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Le Maroc dans l’actualité française : Abdelmalek Alaoui pointe un complotisme stupéfiant

Le Maroc dans l’actualité française : Abdelmalek Alaoui pointe un complotisme stupéfiant
Abdelmalek Alaoui.

Le Maroc s’est invité, soudainement, sans prévenir, malgré lui, au centre de l’actualité française dans un emballement médiatique sans précédent, souligne le président de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), Abdelmalek Alaoui. «Peut-être faut-il y voir un paradoxe fondamental : bien que son statut de nouvelle puissance régionale – indiscutable – lui soit souvent dénié, voilà que l’on voudrait prêter au Royaume des pouvoirs au croisement du surnaturel et du prodigieux», écrit M. Alaoui, dans un article mis en ligne par le journal hebdomadaire français «Le Journal du dimanche». «Comme une réminiscence d’une période trouble, les Marocains seraient “partout”, maillons essentiels de tous les pouvoirs occultes de ce monde, manipulateurs de l’ombre», observe-t-il, notant qu’«il y a là une forme de complotisme autorisé assez stupéfiant, comme si la rumeur infâmante suffisait à constituer une preuve de culpabilité». 

Pour l’écrasante majorité de Marocains, cette attitude mâtinée de paternalisme suranné est tout simplement inacceptable et, sur tous les plans, un procès d’intention est trop souvent fait au Royaume, a ajouté l’auteur de l’article. Et de poursuivre : «Bien entendu, les raccourcis condescendants et orientalistes ne sont jamais loin. Et rien n’est épargné au Maroc. Organise-t-il un évènement sportif d’envergure ou un festival que celui-ci devient une “opération d’influence”. Tente-t-il de défendre ses intérêts auprès d’hommes politiques que cette démarche serait nécessairement guidée par les impératifs d’un “agenda obscur”. Fait-il la pédagogie de son projet pour le Sahara qu’il en devient un “ennemi de la liberté”. Exprime-t-il avec force sa volonté que ses partenaires se déterminent clairement en faveur du seul règlement possible de ce différend régional, l’autonomie, qu’il userait de “chantage”. Choisit-il de nouveaux partenaires mondiaux qu’il serait en train de “diversifier ses alliances”. Sur tous les plans, un procès d’intention est trop souvent fait au Royaume».

Le Maroc, écrit-il, est un «pays souverain» qui a une série d’intérêts politiques, économiques, culturels et stratégiques à défendre. «Il le fait avec énergie et sincérité, mais peut-on décemment penser que ses méthodes s’appuieraient sur la manipulation ?» s’interroge-t-il, notant que si tel était le cas, les résultats seraient pour le moins mitigés, tant les campagnes de presse le visant se multiplient, singulièrement ces derniers mois, où, par un curieux alignement des astres, le Royaume a été l’objet de toutes les attentions négatives, suscitant résolutions symboliques européennes, exclusion forcée d’une compétition sportive par l’interdiction de survol du territoire algérien, ou encore couvertures de magazines français dénonçant son «influence» supposée. 

Du côté de la société civile marocaine, cet acharnement prêterait presque à sourire s’il n’était d’une tristesse abyssale, relève le président de l’IMIS, ajoutant que les libertés prises avec les faits et l’expression de la vérité se sont empilées dans un magma incompréhensible. D’autant plus que la plupart des auteurs de ces commentaires ne se sont pas rendus au Maroc depuis près d’une décennie, et livrent donc une analyse où manque l’essentiel: la vision de près, fait-il remarquer. Et d’observer que de manière symptomatique, lors de la dernière élection législative au Maroc en 2022 (…) aucun des grands quotidiens ou hebdomadaires de l’Hexagone n’a jugé bon d’envoyer un correspondant sur place. «Comme s’il était suffisant de parler du Maroc depuis les quais de Seine, alors même qu’il serait juste de s’y rendre pour refléter une réalité autrement plus complexe et nuancée que celle qui est donnée à voir ces derniers temps», poursuit-il. 

Le président de l’IMIS fait également remarquer que le Maroc est un pays où plusieurs milliers d’entreprises françaises sont présentes, sans que ne leur soit imposé ni partenaire local ni rétention de leurs dividendes. Une nation (…) où de nombreux Français de tous les milieux s’installent durablement depuis des décennies le plus normalement du monde. 

Selon lui, les Marocains, dans leur écrasante majorité, ne comprennent donc pas l’attitude française globale à notre égard, alors que notre histoire, comme notre relation contemporaine, nos échanges économiques bilatéraux et nos intérêts communs de défense, notamment au Sahel, sont de nature à établir un partenariat euro-méditerranéen prospère au cours du siècle à venir. Et de préciser que le Maroc est un pays singulier, qui jouit de la stabilité institutionnelle et macro-économique, qui a démontré l’efficience et l’efficacité de son chemin de développement et avec lequel il est possible de bâtir une alliance de nouvelle génération. Dans ce cadre, «les relations franco-marocaines ont besoin de franchise mais aussi d’équilibre», dit-il, soulignant que pour la France, «le plus grand danger n’est pas que les Marocains accroissent leur antagonisme à l’endroit de Paris, mais plutôt que nous devenions durablement indifférents». 

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