Que se passe-il au niveau du Conseil de la ville de Casablanca ? Les dissensions entre le Parti de l’Istiqlal (PI) et celui du Rassemblement national des indépendants (RNI) ont de nouveau éclaté au grand jour. Pourtant, les deux partis sont ensemble dans les rangs la majorité communale, constituée également du Parti authenticité et modernité (PAM) et de l’Union constitutionnelle. Jeudi, les travaux de la session extraordinaire du Conseil de la ville ont été suspendus à cause d’une intervention pour le moins houleuse de la conseillère du Parti de l’Istiqlal Fatima-Zahra Afilal. La responsable politique, qui est montée sur l’estrade et a pris la parole sans autorisation, a fustigé la présidente du Conseil, Nabila Rmili, l’accusant de mauvaise gestion de plusieurs dossiers ayant trait à l’urbanisme et la gestion du foncier. La conseillère est allée encore plus loin accusant la maire de corruption et de rente.
En réaction à ces accusations, la présidente de la commune a décidé de suspendre les travaux de la session extraordinaire en attendant que la conseillère se calme et retrouve ses esprits. La maire a entretemps fait appel au soutien des forces de la Protection civile pour évacuer la conseillère de la salle, qui a refusé de quitter l’estrade, malgré les multiples appels au calme formulés par les conseillers présents. La conseillère a finalement été prise en charge par des ambulanciers après avoir perdu conscience.
Parti de l'Istiqlal/RNI : Ce n'est pas la première crise au sein du Conseil de Casablanca
Mais l’épisode de jeudi n’est pas un incident isolé, d’autres sessions avaient connu des querelles entre les conseillers des deux partis. Lors d’une session précédente, le président du groupe istiqlalien au sein du Conseil de la ville, Mustapha Heiker, avait protesté contre sa non-réception d’une invitation pour prendre part aux réunions des commissions relevant du Conseil communal. Contacté par nos soins, pour avoir plus de détails sur cet incident, le conseiller s’est abstenu de tout commentaire.
Si certains observateurs estiment que ces scènes demeurent ordinaires lors des sessions communales, il n’en demeure pas moins qu’elles reflètent le malaise profond existant au sein de cette coalition, particulièrement entre le RNI et le PI.
Comment expliquer les tensions Istiqlal/RNI à Casablanca
Pour comprendre ces tensions, il faut remonter à la date d’élection des membres et des présidents des 16 arrondissements que regroupe la capitale économique du Royaume. Le Parti de l’Istiqlal était le grand perdant de cette opération, puisqu’il n’a pu obtenir aucun siège au niveau de 11 arrondissement sur les 16 existants. Mais ce n’est pas tout, le parti de la balance n’a pu obtenir la présidence d’aucun arrondissement, alors que l’Union constitutionnelle a raflé la présidence de quatre arrondissements, bien que ce parti ne fasse pas partie de la coalition sur le plan national. Même le parti du Mouvement populaire, qui n’est même pas membre de la majorité, avait pu obtenir la présidence d’un arrondissement. Une situation qui a profondément marqué les conseillers du Parti de l'Istiqlal, bien qu’ils continuent de défendre la solidité de la coalition. «La majorité reste unie, malgré les divergences des points de vue pour la mise en œuvre des projets, mais je vous mentirais si je vous disais que l’injustice dont a été victime notre parti ne déteint pas sur les travaux du Conseil communal. Je pense que le temps est arrivé pour que la maire de la ville accepte de s’asseoir et de procéder à une évaluation du rendement de cette majorité pour corriger les dysfonctionnements», souligne Abdelghani Marhani, conseiller du Parti de l’Istiqlal au sein de la commune de Casablanca, dans une déclaration accordée au «Matin». Commentant par ailleurs la réaction de sa collègue au sein du même parti, Fatima-Zahra Afilal, M. Marhani s’est contenté de dire que les déclarations de la conseillère n’engageaient que sa personne et ne reflétaient pas la position du parti, qui est communiquée à travers les messages officiels et les déclarations du président du groupe.
