La hausse des prix des produits agricoles est le résultat de la conjugaison de plusieurs facteurs endogènes et exogènes, explique Riad Mhamed président de la Chambre d'agriculture de Béni Mellal-Khénifra et membre du CESE. Invité de l’émission «l'Info en Face», M. Mhamed a estimé que la hausse des prix agricoles ne pourrait être imputée à un seul facteur, car elle est le résultat de la conjugaison de plusieurs causes.
L’intervenant relève ainsi la hausse du coût de production en raison de l’augmentation des coûts des intrants sur le plan international (notamment les engrais phosphatés, les machines agricoles et l’alimentation du bétail) observée dès 2021. «Il s’agit d’une inflation importée qui s’est encore accrue et accélérée en 2022 à cause de la guerre en Ukraine», note-t-il, rappelant également le problème de la multiplicité des intermédiaires sur les réseaux de distribution.
Mais, selon Riad Mhamed, le principal facteur derrière la hausse des prix serait sans conteste le dérèglement climatique, dont les prémices ont commencé à se faire sentir depuis 2017 et dont l’impact n’a pas été immédiat sur les prix, «grâce à la contribution du Plan Maroc vert qui a retardé de cinq années la crise relative à la succession des années de sécheresse». «Contrairement aux fausses idées véhiculées ça et là, le Plan Maroc vert a tenu toutes ses promesses et atteint tous les objectifs fixés en 2008 en ce qui concerne toutes les filières et il a joué le rôle de soupape pour maintenir les prix stables», précise M. Mhamed qui tient à rappeler que le Royaume fait partie des 20 pays menacés par le stress hydrique.
Stress hydrique : l'ancien gouvernement en retard dans la réalisation des projets structurants
Au sujet du stress hydrique justement, le président de la Chambre d'agriculture de Béni Mellal-Khénifra déplore le retard accusé par l’ancien gouvernement dans la réalisation des projets structurants devant garantir la protection des ressources hydriques. Il s’agit notamment de la réalisation de la station de dessalement du Grand Casablanca dont l’aménagement était prévu pour 2016, la construction de barrages et l’aménagement de l’autoroute hydrique pour transférer l’eau en excédent du nord au sud. «Ce retard a fait perdre au Maroc des ressources hydriques importantes et a fait que le gouvernement actuel soit contraint de faire des arbitrages et des choix difficiles entre l’approvisionnement de la population en eau potable ou la mobilisation de ses ressources pour l’irrigation. Il était donc tout naturel de donner la priorité à l’approvisionnement en eau potable, ce qui a privé 300.000 hectares de l’eau sur le plan national. C’est normal que les prix flambent conséquemment à la réduction des superficies irriguées», explique le même responsable.
Intervention Royale pour l’accélération de la mise en œuvre du plan d’approvisionnement en eau 2020-2027
Tout en se félicitant de l’intervention de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui a appelé à l’accélération de la mise en œuvre du plan d’approvisionnement en eau 2020-2027, M. Mhamed estime que la réalisation des différents projets inscrits dans le cadre de cette feuille de route permettra de garantir une rationalisation de l’usage de cette ressource vitale. «La mise en service des stations de dessalement de Safi et El Jadida prévue à partir de l’année prochaine permettra par exemple d’économiser 100 millions de mètres cubes qui pourront être réorientés vers l’irrigation» dit-il.
«Il faut être honnête et adopter un discours franc, les prix des produits agricoles continueront à fluctuer tant que les projets hydrauliques structurants n’auront pas été mis en place. Il faudra donc attendre au minimum trois années pour que l’équilibre relatif aux chaînes de production se rétablisse grâce à la mobilisation des ressources hydriques pour irriguer les terrains agricoles. Entretemps, il est urgent d’adopter des mesures urgentes pour protéger le citoyen à travers notamment la restructuration des marchés de gros et la promulgation d’une loi pour lutter contre les différents intermédiaires», conclut M. Mhamed.Lire aussi : Stress hydrique : L’interconnexion des bassins Sebou et Bouregreg finalisée fin juillet (Baitas)
