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Tahar Ben Jelloun invité du Book Club Le Matin pour présenter son roman «Les amants de Casablanca» (1/3)

À l’occasion de la sortie récente de son roman «Les amants de Casablanca», Tahar Ben Jelloun a été l’invité du «Book Club» du «Matin». Une première rencontre casablancaise a inauguré la tournée promotionnelle nationale, en partenariat avec Sochepress Culture & Éducation, distributeur exclusif du roman.

Un public nombreux et attentif a répondu présent à la première des rencontres promotionnelles pour la sortie du dernier roman de Tahar Ben Jelloun. Si l’écrivain multi-primé et moult fois traduit peut toujours compter sur le public casablancais, l’intérêt de ce dernier est décuplé par le titre sulfureux du livre : «Les amants de Casablanca». Aucun doute laissé là-dessus sur la quatrième de couverture : Il s’agit bien d’une radioscopie sans concession des mœurs, des conventions et du faux-semblant de la métropole.

Amour et adultère

Amour, mariage, désamour, adultère, divorce, retrouvailles... font la trame narrative de ce livre. «Les amants de Casablanca» relate le récit de Nabile et Lamia, tous deux rentrés de France après de brillantes études, de condition bourgeoise et socio-économiquement compatibles, qui se retrouvent confrontés à la situation d’adultère. Le scandale est d’autant plus foudroyant que c’est Lamia qui est en faute. Celle-ci ne supporte plus le mensonge et fait éclater la vérité au grand jour, prenant le risque de briser son couple et de stigmatiser sa famille. Inévitable, le divorce met en exergue une triste réalité, longtemps sous-estimée par Nabile : Lamia est plus fortunée que lui, car en plus de son officine pharmaceutique, elle est à la tête de deux usines de médicaments. Elle garde la maison et lui cède, chevaleresquement, une prestation compensatoire qu’il accepte à contrecœur.

Pour l’écrivain, «toute histoire d’amour est un pari sur l’équilibre de l’avenir, parce qu’on ne sait jamais comment les choses vont évoluer». Et d’ajouter : «On confond souvent le mariage et l'amour. Dans certains cas exceptionnels, ils peuvent aller de pair très longtemps. C’est des couples qu’il faut mettre dans les musées. C’est tellement rare !»
Loin d’être pessimiste ou de dénigrer l’institution du mariage, l’auteur rappelle que c’est un contrat social indispensable pour notre société. Il déplore d’ailleurs la désintégration de la cellule familiale en Europe qui est en train de rendre l’âme. Considérant la solidarité familiale comme un socle de la culture marocaine, qu’il souhaite pérenne et stable. Cela étant dit, l’auteur ne nie pas que la famille, chez nous, peut être très intrusive. «Au Maroc lorsqu’un homme et une femme se marient, il y a les familles dans le package. On ne peut ni l’oublier ni l’ignorer. Tout le monde intervient dans tout. La vie du couple n’est pas protégée. Et quand arrive le divorce, les parents s’en mêlent et jugent. Ce sont des familles qui peuvent être toxiques», déplore-t-il.

La fin inéluctable du couple

Grâce à la polyphonie utilisée dans le texte, Tahar Ben Jelloun nous donne à entendre les voix de Nabile et de Lamia. Des contradictions ressortent, car en effet, «on se rend compte à chaque fois, dans tous les couples du monde, que les partenaires ne vivent malheureusement pas la même histoire», explique l’auteur.
Si Nabile se plaint de la trahison, Lamia, elle, lui signifie clairement qu’il a tué le couple en s’endormant dessus. «Il a été négligent, a manqué d’intention alors que le couple est un travail quotidien. À partir du moment où on se dit que c’est acquis, c’est foutu ! Il faut, de part et d’autre, des attentions quotidiennes. Les couples qui fonctionnent sont ceux qui travaillent main dans la main, qui peuvent passer par des moments difficiles, où il y a des attirances vers autre chose», détaille Tahar.
Ces autres choses, ce sont parfois les briseurs de ménage ou les dragueurs professionnels comme Daniel et Hakim. «Daniel est dans la caricature : c’est la Porsche, c’est le fric, la chemise ouverte et la peau bronzée toute l’année : l’expert sexuel par excellence. Hakim, lui, c'est le célibataire endurci qui ne promet rien, qui ne s’attache pas et qui a écrit sur sa porte la fameuse phrase de Tchekhov : «Si vous craignez la solitude ne vous mariez pas».



 

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