être structurées en trois temps. D’abord, en 2020, la pandémie de la Covid-19 a fait baisser significativement les valeurs unitaires : au quatrième trimestre 2020, les prix à l’importation étaient en baisse de 6,7% par rapport à 2019, ceux de l’exportation ont reculé de 2,7%. Les prix se sont ensuite progressivement redressées, suivant la reprise de l’activité économique, et ont retrouvé globalement leurs taux de variation d’avant la crise au premier trimestre 2021 : +1,2% sur un an pour les importations et +1,8% pour les exportations. Depuis le deuxième trimestre 2021, la vive reprise économique mondiale a généré une très forte demande entraînant une envolées des cours des matières premières.
À ce contexte inflationniste s’ajoutent en mars 2022 les tensions engendrées par la guerre en Ukraine qui provoquent de nouvelles envolées des prix (pétrole, gaz, métaux, matières premières, produits alimentaires, etc.). Résultat des courses, les prix à l’importation ont enregistré une variation de 44,5% entre le quatrième trimestre 2020 et le deuxième trimestre 2022. Ceux de l’exportation ont, quant à eux, évolué dans le même sens affichant une progression de 39,5%.

Énergie et lubrifiants : les prix à l’import explosent en 2022

En glissement annuel, les prix à l’importation ont augmenté de 30,2% au deuxième trimestre 2022. Ceux des produits de l’énergie et lubrifiants étaient particulièrement en très forte hausse, soit plus de 95% sur un an. De même, les prix à l’exportation ont enregistré un record de 28% avec notamment un accroissement de 92% pour les demi-produits. Enfin, au troisième trimestre 2022, les prix aussi bien à l’importation qu’à l’exportation se sont inscrits en décélération pour la première fois depuis le quatrième trimestre 2020 enregistrant 26,6% après 30,2% à l'import et 22,8% après 28,0% à l'export. Ce qui a signalé un début de renversement de la tendance haussière confirmée au quatrième trimestre 2022 avec des variations en glissement annuel nettement inférieures : +16,7% pour les importations et +10,7% pour les exportations.

Selon l’analyse du HCP signée par Fatiha Zoumman et Youssef Fliflou, les demi-produits ont constitué 22% des importations en valeurs en 2020 et 2021 et 23% en 2022. Leurs indices de valeurs unitaires ont progressé de 57,5% entre le premier trimestre 2020 et le quatrième trimestre 2022. Ce résultat est principalement attribuable au renchérissement des valeurs unitaires de l’ammoniac (+406,2%), des produits chimiques (+53,6 %), des papiers et cartons, ouvrages divers en papiers et cartons (+45,7 %) et des matières plastiques et ouvrages divers en plastique (+33,2%). Pour sa part, le groupement d’utilisation alimentation, boisson et tabac a constitué 13% des importations en valeurs en 2020, 11% en 2021 et 13% en 2022. Son prix a progressé de 53,6% sur la même période, suite essentiellement au renchérissement du blé (+87,2 %), du maïs (+128,1%) et du sucre brut ou raffiné (+43,2%).

Phosphates : les prix remontent de 217,4%

À l’importation, les groupements d’utilisation qui ont le plus concouru aux évolutions constatées au niveau global en fonction de leurs pondérations sont l’énergie et les lubrifiants, les demi-produits et les produits de l’alimentation, boisson et tabac. Le groupement d’utilisation énergie et lubrifiants a constitué 12% des importations en valeurs en 2020, 14% en 2021 et 21% l’année suivante. Le prix à l’importation globale a progressé de 34,8% entre le premier trimestre 2020 et le quatrième trimestre 2022, suite notamment au rebond de 73,3% enregistré par les valeurs unitaires du groupe énergie et lubrifiants. À l’exportation, ce sont surtout les demi-produits, les produits finis de consommation et les produits finis d’équipement industriel qui ont connu les hausses les plus importantes et les plus influentes du fait de leurs pondérations élevées. Ces trois groupes ont constitué à eux seuls plus de 70% des exportations en valeurs sur la période 2020-2022.

Entre le premier trimestre 2020 et le quatrième trimestre 2022, le prix à l’exportation a progressé de 37,8 % suite à l’accroissement de 107,8% des valeurs unitaires des demi-produits, en l’occurrence les engrais naturels et chimiques (+179,7 %) et l’acide phosphorique (+67,6 %). En outre, les phosphates, principal produit du groupement produits bruts d’origine minérale, ont vu leurs prix remonter de 217,4%.
Les produits finis d’équipement industriel se sont renchéris de 36,5%. Cette hausse est particulièrement imputable à l’augmentation des prix des fils, câbles et autres conducteurs isolés pour l’électricité (+48,2%) et des parties d’avions et d’autres véhicules aériens ou spatiaux (+45,7%). De leur côté, les prix des produits finis de consommation se sont accrus de 9,1%, notamment ceux des voitures de tourisme (+19,6%) et des parties et pièces pour voitures et véhicules de tourisme (+18,5%).
Par ailleurs, les termes de l’échange annuels, qui sont définis par le ratio de l’indice des valeurs unitaires à l’exportation à l’indice des valeurs unitaires à l’importation, ont augmenté de 2,6% en 2021 suite à la hausse des prix des exportations de 13,2% contre seulement 10,3% pour les importations. Par ailleurs, cet indicateur a diminué de 3% en 2022 en raison de la progression des IVU des exportations (+21,3 %), moins importante que celle des IVU à l’importation (+25,0%).

En rythme trimestriel, les termes de l’échange se sont nettement améliorés en 2021 suite à une progression des prix à l’exportation plus accélérée que celle des prix à l’importation. Le premier trimestre 2022 a marqué une dégradation de ce ratio pour s’établir à un taux neutre de 99,9%. Les deux trimestres médians de l’année 2022 ont connu un redressement des termes de l’échange. Toutefois, le fort infléchissement des valeurs unitaires à l’exportation relativement à celles des importations a fait que cet indicateur s’est replié au quatrième trimestre 2022.

Lire aussi : L’inflation au Maroc est purement monétaire (Nabil Adel)

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