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Séisme d’Al Haouz : à l'hôpital des FAR d’Asni, on panse les plaies du corps, mais aussi celles des âmes endolories

Près de six jours après le fort séisme qui a frappé le Maroc, la lutte pour sauver des survivants ensevelis encore sous les décombres et pour venir en aide aux populations sinistrées se poursuit avec courage et détermination. Dans la commune d’Asni, les habitations complètement détruites et les douars en ruine offrent un spectacle désolant. Au milieu de cette scène lugubre où la vie reprend petit à petit ses droits, se dresse l’hôpital déployé par les Forces Armées Royales sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Dans cet hôpital médico-chirurgical de campagne, des hommes et des femmes en treillis s’affairent jour et nuit pour dispenser les soins médicaux et chirurgicaux nécessaires aux victimes du séisme. Leur rigueur et leur discipline militaire ne leur font pas oublier qu’ils ont affaire à des populations blessées physiquement et endolories moralement.

Près de cinq jours après le fort séisme qui a frappé le Maroc, la lutte pour sauver des survivants ensevelis encore sous les décombres et pour venir en aide aux populations sinistrées se poursuit avec courage et détermination. Dans la région d’Al Haouz, les habitations complètement détruites et des douars en ruine offrent un spectacle affligeant. Les sirènes des ambulances, qui se frayent un chemin dans les pistes sinueuses à flanc de montagne, brisent le silence macabre des lieux. Les convois humanitaires qu’on peut observer de loin, formant des caravanes longues parfois de centaines de véhicules, acheminent leur aide dans un environnement hostile, fait de reliefs, de rocs et d’escarpements abrupts surplombant des vallées profondes.

>>Lire aussi : Séisme au Maroc: Sur Hautes Instructions de S.M. le Roi, les FAR déploient d’urgence des moyens humains et logistiques importants, aériens et terrestres

Sur leur passage, dans un amas de poussière, des rescapés, hommes, femmes et enfants, le regard perdu, ne cachent pas leur soulagement de cet élan de solidarité qui met du baume dans leurs cœurs meurtris. Ici, tout le monde est encore sous le choc. Tout le monde a besoin d’aide et de réconfort. Les besoins sont énormes, surtout en matière de soins pour les blessés. Les pouvoirs publics, qui ont mis tout en œuvre pour prêter main-forte à la population, ne lésinent pas sur les moyens. Même les FAR ont été mises à contribution. Leur professionnalisme, leur réactivité et leur logistique ne peuvent être que les bienvenus.

Hôpital de campagne, un havre de paix

Au milieu de ce spectacle désolant, un havre de paix se présente à Asni : un hôpital déployé par les Forces Armées Royales sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Chef suprême et Chef d’État-Major général des FAR, pour venir en aide aux rescapés du séisme. Dans cet hôpital médico-chirurgical de campagne, des hommes et des femmes en treillis s’affairent jour et nuit pour dispenser les soins médicaux et chirurgicaux nécessaires dans différentes spécialités. Leur rigueur et leur discipline militaire ne leur font pas oublier qu’ils ont affaire à des populations blessées physiquement et endolories moralement. Tout sourire, ils les prennent en charge avec beaucoup d’égard et surtout dans le respect de leur dignité. Et les patients et leurs familles ne sont pas insensibles à cette marque d'attention.

«Nous sommes heureux d’avoir ces personnes qui prennent soin de nous. Elles sont aussi professionnelles que dévouées», nous confie Fatima, qui ne cesse d’exprimer ses remerciements au corps soignant. Il faut dire que dans cet hôpital de campagne, l’organisation n’est pas un vain mot. Dès son entrée, cette femme quadragénaire a été orientée vers une tente qui fait office d’espace d’accueil, avant d’être dirigée vers un généraliste. Elle était accompagnée par une assistante sociale tout au long de son parcours, dès l’auscultation jusqu’à la pharmacie de l’hôpital. Dans cet espace de soins doté de tous les équipements nécessaires, les assistantes sociales sont à pied d’œuvre. Les médecins eux s’activent sans relâche, entre examens, conseils et interventions médicales.

«L’hôpital dispose de 24 médecins de différentes spécialités médicales, comme la pédiatrie, la médecine interne, la médecine générale et également des spécialités chirurgicales comme l’orthopédie, la chirurgie maxillo-faciale, la neurochirurgie, l’ORL et l’ophtalmologie. Cette structure hospitalière est aussi dotée d’un bloc opératoire, d’une pharmacie, d’un laboratoire d’analyses ainsi que d’un espace radiologie. Une cellule psychiatrique composée d’un médecin et 50 assistantes sociales a été mise en place pour le suivi des patients traumatisés», explique le colonel Mohamed Badaoui, médecin.

L'hôpital d'Asni, un maillon fort dans la chaîne de solidarité

Au vu de sa mission et de la mobilisation constante de son personnel, l’hôpital de campagne des FAR installé à Asni constitue un des maillons forts dans la chaîne de solidarité mise en place par tous les intervenants. Alors que les efforts des secouristes s’intensifient dans les zones sinistrées à la recherche des survivants et des blessés, médecins, infirmiers et assistantes sociale sont à l’œuvre 24h/24 pour panser les plaies du corps, mais aussi celle de l’âme. «Nous mobilisons toutes nos forces. La souffrance de ces personnes nous touche. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour les aider à surmonter cette épreuve», souligne un médecin, droit dans ses bottes. L’hôpital gère des centaines de cas chaque jour. Le 11 septembre, il a accueilli 500 cas qui ont bénéficié de soins médicaux et chirurgicaux, ainsi que du suivi psychologique.

Une attention particulière est réservée aux personnes qui souffrent de chocs après le tremblement de terre, notamment les enfants. Les assistantes sociales animent des ateliers de dessin et de peinture à leur attention. L’unité de psychiatrie est sollicitée en permanence. Dans la tente réservée aux patientes, une vielle dame ayant perdu toute sa famille peine à oublier cette dure épreuve. Dans sa langue maternelle, l’amazigh, elle se confie aux assistantes avec beaucoup d’émotion et de courage. «Cette dame est encore sous le choc. Elle a perdu toute sa famille. Elle fait des crises d’angoisse et se réveille perturbée en voulant sortir de l’hôpital», nous explique un infirmier. Comme elle, Milouda, rencontrée dans le camp installé en face de l’hôpital, raconte son infortune. «Je n’en reviens toujours pas. Je suis toujours sous le choc. Je sens toujours l’odeur de la poussière. Je me réveille en sursaut. J’ai envie d’oublier tout cela. Grâce à l’accompagnement des médecins, je me sens plus en sécurité».

Certes, le séisme a été dévastateur pour tous, mais il l’a été beaucoup plus pour les femmes, une catégorie particulièrement vulnérable. C’est ce que confirme le colonel Mohamed Badaoui. «Les femmes enceintes sont sous le choc. Elles ont peur pour leur fœtus et veulent être rassurées. On leur fait subir des échographies», explique ce médecin. Et de préciser que le service de gynécologie de l’hôpital de campagne d’Asni dispose de tous les moyens pour accueillir les femmes enceintes aussi bien pour l’accouchement que pour les autres soins d’urgence. Les cas critiques sont transférés à Tahannaout, vers l’hôpital militaire de Marrakech ou vers le CHU.

Il faut dire que les services offerts par l’hôpital ne se limitent pas aux victimes du tremblement de terre. Les médecins soignent les patients affectés par le séisme, mais aussi ceux souffrant de maladies chroniques. Pour ces malades ayant toujours vécu dans ces zones enclavées où les soins médicaux sont souvent inaccessibles, cet hôpital de campagne est du pain béni. «Je viens ici prendre les médicaments de l’anémie», affirme Hassan Motchouch. Mais son cas n’est pas isolé. D’autres malades viennent recevoir des soins et des médicaments qui ne sont pas liés forcément aux conséquences du séisme. Les médecins et les pharmaciens n’hésitent pas à les prendre en charge et à leur apporter appui et réconfort. Après tout, c’est leur raison d’être et c’est leur vocation. «Cet hôpital restera ici tant que la population aura besoin de soins», conclut le médecin colonel Mohamed Badaoui.

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