Les échanges extérieurs du Maroc avec le reste du monde ont culminé à 1.116 milliards de dirhams en 2022, affichant ainsi une progression de 35,9% sur un an. Selon le rapport 2022 du commerce extérieur que vient de publier l’Office des changes, les importations ont augmenté à un rythme plus rapide que les exportations progressant de 39,5% sur un an à 737,4 milliards de dirhams. Les exportations, quant à elles, s’apprécient de 30,1% à 428,6 milliards. Conséquence, le solde commercial se creuse de 109,7 milliards de dirhams pour s’établir à 308,8 milliards.
>>Lire aussi : Net ralentissement des importations et exportations à fin avril 2023
Les données de l’Office des changes ne révèlent pas de changement dans la physionomie des échanges extérieurs du Royaume avec le reste du monde puisque 58,8% de ces derniers sont, à l’instar des années précédentes, effectués avec l’Europe. Dans le détail, 84,2% de ces échanges sont réalisés avec les pays de l’Union européenne en 2022. Globalement, les échanges avec le vieux continent ont pesé pour 685,8 milliards de dirhams, en amélioration de 26,1% sur un an. Précision importante, le poids de ces flux dans le total des échanges du Maroc baisse, puisqu'il était de 63,4% en 2021. Les échanges sont effectués principalement avec l’Espagne (27,4%), la France (23,1%), l’Italie (7,7%), la Turquie (7,2%) et l’Allemagne (6,4%). En 2022, les transactions avec ces pays progressent de 22,3% avec l’Espagne, 29,1% avec l’Hexagone, 28,9% avec l’Italie, 30,3% avec la Turquie et 33,3% avec l'Allemagne.
Plus d'un cinquième des échanges commerciaux avec l'Asie
Les échanges du Maroc avec l’Asie poursuivent leur montée en flèche, affichant une progression de 59% en 2022. Leur part dans le total des échanges passe du coup de 18,9% en 2021 à 22,1% en 2022. La Chine se positionne toujours en tête de nos partenaires asiatiques avec une part de 30% en 2022, toutefois en baisse par rapport à 2021 (40,2%). Les échanges commerciaux avec la Chine poursuivent leur progression, et ce, pour la onzième année consécutive. Avec une valeur de 77,4 milliards de dirhams en 2022, ils affichent une hausse de 18,7% par rapport à 2021. De même, les transactions effectuées avec les autres principaux partenaires asiatiques enregistrent des améliorations en 2022, soit de 180,8% avec l’Arabie saoudite, 59,4% avec l’Inde et 47,8% avec les Émirats arabes unis.
Les échanges avec l’Amérique épousent la même trajectoire avec une hausse de 51,2% en 2022. Cette montée en flèche outre-Atlantique est le résultat d’une montée des échanges, principalement avec le pays de l’Oncle Sam (+58,8%), l’Argentine (+67,6%) et la Trinité-et-Tobago (+252,6%).Cinq pays concentrent 48,1% des échanges avec l'Afrique
De leur côté, les échanges avec l’Afrique poursuivent leur trajectoire haussière enclenchée en 2021 en affichant un saut de 39,9%. Dans ce tableau, l’Égypte demeure pour la quatrième année consécutive notre principal partenaire africain, suivie de l’Afrique du Sud, qui était classée huitième pays partenaire du Maroc une année auparavant. Viennent ensuite le Djibouti, la Tunisie et la Côte d’Ivoire. Ces cinq pays représentent près de la moitié des échanges avec l’Afrique (48,1%).
Quant aux échanges avec l’Océanie, ils restent limités et représentent à peine 0,3% des échanges du Royaume. Ils enregistrent une baisse de 464 millions de dirhams, générée par le recul des échanges avec l’Australie de 804 millions, mais compensé par la progression des échanges avec la Nouvelle-Zélande (319,1 millions de DH).
Par continent, le Maroc présente un déficit commercial vis-à-vis de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique en 2022. Le déficit commercial vis-à-vis de l’Europe se creuse de 29,7%, passant de 104 milliards de DH en 2021 à 134,9 milliards l’année suivante. La détérioration de la balance commerciale avec la France (-9,2 milliards de DH) et avec l’Espagne (-7,8 milliards) et avec la Fédération de Russie (-5,4 milliards) explique dans une large mesure cette situation. De même, le déficit commercial vis-à-vis de l’Asie se creuse de 48,9 milliards de DH et s’établit à 133,2 milliards en 2022. Ceci est dû principalement à l’aggravation du déficit commercial vis-à-vis de l’Arabie saoudite (-31 milliards) et la Chine (-11,9 milliards). Le solde commercial se dégrade également avec l’Amérique (-35,2 milliards de DH). Il affiche un déficit de 58 milliards de dirhams imputable principalement au creusement du déficit vis-à-vis des États-Unis, de la Trinité-et-Tobago et de l’Argentine. L’excédent enregistré vis-à-vis du Brésil a également baissé en 2022 de 6,5 milliards de DH. L’exception est à relever avec l’Afrique puisque la balance commerciale marque un excédent qui aura doublé. Il est passé à 13,3 milliards de dirhams contre 6,2 milliards en 2021. Cette situation provient essentiellement de l’augmentation de vis-à-vis du Djibouti, de la Mauritanie, du Sénégal et de la Côte-d’Ivoire. Quant à l’excédent commercial avec l’Océanie, il baisse de 1,8 milliard de DH pour s’établir à 597 millions contre 2,4 milliards de DH une année auparavant.
Accord de libre-échange : l’hémorragie se poursuit
Les importations réalisées dans le cadre des Accords de libre-échange (ALE) ont monté de 20,9% en 2022, soit plus de 35,9 milliards de DH. Néanmoins, leur contribution dans les importations totales continue de diminuer : 28,2% en 2022 contre 32,5% en 2021. Ces importations demeurent prédominées par les achats effectués dans le cadre de l’Accord avec l’Union européenne avec une part de 66,6%. En valeur, ils se chiffrent à 138,4 milliards de DH contre 120,3 milliards une année plus tôt. Par pays signataires, cette augmentation est relevée notamment au niveau des importations originaires de l’Espagne (+5,3 milliards de DH), de l’Italie (+2,3 milliards) et de la France (2,2 milliards). D’autre part, l’analyse par groupe de produits fait ressortir que l’accroissement est expliqué en grande partie par l’augmentation simultanée des importations des demi-produits (+5,7 milliards de DH) et des achats de produits alimentaires (+5,5 milliards). De même, les importations dans le cadre de l’Accord avec le pays de l’Oncle Sam augmentent de 11,9 milliards de DH en 2022 et s’élèvent à 31,5 milliards, sous l’effet des produits énergétiques (21,8 milliards) suivis des produits alimentaires (5,8 milliards). Parallèlement, les importations réalisées dans le cadre de l’Accord de libre-échange avec la Turquie évoluent de 4,6 milliards de DH, soit une hausse similaire à celle enregistrée en 2021. Dans une moindre mesure, cette dynamique concerne également les importations ayant bénéficié du régime préférentiel prévu par l’Accord d’Agadir qui s’établissent à 8,3 milliards de DH en 2022 contre 7,2 milliards un an auparavant. Néanmoins, les marchandises originaires de la zone de libreâÂÂéchange établie avec les pays de l’AELE enregistrent une stabilité en 2022 (2,4 milliards de DH) contre une légère baisse observée en 2021 (-103 millions de DH).
*******************************************************************Le taux de pénétration des importations monte à 44,1%
Le taux de pénétration des importations mesuré par le rapport entre les importations et la demande interne (PIB +importations-exportations) s’établit à 44,1% en 2022 contre 35,6% un an auparavant, soit un gain de 8,5 points. L’effort d’exportation, mesuré par le rapport entre les exportations et le PIB, augmente de 5,8 points et se chiffre à 31,4% en 2022 contre 25,7% en 2021. Par ailleurs, le taux de dépendance qui représente la moyenne des importations et des exportations, rapportée au PIB, enregistre une hausse de 9,4 points : 42,8% en 2022 contre 33,4% l’année auparavant.
Le taux de couverture des importations par les exportations affiche des résultats contrastés. Les taux de couverture des produits finis de consommation et des produits finis d’équipement affichent des hausses respectives de 14,1 points et de 2,7 points, après avoir baissé en 2021. En revanche, après avoir augmenté en 2021, les produits alimentaires, les demi-produits et les produits énergétiques voient leur taux de couverture reculer respectivement de 18,5 points, 4,8 points et 0,3 point. Ils se chiffrent à 86,7, 73,7 et 2,8%. L’évolution à la baisse des taux de couverture est due à une croissance des importations plus soutenue que celle des exportations.
