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Le secteur du BTP traverse toujours une zone de turbulences

Le secteur du bâtiment et travaux publics n’est pas encore sorti de l’ornière. Les répercussions de la crise sanitaire et les pressions inflationnistes sur les intrants et matériaux de construction suite à la guerre en Ukraine, asphyxient les opérateurs BTP dont certains, notamment des PME, ont dû mettre la clé sous la porte, même si l’on n’en saura pas le nombre. La Fédération du secteur revient à la charge pour demander une intervention urgente du Chef du gouvernement pour reconduire sa circulaire qui donne aux opérateurs du secteur la possibilité de résilier les contrats sans que cela donne lieu à rétention des cautions et garanties bancaires.

Le secteur du BTP traverse toujours une zone de turbulences
La FNBTP affirme avoir constaté qu'un certain nombre de maîtres d’ouvrages publics n’auraient «pas fait preuve de la diligence nécessaire dans le traitement des requêtes des entreprises du secteur».

Les opérateurs du bâtiment et travaux publics (BTP) reviennent à la charge pour rappeler à l’Exécutif que leur secteur traverse une dangereuse zone de turbulences. La situation est tellement difficile que des entreprises, particulièrement des PME, ont dû mettre la clé sous la porte. D’autres sont en redressement judiciaire. «Nos entreprises souffrent grandement et continuent à souffrir des répercussions de la pandémie de la Covid et plusieurs d’entre elles ont soit mis la clef sous le paillasson, soit endurent les affres des redressements judiciaires sans parler des mesures coercitives telles que l’exclusion des marchés publics, la perte des qualifications et des classes qu’elles méritent !», affirme Mohammed Mahboub, président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), lors d’un point de presse, le 5 janvier à Rabat. La profession ne livre toutefois pas de statistiques précises sur le nombre d’entreprises qui seraient concernées par les redressements judiciaires, encore moins sur les pertes du secteur en termes de chiffre d’affaires.

Les maux du secteur du BTP 

Si la FNBTP a fait cette nouvelle sortie médiatique, c’est pour vouer aux gémonies certains entreprises et établissements publics qui n’auraient pas appliqué ou mal interprété la fameuse circulaire du chef du gouvernement aux maîtres d’ouvrages publics visant à prendre en compte de la situation du secteur dans la gestion de leurs relations avec les entreprises qui réalisent les ouvrages. Celles-ci, développe Mahboub, n’ont pas seulement dû faire face à la hausse des coûts des intrants et des frais de fret et de transport, mais également, à la désorganisation des chaînes d’approvisionnement, des impacts des restrictions de déplacement. «Cette situation est également exacerbée par la réticence du secteur bancaire, l’insuffisance ou l’inadaptation des mécanismes de révision des prix et la rigidité de beaucoup de maîtres d’ouvrages plus enclins à se prévaloir d’un arsenal réglementant la commande publique largement déséquilibré en défaveur des entreprises et prompts à appliquer les mesures coercitives, pénalités et résiliations», déplore le patron de la FNBTP.

Selon lui, une réflexion préliminaire générale est nécessaire. «Nos entreprises ont la perception de l’existence d’un fossé entre les décideurs politiques gouvernementaux et les décideurs sur le terrain, notamment les maîtres d’ouvrages. Les premiers comprennent nos problèmes et essaient de les résoudre, les seconds s’en tiennent à leurs prérogatives, voire négocient et vident les décisions des premiers responsables publics de leur substance», accuse toujours Mahboub. Dans l’évaluation, la profession affirme avoir constaté un certain nombre de maîtres d’ouvrages publics, notamment des EEP et des organismes relevant des collectivités territoriales, placés sous la tutelle du ministère de l’Intérieur (en particulier les sociétés d’aménagement), qui n’auraient «pas fait preuve de la diligence nécessaire dans le traitement des requêtes des entreprises, voire décident de négocier les acquis de l’esprit et de la lettre de la circulaire». Mahboub rappelle avoir signalé au Chef de l’Exécutif, fin juillet 2022, à quelques jours près de la date de caducité de cette circulaire, que certains donneurs d’ordres, continuent de faire fi des directives préconisées. «Nos entreprises ont été souvent confrontées soit au refus ou à l’absence de réponse de la part des donneurs d’ordres pour leurs requêtes soit à la lenteur dans l’instruction de leurs dossiers», explique le président de la FNBTP.

À l’en croire, les mesures non appliquées concernent notamment la résiliation des marchés en cours sans confiscation des garanties pécuniaires, en raison de l’impossibilité de continuation d’un marché au vu de la persistance de la conjoncture économique exceptionnelle (inflation) et la régularisation, par avenant, des délais d’exécution des marchés en cours. De plus, poursuit Mahboub, certains maîtres d’ouvrages sont même allés jusqu’à introduire des clauses de renonciation dans ces avenants. D’autres ont appliqué des pénalités de retard sur certains chantiers au cours de la période d’application de la circulaire. Sans oublier la «lecture restrictive» des dispositions de la Circulaire à la défaveur de l’entreprise. Suite à la persistance du contexte économique inflationniste et à l’incidence des agissements négatifs de certains maîtres d’ouvrage, la Fédération affirme attendre toujours une réponse favorable à sa requête à l’Exécutif pour la reconduction de la durée de validité de sa Circulaire pour une durée de 6 mois, en veillant à sa bonne application par tous les ordonnateurs publics concernés en introduisant les amendements qui vont éclaircir des dispositions afin de faciliter et uniformiser leur application.

La FNBTP revendique également l’installation de commissions prévues chargées du règlement des litiges. «Certes, nous avons conscience des efforts du gouvernement en faveur de notre secteur comme la réforme du décret des marchés publics qui vient d’être adoptée. Mais, nous sommes également conscients que seule une remise en compte totale du déséquilibre des relations maîtres d’ouvrages-entreprises, permettront une amélioration globale et pérenne de la pratique de la commande publique», souligne le président de la FNBTP. Pour rappel, le secteur du BTP pèse pour près de 60 milliards de dirhams de chiffre d’affaires et représente 6% du PIB national. Il emploie quelque 1,2 million de personnes, soit 10% de la population active.
 

>> Lire aussi : BTP : La croissance du secteur à l’épreuve de l’inflation

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