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Le taux d'inclusion scolaire des enfants en situation de handicap reste faible

Selon la ministre de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, Awatif Hayar, le Programme national d'éducation inclusive a permis de scolariser plus de 100.000 enfants en situation de handicap, mais le taux d’inclusion reste faible.

 

Le Matin : Comment pouvez-vous évaluer la situation des enfants en situation de handicap au Maroc ? Ont-ils aujourd’hui plus de facilités pour accéder à leurs droits ?
Il faut rappeler en premier lieu que la question de la protection des enfants en situation de handicap au Maroc est envisagée dans un cadre global : celui de la protection de l’enfance. Elle est aussi traitée à travers des programmes qui ont trait à la protection des enfants en situation difficile, et la protection de la famille, en tant que cellule de base de la société, telle que décrite par l’article 32 de la Constitution marocaine.
La situation actuelle des enfants souffrant de handicap au Maroc découle d’un long processus. Grâce aux Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, le Maroc a déployé des efforts considérables en matière de protection et de promotion de l’enfance, en général, notamment à travers la ratification de la Convention relative à la protection des enfants, en tant qu’engagement solennel du Royaume qui a été appuyé, en ce qui concerne les enfants en situation de handicap, par la ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CPDH) en 2009, par laquelle le gouvernement marocain s’est engagé à décliner les principes et les normes internationales de cette convention dans ses politiques et programmes, et d’harmoniser son arsenal juridique avec ses engagements.

Quelles sont les principales actions qui ont été réalisées dernièrement pour promouvoir les droits de ces enfants ?

Le nouveau programme gouvernemental 2021-2026, qui intervient dans un contexte marqué par la dynamique lancée par le nouveau modèle de développement, a inscrit la question du handicap parmi ses priorités, et ce en réservant 500 millions de DH aux associations qui œuvrent dans ce domaine, soit le double du Budget des années précédentes. Ainsi, le ministère de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, fort de cette dynamique, s’est attelé dans sa nouvelle stratégie à déployer les priorités de ce programme dans le domaine du handicap, à travers des actions novatrices et transformatrices, notamment la stratégie «GISSR» (Green Inclusive Smart Social Regeneration), qui a implémenté, cette année, des actions phares en faveur des enfants en situation de handicap. Il s’agit notamment de la facilité d’accès aux services via des plateformes digitales comme «Khadamaty» pour faciliter l’obtention des certificats de handicap. Un budget important de 340 millions de DH a été alloué en 2022 pour la scolarisation de plus de 23.000 enfants en situation de handicap. Le budget de l’inclusion par les AGR (Activités génératrices de revenu) a aussi été renforcé, en allouant 50 millions de DH aux projets portés par des personnes en situation de handicap (PHS). Et près de 80 centres d’orientation et d’aide aux personnes en situation de handicap ont été connectés à internet via la fibre optique et ont été réhabilités.

Quels sont les obstacles à franchir pour permettre aux enfants en situation de handicap de jouir pleinement de leurs droits ?

Malgré les avancées considérables réalisées dans la promotion de la situation des personnes en situation de handicap, de multiples obstacles et des résistances au changement subsistent encore et empêchent les enfants en situation de handicap de jouir pleinement de leurs droits. D’une manière générale, on peut dire qu’ils sont d’ordre structurel, légal ou sociétal.
Au niveau structurel, cet aspect a trait au manque de recensement fiable du nombre et localisation des personnes en situation de handicap, pour les intégrer et leur offrir des services adaptés. Ceci va certainement s’améliorer avec le Registre social unifié (RSU), l’adoption du nouveau système d’évaluation du handicap mis en place par le ministère, et la Carte de handicap qui est dans la phase du circuit d’adoption, ainsi que les futurs programmes de la protection sociale.
Les obstacles d’ordre légal touchent aux textes juridiques relatifs qui nécessitent une harmonisation à la lumière des conventions internationales ratifiées par le Maroc, et aussi, la mise en place des conventions avec le secteur privé pour assurer une insertion pérenne et plus d’opportunités d’emploi pour les personnes en situation de handicap.
Enfin, des obstacles sociétaux persistent encore. Ils sont liés aux stéréotypes sur le handicap, en général. Ils se basent sur une méconnaissance des capacités fonctionnelles des PSH, notamment leur capacité de scolarisation si le handicap est détecté assez tôt et la prise en charge est assurée dès le diagnostic.

S’agissant du droit d’accès à l’éducation ou «l’éducation inclusive» quels sont les progrès que le Maroc a réalisés depuis l’adoption du Programme national de l’éducation inclusive ?

Le Programme national de l’éducation inclusive, mis en œuvre par le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et du sport, en partenariat avec le ministère de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, et le ministère de la Santé et de la protection sociale, constitue un changement structurel du système éducatif marocain. Il a permis de former des accompagnateurs/AVS (aides à la vie scolaire), de réaliser des campagnes de diagnostic précoce des différents types de handicap, d’augmenter le nombre des salles ressources dans les établissements scolaires, et il a surtout permis à plus d’enfants en situation de handicap d’intégrer le système scolaire.
En termes quantitatifs, le programme a permis la scolarisation de 100.000 enfants en situation de handicap dans les classes dites ordinaires et la mise en place de 1.200 salles ressources. On parle d’un total de 3.200 écoles inclusives sur 7.700. Ceci dit, le taux d’inclusion reste faible, c’est pour cela que le ministère de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille vise, en 2023, à renforcer l’accompagnement des associations œuvrant dans le domaine de la scolarisation des enfants en situation de handicap, pour augmenter le taux d’insertion des centres spécialisés vers les établissements scolaires. Et dans ce sens, une convention sera signée incessamment avec le ministère de l’Éducation nationale et du préscolaire.

Quelles sont les actions menées par votre département pour la promotion des droits des enfants en situation de handicap ?

Le ministère de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille est en charge de missions transversales qui lui permettent de coordonner et de collaborer l’action gouvernementale pour la promotion et la protection des droits des PSH. Dans ce cadre, le ministère a initié des chantiers structurels qui nécessitent l’adhésion de tous les acteurs, et œuvre en étroite collaboration avec les départements ministériels concernés, la société civile, et les acteurs territoriaux, notamment les collectivités territoriales, sur plusieurs chantiers stratégiques. Il s’agit d’abord de l’augmentation du nombre d'enfants en situation de handicap scolarisés en renforçant l’appui et l’accompagnement aux associations œuvrant dans ce domaine. Nous œuvrons également pour l’instauration d’un nouveau système d’évaluation du handicap, qui permettra d’octroyer la Carte de PSH. Ceci nous permettra de disposer d’une base de données détaillée pour mieux orienter les politiques publiques pour plus d’efficacité et d’efficience. Le ministère travaille ainsi sur l’élargissement du ciblage grâce au RSU et à la digitalisation des centres spécialisés des PSH et leur généralisation dans le monde rural. Il est également prévu de mettre en place des centres médico-sociaux référents dans toutes les régions. Ces centres vont offrir des services médicaux et sociaux aux PSH dans un environnement dédié.
Il sera également procédé à la mise à niveau des Établissements de protection sociale (EPS), à travers l’équipement et l’aménagement, la mise en place de normes qualité et également la formation des dirigeants et professionnelles œuvrant dans ces établissements. Plusieurs efforts sont aussi fournis pour l’intégration professionnelle des PSH dans le secteur public et privé et la promotion des AGR, dans le cadre du programme «GISSR».
Enfin, nous souhaitons renforcer le partenariat avec la société civile, comme choix stratégique de déclinaison de la politique publique intégrée pour la protection des droits des personnes en situation de handicap, et du plan gouvernemental 2021-2026 qui prévoit l’appui des associations ouvrant dans le domaine de l’enfance, en général, et de l’enfance en situation du handicap, en particulier.

Lire aussi : Handicap : le projet de la carte spéciale en cours de validation (Hayar)

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