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Mardi 19 Mars 2024
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Série «Bghit hyatek» : le feuilleton «continue» sur les réseaux sociaux

Série «Bghit hyatek» : le feuilleton «continue» sur les réseaux sociaux

Les séries TV décortiquent bien des problèmes sociaux. Elles traitent d’histoires vécues ou entendues et touchent parfois à des problématiques transformées collectivement en tabous. Néanmoins, l’image reflétée par les séries n’est pas toujours du goût de tous les téléspectateurs. Ce qui crée le débat. C’est le cas de «Bghit hyatek» (Je veux ta vie), une œuvre signée Chaouki El Oufir. Ce feuilleton marocain présenté récemment sur 2M alimente les conversations, notamment sur les réseaux sociaux. Bien après la diffusion du dernier épisode, les internautes continuent de parler des thématiques abordées par le scénario co-écrit par Samia Akariou, Nora Skalli et Jawad Lahlou. «“Bghit Hyatek” représente des fragments de la société marocaine qu’on refuse parfois de voir en face. On y retrouve des personnes qui tendent la main aux autres malgré toutes leurs erreurs et des individus ingrats qui rendent le bien par le mal. Certes, les profils des personnages ne sont pas anodins, mais on sait bien que dans la société marocaine il y a des personnes psychiquement perturbées capables du pire et des adultères qui atomisent la famille», affirme une membre d’un groupe de femmes sur Facebook. Si certains téléspectateurs pensent que «Bghit hyatek» nous plonge dans les abysses de la société marocaine, d’autres attirent l’attention sur le pouvoir d’influence que peut avoir le feuilleton. «La série met en avant des héros intrinsèquement mauvais. Elle comporte également des scènes qu’on ne peut pas voir en famille. Un mari qui trompe sa femme avec la nièce qu’elle considère comme sa fille n’est pas une image habituelle dans notre société. De même qu’une femme qui confie son bébé à la première venue. Ce ne sont pas les bons exemples qu’on voudrait montrer à la jeune génération».

Une série qui implique le télespectateur

«Bghite hyatek» décortique des personnages intrigants dont les tendances pathologiques et les histoires ne laissent pas indifférent. Cette série dont l’intrigue n’est pas seulement de la fiction casse les codes tant par sa réalisation, son rythme, son scénario. Selon une spécialiste en audiovisuelle, «parfois les téléspectateurs sont en état de déni grave et ils sont peut mal à l'aise par rapport au ton franc d’une série ou un film pour dire la méchanceté et la complexité de la nature humaine (et marocaine évidemment)». Même son de cloche auprès de Hayat, une jeune Marocaine fan de la série, «j’aime particulièrement la profondeur des profils psychiques des personnages (ce qui est assez original dans nos feuilletons), la justesse du jeu et la sincérité des acteurs sont parfois même troublant tellement ça semble naturel.

Aussi j'ai adoré la structure du scénario en portraits croisés et comment on oscille entre des psychologies à la fois si différentes et si proches : dans leur fragilité, leur cruauté, leur capacité à faire du mal et à se faire du mal... À nuire et à s'autodétruire... Des êtres humains dans toute leur splendeur». Loin de l’image classique des personnages méchants et gentils, ce feuilleton met à nu le comportement humain capable du bien et du pire. Il nous incite à voir ses anti-héros selon notre propre point de vue et background. L’autre plus de la série qui fait une grande différence selon ses adeptes est lorsque les personnages s'adressent directement au spectateur et se livrent dans une sorte de catharsis. Pour eux, «cette approche du réalisateur est attendrissante. Elle implique le téléspectateur pour devenir protagoniste et complice».

Un scénario qui met la confiance à rude épreuve

Dans «Bghit hyatek», trois personnalités différentes (Siham, Wafae et Basma) veulent réaliser leurs rêves en volant le bonheur d’autres femmes. Dans un acharnement violent, elles détruisent les vies de Fouzia, Sofia et Sara avec une incroyable voracité. Cette série est un intense discernement d’une partie de la société. Elle informe sur l’importance qu’on doit accorder à la santé mentale et à la stabilité psychologique, notamment durant l’enfance. En regardant «Bghit hyatek», on peut s’interroger sur le fond des personnes qui nous entourent : sont-elles dignes de confiance ? Selon des sociologues et psychologues, la confiance n’empêche pas la déception, mais on ne devrait pas vivre dans la suspicion généralisée pour autant. Cette série nous met devant les craintes les plus profondes, nous incite à réfléchir sur la reconnaissance et la satisfaction sans tomber dans la victimisation et le pessimisme. Les épisodes de «Bghit hyatek» enregistrent des millions de vues sur YouTube

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