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Taxe carbone : le Maroc en position favorable

Le «mécanisme d'ajustement carbone aux frontiéres», plus connu sous l’appellation de «taxe carbone», est-il une opportunité ou une contrainte pour l'industrie marocaine ? Sans aucun doute, il y a là  une opportunité, et de taille. Le Maroc, grâce à  sa politique volontariste de transition vers les énergies renouvelables, est aujourd'hui en mesure de recueillir les fruits d'un travail de longue haleine en ce domaine.

À partir du 1er octobre 2023, la taxe carbone aux frontières de l'Union européenne sera introduite dans le cadre d'une première étape transitoire et concernera les importations du fer et de l'acier, du ciment, de l'aluminium, des engrais, de l'électricité et de l'hydrogène. Pendant cette période, les importateurs seront simplement tenus de déclarer les émissions liées à la production du produit importé. Mais la taxe elle-même ne sera effective qu'à partir du 1er janvier 2026. Grand partenaire de l'UE, le Maroc aurait-il des raisons de se soucier des répercussions de ce nouveau dispositif sur son industrie ? Suivant les avis des intervenants au ftour-débat organisé par «Finances News» sous le thème «Taxe carbone : contrainte ou opportunité pour le Maroc», cette taxe constituera plutôt une opportunité pour le Maroc qui, comparativement à d'autres concurrents actifs sur le marché européen, y est bien préparé.

Taxe carbone : une énorme opportunité pour le Maroc

S’exprimant à l'ouverture de cette rencontre-débat, le ministre de l'Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, est formel : cette taxe carbone aux frontières de l'UE est une énorme opportunité pour le Maroc. Aux interrogations portant sur la proportion dans laquelle une telle taxe réduira la demande mondiale adressée au Maroc et, corrélativement, le nombre d'emplois que son introduction va nous coûter, le ministre répond en affirmant qu'au contraire, ce nouveau mécanisme est lui-même porteur de beaucoup d'emplois pour le Maroc. Pourquoi ? «C'est très simple, ça élimine les concurrents, et non des moindres, qui n’ont pas les mêmes atouts que le Maroc», explique M. Mezzour. «Ce mécanisme d'ajustement carbone aux frontières ne concerne malheureusement que six produits. S'il en concernait davantage, nous gagnerions plus de parts de marché», affirme le ministre. «Notre industrie se développe à une vitesse presque exponentielle. Nous avons fait +35% l'année dernière en termes d'exportations. Vous me direz que c'est l'effet prix, mais cela ne concerne que les fertilisants. Tout le reste, c'est l'effet volume», a-t-il fait savoir.

«Ce mécanisme d'ajustement carbone aux frontières, cet «Inflation-reduction-act» des Américains, qui est encore plus puissant et important, et la réaction des Européens à celui-ci, qui prendra du temps, mais qui va être mise en place, est la meilleure opportunité qui soit et nous savons comment jouer nos cartes au bon moment, ni trop tôt, ni trop tard, avec la bonne force et intelligence», souligne M. Mezzour. Et d’ajouter : «Nous avons aujourd'hui une responsabilité sur laquelle nous travaillons commodité par commodité pour faire en sorte que notre pays, grâce à cette opportunité, puisse changer de palier et sortir de la trappe des pays en voie de développement».

Le Maroc récolte les fruits de sa stratégie en faveur des énergies renouvelables

Même son de cloche chez le directeur général de l'Agence marocaine pour l'efficacité énergétique (AMEE), Saïd Mouline, qui voit dans cette «contrainte» de la taxe carbone une «opportunité» pour le Maroc, pays qui a la chance d'avoir une stratégie de développement durable et une Vision Royale en matière d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique. «Ce problème de décarbonation, si l'on considère qu'il y a un problème, se révèle être une opportunité pour notre pays, car il y a un potentiel exceptionnel lié aux énergies renouvelables, mais pas seulement». «Décarboner consiste à réduire la consommation d'énergie issue de sources polluantes, utiliser des énergies renouvelables, réduire le gaspillage de l'eau, réduire les matières premières utilisées, réutiliser les déchets et, enfin, compenser le carbone lorsqu'il y a encore des émissions. Et en la matière, nous avons des cas d'école dans notre pays», affirme le DG de l’AMEE, indiquant qu’«aujourd’hui, tous les grands consommateurs d’énergie, tels les acteurs des industries du ciment, de la sidérurgie, des mines ou l’ONCF, utilisent tous des énergies renouvelables en priorités et moins chères». Et de poursuivre : «nous sommes dans un modèle économique. C'est pourquoi il s'agit d'une opportunité. Le modèle économique est là parce qu'il y a eu cette vision et que nous avons pu développer de grands projets d'énergie renouvelable qui ont prouvé leur intérêt et leur modèle économique».

Taxe carbone : les industriels marocains sereins

En ce qui concerne les industriels, le ton est résolument positif. Tout en évoquant quelques soucis d'ordre technique et financier, ils font part de leur volonté de décarboner leurs activités et de tirer avantage de l’introduction de la taxe carbone aux frontières de l'UE. Ainsi, indique le directeur général de la Sonasid, Ismaïl Akalay, «l’acier est parmi les secteurs qui vont subir la taxe carbone. Nous n’avions jamais, ou très peu, exporté vers l’Europe avant, mais avec les nouveaux produits que la Sonasid est en train de développer, le marché européen devient important». «Nous produisons de l’acier à plus de 90% d’énergies renouvelables et nous avons une certification en cours pour être capables l’année prochaine de présenter un certificat audité qui prouve que nous faisons une économie de 250.000 tonnes de carbone qui nous permettra d’être exonérés de cette taxe», s’est-il félicité.

Le directeur général de Taqa Maroc, Omar Alaoui M'hamdi, assure, quant à lui, que le Maroc est en mesure de produire suffisamment d'énergie décarbonée pour répondre aux besoins de l'industrie nationale. «Le Maroc a des atouts majeurs pour décarboner son mix énergétique. Nous avons une capacité éolienne et solaire installée qui va nous permettre d’être très compétitifs à l’export. Mieux encore, nous sommes proches d’un marché majeur, ce qui nous donne la possibilité de devenir un exportateur d’énergie verte à l’avenir au lieu d’un importateur d’énergie fossile», se réjouit le DG de Taqa Maroc.

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